Des siècles, des années-lumière, de la vie.
Une des premières dates d'un futur lointain indiquée explicitement et avec précision dans une oeuvre de science-fiction est l'année 802 701 dans La Machine à explorer le temps de H. G. Wells. Sébastien Mercier avait indiqué un millésime dans son roman L'An 2440, rêve s'il en fut jamais publié en 1771. 1984 de George Orwell donna en 1949 une mordante anti-utopie. Alors que les récits placés dans un avenir proche avaient souvent l'allure d'un avertissement, ceux qui parlaient d'un futur lointain prenaient habituellement le caractère de spéculations auxquelles les auteurs ne cherchaient guère à attacher de message moral ou autre. Quel que soit le point de vue choisi, l'auteur qui se propose de raconter une histoire se déroulant dans un avenir lointain doit faire sentir à son lecteur les différences qui séparent l'époque évoquée du présent. Parmi les postulats des auteurs, l'apparence et la psychologie de notre espèce resteront inchangées ou pratiquement inchangées au cours des millénaires. E. E. Smith publia en 1928 The Skylark of space. Ce roman possède une importance historique considérable car c'est de son impact que sont nés tous les récits dans lesquels des hommes explorent des astres étrangers à notre système planétaire. Dans l'histoire de l'humanité, la période au cours de laquelle cette humanité a eu une conscience cosmique ne représente qu'une très faible fraction : quelques dizaines de siècles sur un million d'années. Un contact d'échanges entre humains et extraterrestres galactiques implique presque nécessairement une scène se déroulant dans un lointain avenir : il faut que les civilisations en présence, très éloignés dans le temps par la naissance, aient eu le temps d'acquérir la maturité qui leur permettra de se reconnaître, au moins en partie, pour ce qu'elles sont.
Le Dernier Terrien (Lester del Rey).
Le vieil Herndon grignotait avec un sourire gourmand qu'on ne lui avait pas vu depuis bien longtemps. Les signes d'une mort prochaine creusaient profondément ses traits émaciés. Il fit place à Egon tout en coupant son poisson avec une fourchette de bois de saule. Egon soupira en pensant aux cités sous abri et leurs habitants dont la civilisation précédait de 10 siècles les plus grands progrès accomplis par les Terriens. La planète Dale ne s'était jamais montrée généreuse, pas plus que les autres planètes colonisées. Elle avait tué les semences apportées par l'homme avant que celui-ci eût pu trouver le moyen de les adapter. Les plantes indigènes empoisonnaient ceux qui essayaient de les consommer. Il fallait recourir à des aliments synthétiques.
20 ans s'étaient écoulés depuis le jour où Egon avait pu se dégager des débris de son petit vaisseau de reconnaissance. Herndon regarda vers l'arrière, contemplant le sillage tracé par la petite barque qui bondissait sur les vagues au bout de sa remorque.
Il demanda à Egon si les hommes avaient oublié la Terre et avaient perdu le souvenir du monde où leur race était née. Egon expliqua pour la centième fois peut-être qu'une légende parlait d'une mère-planète qui avait été détruite. Ses coordonnées avaient été perdues dans les premiers siècles de colonisation des nouveaux mondes. Egon croyait déjà reconnaître les ruines de l'Ember Stake qui émergeaient de cette mer qui l'avait englouti jadis. Herndon racontait des bribes du passé à Cala qui restait silencieuse. 10 siècles plus tôt, une découverte capitale avait permis d'atteindre des vitesses supérieures à celle de la lumière. Les voyages spatiaux étaient devenus plus faciles que celui d'une fusée envoyée vers la Lune. 1 million de colons partirent pour les astres en moins de 20 ans et ce fut le début du Grand Âge.
Il prit fin bientôt à cause d'un conflit mondial qui modifia définitivement les climats. Les glaces polaires fondirent et les anciennes côtes des continents se trouvèrent à 100 m au-dessous du niveau de la mer. Contrairement aux légendes de Dale, la Terre survécut. Presque tous les êtres vivants se perpétuèrent sauf les hommes qui vinrent à manquer. Il ne restait plus que quelque dizaines de milliers d'humains qui se rassemblèrent pour tenter un nouveau départ. Mais l'espèce humaine avait subi une mutation dont on ne comprit les effets que peu à peu lorsque les femmes mirent au monde de trop rares enfants viables.
Quand Egon arriva, il ne restait que neuf adultes et une fillette nommée Cala pour l'accueillir. À présent, il n'y avait plus que Cala. Egon voyait les sommets d'autres maisons géantes qui dominaient jadis une cité appelée New York. Cala se mit à faire des génuflexions. C'était la marque de respect traditionnelle due au Gardiens et elle ne semblait pas se rendre compte que le vieillard assis auprès d'elle était justement l'homme vivant si longtemps adoré par les siens. Herndon était le dormeur laissé par les savants pour survivre à l'holocauste, celui qui devait sortir un jour de son hibernation, tout en haut de l'Ember Stake pour rendre à la race humaine sa gloire passée. Il avait dormi 10 siècles jusqu'au jour où Egon, accompagnant le pèlerinage annuel, avait découvert et réparé le mécanisme défaillant. Herndon regagnait son ancien lieu de repos mais seulement pour mourir. Il était le dernier Terrien assis à côté d'une femme stérile. Egon arrêta le propulseur et laissa la pirogue continuer puis s'immobiliser à peu de distance de la tour en ruine. Il demanda à Cala de passer la première.
Elle enjamba aussitôt le bord de la pirogue en serrant précieusement le paquet où elle avait mis ses offrandes. Elle pénétra à l'intérieur de l'Ember Stake. Elle récita les invocations silencieuses et sembla mettre une éternité à franchir la moitié de la distance. Egon plongea pour trouver de quoi manger. L'océan était riche. Un moment plus tard, il se hissa dans la pirogue avec une belle pièce. Herndon poussa un cri. Il venait de voir un vaisseau spatial, un transport de pionniers, ici, sur la Terre. Le vieillard regarda le sommet de la tour. Là-haut, quelque chose remuait. Les propulseurs du vaisseau exposèrent tout à coup en projetant des fragments de métal dans toutes les directions. Le vaisseau amorça un mouvement de glissade vers la mer avant que les petits réacteurs atmosphériques aient eu le temps d'intervenir.
Le vaisseau était muni d'un destructeur automatique prévu pour repérer et viser n'importe quel moteur à énergie matérielle. Egon comprit soudain ce qui avait causé la perte de son propre vaisseau. Il savait donc par expérience personnelle que l'arme cachée était inoffensive pour les êtres vivants. Alors il amarrera la pirogue à la hâte et sauta dans la brèche de l'Ember Stake. Il cria à Herndon d'attendre mais le vieillard le suivit. Il déboucha dans la Chambre du Gardien. Ce fut à cet instant précis que le vaisseau spatial toucha la surface. Le vaisseau flottant dans l'eau. En les fours à des jumelles dans les mains. Il put voir des radeaux pneumatiques que l'on mettait à la mer et des minuscules silhouettes sortirent par le sas. Quand le vaisseau sombra, il y avait une vingtaine d'embarcations qui faisaient force de rames pour atteindre la terre vers le Nord. Le vieillard eut le temps de dire : « Dieu soit loué ! » Et il mourut. Il s'était effondré contre la machine dont le mécanisme l'avait conservé en hibernation pendant 10 siècles. Cala venait de les rejoindre et ses yeux fixes exprimèrent la douleur et le doute. Egon commença d'introduire le défunt dans le sarcophage-hibernateur. Puis Cala sortit à reculons de la salle. Il la rejoignit. Il ne songea plus qu'aux radeaux et aux hommes qui s'y étaient réfugiés alors il obligea Cala à regagner la pirogue. Cala se pencha tout à coup pour repêcher un des vestiges laissés par les hommes en radeaux. Il s'agissait d'un sac en plastique dans lequel se trouvait un petit livre d'images en couleur. Les images représentaient des scènes de la vie sur Dale. La planète ne semblait plus la même. On aurait dit que les gens étaient plus chétifs et plus tristes. Egon comprit son erreur. En 20 ans, ses images mentales s'étaient déformées. Il avait ajouté des barbes et des muscles saillants à l'aspect des amis dont il gardait le souvenir, influencé par les conditions de vie qu'il avait été obligé d'accepter sur Terre. Cala feuilleta le livre puis le lança par-dessus bord. Ils regagnèrent la plage. Naturellement, il n'y avait aucune trace des radeaux. Les courants avaient dû les faire dériver à un bon mille de l'abri de Cala et d’Egon. Egon se saisit de son arc que pour tuer un chevreuil. Il chargea le lourd fardeau sur ses épaules et repartit d'un pas rapide.
Les hommes du spationef étaient campés là où ils l'avaient prévu. Il y avait une centaine de pionniers et 200 femmes pour fonder une colonie sur une planète lointaine. Il venait tous de Dale. Aucun ne repéra Egon et Cala. Ils semblaient avoir déjà renoncé à lutter. Mais un petit nombre, dont certains en uniforme, avaient allumé un maigre feu. Ce fut vers le qu'Egon se dirigea. Il passa entre les premiers groupes pour arriver devant un homme en vareuse de capitaine qui s'était mis debout à son approche. Il lui offrit le chevreuil qu'il avait tué. Il lui dit que Cala lui montrerait comment faire rôtir la viande. Il lui annonça qu'il ne risquait pas de mourir de faim sur cette planète. Le capitaine demanda à Egon ce quelle planète il se trouvait et qui il était. Egon répondit qu'ils étaient sur la Terre et quant à lui, il se présenta comme le dernier Terrien. Il souhaita la bienvenue aux pionniers sur leur mère-planète.
L'ultime rencontre (Harry Harrison).
1
Hautamaki était le maître de vaisseau il prenait toutes les décisions. Il venait de poser le vaisseau sur un affleurement rocheux. Tjond avait pensé qu'ils auraient pu se poser plus près du glacier. Il y avait une balise-radio sur cette planète inhabitée, dans cette région. Tjond devait être là lorsque la balise-radio serait découverte. Il était difficile de penser que ce pût être autre chose qu'une balise humaine. Elle n'avait pas l'habitude de ce genre d'effort physique. Elle avait besoin de se reposer. Elle était encordée entre les deux hommes et, lorsqu'elle s'arrêtait, les hommes s'arrêtaient tous. Hautamaki perçut la traction sur la corde et se retourna pour regarder Tjond avec mépris. Pour lui, ça avait été la plus dure expérience de sa vie. Quand les deux étrangers avaient franchi la passerelle du vaisseau, il avait ressenti comme une offense. C'était son vaisseau, à lui et à Kiiskinen. Mais Kiiskinen était mort et leur enfant était mort avant d'avoir été conçu parce que Kiiskinen avait disparu. Il lui restait le travail. Ils étaient à peine à mi-chemin de leur parcours de surveillance lorsque l'accident s'était produit. Il avait donc demandé des instructions et on lui avait envoyé un autre équipage de surveillance inexpérimenté et maladroit. Ils attendaient leur première mission. Mais c'était un couple et lui n'était que la moitié d'un couple. Ils auraient été les bienvenus si Kiiskinen avait été encore là. À présent, Hautamaki les maudissait. L'homme apparut le premier et se présenta. Il s'appelait Gulyas. Il présenta sa femme, Tjond. Elle avait rougi en découvrant qu'Hautamaki était complètement nu. Hautamaki était surpris. Une femme ! Il en avait vu auparavant sur diverses planètes. Il lui était même arrivé de leur parler. Mais il n'aurait jamais cru en voir une à bord, un jour. Il les trouvait laides avec leur corps bouffi. Il ne trouvait pas étonnant que sur les autres mondes chacun porte des vêtements. Il était nécessaire de dissimuler toute cette graisse en excédent. Gulyas avait ri. Il était étonné que sa femme soit choquée par la nudité. Gulyas et sa femme étaient mariés depuis six jours et 19 heures standard.
2
Dès qu'ils furent au milieu du glacier, la marche devint plus facile sur la neige tassée.
Ils atteignirent la base de l'aiguille rocheuse. Tjong trouvait que c'était trop aux est impossible à grimper. Hautamaki rappela qu'il ne fallait aucune source de radiation à proximité de l'appareil jusqu'à ce qu'ils aient déterminé exactement sa nature. Il leur fallait donc grimper sans graviluge. Tjond se mit à pleurer de désespoir. Son mari lui dit qu'il lui enverrait une corde dès que lui et Hautamaki seraient arrivés au sommet. Gulyas parvint à la hisser. Arrivé en haut, elle comprit que c'était la force d'Hautamaki qui l'avait montée si rapidement, et non pas son mari. Elle avait voulu le remercier mais il l'avait interrompue. Il pivota sur ses talons et, d'un pas décidé, se dirigea vers l'affleurement rocheux où se trouvait la machine. Il resta près de la machine durant de longues minutes. Puis il appela Gulyas et sa femme. Il y avait dans sa voix une note d'émotion.
La machine était composée d'une structure centrale, une demi-sphère de métal jaunâtre étroitement fixée au sol. Desbrascourts en sortaient pourvus d'appendices dirigés vers le ciel. Un câble de la grosseur d'un bras sortait de la demi-sphère. Il courait sur le sol jusqu'à une saillie rocheuse. Le bras devenait subitement droit et montait dans le ciel au-dessus de leurs têtes. Gulyas devina que c'était l'antenne qui émettait les signaux qu'ils avaient captés en entrant dans ce système.
Tjond avait deviné que les choses pointées vers le ciel ressemblaient à un télescope. Elle avait raison. Hautamaki remarqua que le télescope se déplaçait lentement. Il prit un analyseur multiple-radiations dans une boîte et revint le placer devant l'appareil. Il constata qu'un des tubes percevait l'ultraviolet et un autre l'infrarouge. Des plaques métalliques concentraient les ondes radio. Tjond avait émis l'hypothèse que cet appareil était conçu pour des yeux non humains. Leur quête était finie. L'humanité n'était pas seule dans l'univers. Mais Hautamaki ne voulait pas tirer des conclusions hâtives. Mais Gulyas avait constaté que l'appareil était conçu avec un alliage inconnu et qu'il se trouvait actuellement dans une portion d'espace qui n'avait jamais été visité auparavant. Tjond avait découvert une série de caractères gravés sur l'antenne de l'appareil. Ce n'était pas des caractères humains. Elle le savait car elle avait étudié la philologie comparée.
Finalement Hautamaki sourit. Puis il sortit de son sac de nouveaux instruments d'examen. Il remarqua que le mouvement des télescopes allait à l'encontre du sens de rotation planétaire et à la même vitesse. Cela signifiait que les télescopes étaient braqués sur une étoile. La machine fut photographiée est examinée sous tous les angles. Ils attendirent la nuit pour apercevoir les étoiles dans le ciel. Les télescopes étaient braqués sur une étoile de septième magnitude, isolée au bord de la galaxie. Ils décidèrent de s'y rendre.
3
Hautamaki envoya un message à la station-relais la plus proche. Ils analysèrent le métal de l'appareil qu'ils avaient emporté. Ils étaient persuadés qu'ils allaient établir le premier contact avec une race étrangère. Le repas à bord prit une allure de fête et Hautamaki fut assez tolérant pour autoriser d'autres alcools que le vin. Hautamaki voulut porter un toast à Kiiskinen. Gulyas avait lu les rapports et il était au courant du drame, toujours présent dans l'esprit de Hautamaki. Hautamaki avait vécu 12 ans dans son vaisseau avec Kiiskinen. Tjond lui demanda s'ils avaient eu des enfants. Gulyas lui reprocha sa curiosité.
Hautamaki répondit qu'il comprenait son intérêt bien naturel. Il lui dit aussi qu'eux, les hommes, n'habitaient guère plus d'une douzaine de planètes et il imaginait que leurs coutumes leur semblaient assez curieuses. Il pensait que s'il devait y avoir quelque embarras c'était bien de leur côté uniquement. En effet, le fait d'être deux sexes pouvait les embarrasser. Il demanda à Gulyas s'il embrasserait sa femme en public. Alors Gulyas le fit. Hautamaki il expliqua à Gulyas que son peuple éprouvait la même chose et parfois agissait de même bien que leur société ne comportait qu'un seul sexe. C'était le résultat naturel d'une ectogenèse. Mais Tjond rétorqua que ce n'était pas naturel. L’ectogenèse nécessitait un ovule fertile et une société entièrement mâle n'était pas naturelle. Hautamaki répondit que tout être vivant loin de la Terre vivait dans un milieu non naturel et dans ces conditions l'ectogenèse n'était pas moins naturelle que le fait de vivre dans une coque de métal à l'intérieur d'une projection irréelle de l'espace-temps. L'ectogenèse combinait le plasma du germe de deux cellules mâles plutôt que celui d'un ovule et d'un spermatozoïde et pour lui ce n'était pas plus choquant que les vestiges de seins. En effet, les seins des femmes avaient perdu leur fonction et dégénéraient donc. Tjond s'énerva. Alors Hautamaki lui dit que les hommes valaient mieux que son espèce. Puis il quitta la pièce. Tjond demeura dans sa cabine pendant presque une semaine après cette soirée. Elle travaillait sur les caractères étrangers trouvés sur la machine pendant que Gulyas lui apportait ses repas. Hautamaki ne parlait jamais des événements et il interrompit Gulyas lorsque celui-ci essaya d'excuser sa femme. Il reprit néanmoins son ancienne habitude de ne parler qu'à Gulyas sans jamais s'adresser à Tjond. Elle était étonnée qu'Hautamaki ait des sourcils et des cheveux. Elle trouvait cela répugnant. Elle parvient avec son mari que les Hommes étaient hirsutes à cause de leurs gènes. Hautamaki leur annonça qu'ils allaient bientôt sortir dans l'espace normal et qu'il y avait de fortes chances pour qu'ils rencontrent les étrangers qui avaient construit la balise. Il était persuadé que cette race recherchait un contact et non la conquête. Il pensait que la balise laissée par cette race servait à attirer l'attention sur une seule étoile. Comme une sorte de rendez-vous. Gulyas pensait que cela ne prouvait pas leurs intentions pacifiques et que cela pouvait être un piège.
Hautamaki voulait garder l'hypothèse que ce peuple était pacifique. Il avait donc désarmé son vaisseau. Il leur demanda d'abandonner leurs armes personnelles. Tjond était en colère car il avait risqué leur vie sans les avoir consultés. Il répondit qu'en entrant dans le Service et en prêtant serment, ils avaient risqué leur vie. Il devait donc obéir à ses ordres. Il leur expliqua que si les Hommes étaient nus ce n'étaient pas pour une raison perverse. Ils avaient abandonné les vêtements en signe de complète communion avec leur milieu. C'était un acte pratique et symbolique en même temps. Si les étrangers désiraient les tuer, Hautamaki leur donnerait toutes les chances de le faire. Mais les représailles suivraient. Si les étrangers n'avaient pas d'intentions belliqueuses alors le contact serait pacifique. Il ne voulait pas expliquer à Gulyas et à sa femme l'importance énorme d'un tel contact.
Le moment du retour à l'espace normal approchait. Hautamaki, Gulyas et Tjond se trouvaient tous dans le poste de contrôle. Devant, il y avait un puits de ténèbres où brillait une étoile solitaire. L'image de l'étoile scintillante était irréelle. Au centre, l'astre lui-même était normal. Mais on ne pouvait pas expliquer les trois anneaux qui l'entouraient et se croisaient. Ils avaient la dimension d'une orbite planétaire. Leur construction avait dû être un travail incroyable. On pouvait voir des lueurs colorées sur ces anneaux. Hautamaki pensait que ce devait être une balise. Gulyas se demandait pourquoi cette civilisation n'avait pas construit une flotte d'exploration. Pourquoi n'avait-elle pas pris contact avec eux au lieu de chercher à les attirer.
4
Cette fois, lorsqu'ils eurent fait le bon, les cercles lumineux occupaient tous les hublots. Le son éclata soudain sur plusieurs fréquences. Une image apparut sur l'écran. L'être qui apparaissait sur l'écran les regardait avec intensité. Il était absolument humanoïde. Il possédait trois longs doigts palmés, avec un pouce opposable. Il était vêtu de telle façon qu'aucun détail physique ne pouvait apparaître. Son visage était de couleur dorée avec des yeux larges. Il n'avait pas de cheveux. Son nez était large et cassé, sa lèvre supérieure très mince. Cela lui conférait une apparence sinistre. Sa voix était haut perchée. Hautamaki le salua et lui dit qu'ils étaient venus en paix. Sur un des écrans, ils aperçurent le planétoïde dont ils approchaient. Des appareils trapus et tubulaires étaient visibles. Ces appareils ressemblaient à des armes de gros calibre et étaient braqués sur le vaisseau qui approchait. Hautamaki stoppa le mouvement du vaisseau. Hautamaki fit des gestes pour faire comprendre à l'humanoïde qu'ils étaient venus sans armes. L'humanoïde répéta les mêmes gestes. L'étranger avait quitté l'écran. Il reparut, tenant avec aisance une sorte de sphère de métal. De cette sphère, sortait un tuyau muni d'un levier que l'étranger pressa. Hautamaki et ses coéquipiers perçurent un sifflement. L'étranger continua de presser le levier jusqu'à ce que le sifflement s'éteigne.
Hautamaki comprit qu'il y avait un échantillon de leur atmosphère dans ce réservoir. Aucun mécanisme de propulsion n'était visible sur la sphère. Pourtant, elle s'élança vers le vaisseau, en orbite au-dessus du planétoïde doré. Hautamaki en déduit qu'il s'agissait d'une sorte de rayon de force. Puis il ouvrit la porte extérieure de la grande écoutille. La sphère se posa doucement sur le pont. Hautamaki ordonna à Gulyas de prendre une paire de gants stériles pour emmener la sphère au laboratoire. Les analyseurs se mirent au travail sur l'échantillon d'être étranger. L'air était irrespirable pour des humains. Il y avait de l'oxygène avec des composants sulfurés. L'étranger avait disparu. À sa place, apparaissait maintenant une image de l'espace. Un dôme transparent remplt l'écran. Un autre étranger apparut. Il se trouvait dans une salle de conférence. Hautamaki décida de s'y rendre. Tjond lui dit que c'était risqué. Cela fit rire Hautamaki. Il était persuadé que ce n'était pas un piège et de toute façon ils n'auraient aucun moyen de s'échapper. Gulyas et sa femme virent Hautamaki franchir doucement la porte du dôme. Hautamaki remarqua que les étrangers avaient pressurisé la pièce. Il ôta son masque. L'air était devenu parfaitement respirable.
L'étranger attendait de l'autre côté. Hautamaki s'avança vers lui. Ils étaient à peu près de même grandeur. L'étranger posa sa paume plate contre la paroi transparente et Hautamaki l'imita. Ils étaient tout près l'un de l'autre, séparés seulement par 1 cm de matière. L'étranger marcha jusqu'à une table encombrée d'objets divers. Il prononça le mot « kilt » pour montrer ce qui ressemblait à un fragment de pierre. À cet instant seulement, Hautamaki aperçut la table qui se trouvait de son côté. Dessus, il y avait les mêmes objets que sur l'autre table et le premier était un morceau de pierre ordinaire qu'il saisit. Alors, il prononça le mot « Pierre ». Puis il demanda à ses coéquipiers d'enregistrer ce moment séparément car il s'agissait manifestement d'une leçon de conversation qui lui semblait primordiale. Il espérait que l'ordinateur pourrait obtenir une traduction mécanique. Lorsque les noms simples avec référence physique furent épuisés, la leçon se poursuivit lentement. Il y eut des films, certainement préparés depuis longtemps, qui montraient des actes simples. Peu à peu, des verbes et leur conjugaison furent échangés. L'étranger enregistrait lui aussi. Gulyas prit des notes. Il demanda à Hautamaki de vérifier s'ils étaient en train d'accumuler du vocabulaire ou s'ils fournissaient tout cela a un traducteur automatique. Ce fut l'étranger lui-même qui répondit en montrant un appareil capable d'enregistrer. La machine enregistrait et traduisait en même temps. Par ce procédé, l'étranger put s'exprimer dans un langage compréhensible. Il s'appelait Liem. Gulyas demanda à Hautamaki de dire à l'étranger qu'ils désiraient un échantillon d'une cellule de leur corps. Les étrangers se montrèrent obligeants. Ils ne réclamèrent aucun échantillon en échange. Gulyas analysa le tissu musculaire que l'étranger avait donné.
5
La leçon de communication avait progressé. L'étranger expliqua que la machine ne pouvait travailler que sur un millier de mots tout au plus. Il demanda donc à Hautamaki et ses équipiers de parler simplement. Gulyas demanda si le peuple de l'étranger venait d'une planète appartenant à une étoile proche. Liem répondit non. Ils avaient fait un très long voyage d'exploration jusqu'à cette étoile. Son peuple vivait sur de nombreux mondes. Ils étaient les enfants d'une race qui vivait sur un seul monde il y avait très longtemps.
Gulyas répondit que son peuple lui aussi occupait de nombreux mondes mais venait d'un seul. Il dit à l'étranger qu'il venait d'une planète appelée Terre. Et que le peuple de Liem provenait de la même planète. Ils étaient donc frères. Cela était insensé pour Hautamaki. Gulyas lui expliqua qu'il était certain de parvenir à découvrir comment la race de Liem fut conditionné afin de vivre dans les conditions actuelles. Cela pouvait être le résultat d'une mutation normale. L'analyse qu'il avait faite du tissu musculaire donné par Liem démontrait que la chaîne de l'ADN de ce peuple était aussi humaine que celle des Terriens. Tjond pensait que c'était impossible à cause de la différence entre l'écriture des étrangers et celle des humains. Mais Gulyas lui répondit qu'il n'existait pas la moindre ressemblance entre les idéogrammes chinois et les lettres occidentales.
Liem les informa que leurs biologistes étaient d'accord avec Gulyas. Il demanda où était située cette Terre dont ils étaient venus. Hautamaki lui désigna la Voie lactée. Gulyas comprit que le peuple de Liem avait dû quitter la Terre en se dirigeant vers l'extérieur de la galaxie en suivant la périphérie mais dans l'autre sens. Liem salua Gulyas et ses équipiers comme s'ils étaient ses frères. Hautamaki venait de comprendre que cela signifiait que les Terriens étaient les seuls humanoïdes dans la galaxie. Hautamaki et Liem échangèrent un regard puis leurs yeux revinrent à l'espace. Ils avaient perdu une bataille. Mais ils n'étaient pas battus. L'espace intergalactique pouvait encore être exploré.
Autodafé (Damon Knight à ma parenthèse.
Le roi du monde était assis sur le balcon et écoutait le vent qui soufflait sur la tour. Il était soûl. Le chien Roland se tenait prêt de lui. Le roi pensa que son chien était trop vieux et qu'il ne passerait pas un autre siècle. Les chiens vivaient tout aux plus 500 ans. La science de leurs maîtres n'était pas parvenue à leur accorder plus longtemps. Mais la race des chiens n'était pas encore éteinte contrairement à celle des hommes. Il restait 59 chiens dont un mâle. Il ne restait qu'un seul homme qui pouvait se donner le titre de roi du monde. Personne ne viendrait lui disputer cet honneur. Il était âgé de 19 000 ans. Longtemps auparavant, on lui avait donné les catalyseurs organiques qui avaient ralenti et presque supprimé le processus de maturité et de vieillissement. À 2000 ans, il en paraissait à peu près 40. Mais les années de vieillesse furent multipliées. Pendant plus d'un millénaire, il avait été un vieil homme. Il agonisait depuis un autre millier d'années.
Les chiens le gardaient en vie en surveillant les machines et en accomplissant le travail pour lequel il était devenu trop faible. Avec un regret amer, il songea à sa mère. Elle était morte 4000 ans auparavant. Il se disait qu'elle aurait aussi bien pu avoir une fille. Elle n'avait pas besoin de le laisser partir seule. Mais les facultés humaines s'étaient affaiblies dans le confort excessif. Lui-même n'avait pas été capable de procréer. Pour les chiens, ce n'était pas la même chose. Les chiens se reproduisaient par obligation et non pour leur propre plaisir. Il imaginait les grognements de désespoir des chiens en apprenant qu'il n'existait plus aucun homme dans le monde. Siècle après siècle… Peut-être les chiens oublieraient à la longue qu'il avait existé une race de maîtres. Et alors, toutes les oeuvres humaines seraient oubliées et perdues à jamais. Ces oeuvres ne représenteraient plus que l'insignifiant prélude au règne du Chien. Cette pensée augmenta son chagrin jusqu'à le rendre intolérable. Il se força à boire. Bientôt, il allait être malade.
Le corps des chiens, bien que grandi et amélioré, n'était pas fait pour marcher debout. Les très vieux chiens ne pouvaient pas du tout se tenir debout et ils rampaient misérablement sur leurs quatre pattes. Mais les chiens devaient obéir à l'homme. Alors ils se mettaient debout quand l'homme leur ordonnait de le faire. Aussi, Roland éprouva de la joie à remplir le pot et à le servir. Il y avait la question de la reproduction qui devait être résolue très vite car Roland était le dernier mâle de sa lignée. Il savait comment les autres chiens étaient morts. Par maladresse, par plaisanterie ou simplement parce que le maître était en colère. Roland atteignait le terme de son temps de fertilité et l'ordre de reproduction n'avait toujours pas été donné. Roland recevait toujours dans chaque bouchée de nourriture l'agent chimique qui continuait de le rendre stérile. La plus jeune des chiennes encore en vie ne pourrait guère vivre plus que 300 ans encore. L'esprit de Roland se mit à tourner autour de la pensée inexprimée de la mort du maître. Il espérait que le maître ordonne la reproduction des chiens. Roland servit le maître et lui demanda s'il pouvait parler. Le maître lui demanda ce qu'il voulait. Roland lui expliqua qu'il était le dernier des chiens mâles et qu'il approchait du terme de sa fécondité. Si les chiens ne se reproduisaient pas alors le maître resterait sans soins. Alors le maître lui dit qu'il n'avait pas à demander la permission pour faire ses petites saletés. Roland avait honte mais il demanda que la drogue soit supprimée de sa nourriture. L'homme lui dit qu'il pouvait l'arrêter. Roland comprit que son maître était en train de jouer. Alors il rétorqua que la machine était dirigée automatiquement. Le cylindre de contrôle produisant la drogue était placé sous le sceau du maître. L'homme demanda au chien s'il voulait que ses chiots lui survivent. Mais le chien répondit que son souhait était que le maître continue de vivre et il pleura. Alors le maître demanda au chien de lui apporter le sceau.
Les chiennes suivirent Roland. Elles poussèrent des gémissements de satisfaction. Dans la salle de nutrition, Roland ouvrit la boîte et prit le long cylindre autour duquel se trouvait un fil avec le sceau de cire du maître. Le roi du monde pouvait percevoir les échos de l'allégresse canine. Il se sentait excité par la décision à prendre. Il était nécessaire de donner une vie nouvelle, il le savait. Autrement, il allait souffrir et mourir dans la douleur et la solitude. Mais il ne pouvait prolonger sa vie sans épargner les chiens. Mieux valait tout achever en une seule fois, les chiens et l'homme. Roland revint avec la joie qui se lisait dans ses yeux. Il tendit le sceau à son maître. Le roi du monde avait su que ce jour viendrait. Il se souvint avec étonnement du temps de sa jeunesse où l'ancêtre de ce chien avait été son plus cher ami. Durant des années, il avait redouté la mort des chiens. Le poids de la loyauté des chiens lui parut soudain devenir écrasant. Les chiens valaient bien mieux que l'humanité. En un instant, cette vision d'un monde de chiens ayant oublié l'Homme lui revint et son désir de meurtre reparut. Il serra le cylindre entre ses mains. Roland lui demanda si quelque chose n'allait pas. Le roi du monde lui répondit que ses chiots hériteraient de la Terre, une bande de sales chiens galeux pleins de puces. Puis il lança son bras avec toute son énergie défaillante et le cylindre tourbillonna dans l'air. Roland agit sans réfléchir. Il essaya une fois vainement de happer entre sa mâchoire le cylindre comme celui-ci décrivait un arc au-dessus de lui. Il mourut après avoir sauté de la balustrade pour rattraper le cylindre. Le roi du monde demeura assis sur son trône, écoutant le hurlement des chiennes.
Université (Peter Philips).
Le narrateur de cette histoire était un astronaute qui essayait de réfléchir et de mettre en ordre ses souvenirs pour expliquer pourquoi, à ce moment précis de la plus grande aventure de l'humanité, il était nécessaire que les pionniers soient imbibés d'alcool. Cinq mois plus tôt, sur la planète Mars, les sept astronautes étaient des hommes bien intégrés avec le sens des responsabilités et ils étaient estimés au-delà des frontières de leurs propres pays. Les ennuis avaient commencé un mois après que l'étrange propulsion du Boomerang eut réduit un hémisphère entier de cette planète morte à une aridité vitreuse. À la suite de quoi le vaisseau avait été projeté en dehors du système solaire. Une première querelle avait éclaté entre Aventos et Brodcuzynski. Le narrateur les avait sermonnés. Les hommes du vaisseau ne pouvaient plus rester seuls dans leur cabine et ne pouvaient pas rester ensemble au mess. Ils ne pouvaient pas non plus se promener seuls sur les passerelles et dans les couloirs du vaisseau qui mesurait plus de 1500 m. C'était le moyen le plus rapide pour devenir fou. Borg provoqua l'incident suivant. Le mystère extérieur avait réveillé une fibre poétique dans son âme de scandinave et il s'était planté à côté de l'écran de contrôle extérieur pour déclamer un texte à voix haute. Cela n'avait pas plus à Braithewaite. Le narrateur avait réussi à rattraper Braithewaite avant qu'il ne se lance dans une attaque suicide contre Borg. M’Bassi se débrouillait pour demeurer en dehors des querelles et du dédain apparaissait dans le regard de Lao T’Sung. Les hommes appelaient le narrateur l'International par plaisanterie amicale d'abord puis avec ironie et ressentiment par la suite. C'était tous des universitaires. Le narrateur n'était qu'un journaliste nommé chroniqueur officiel par la vertu purement fortuite d'une origine raciale mixte et d'une absence d'allégeance envers une nationalité quelconque. Quand la stabilité émotionnelle des hommes du vaisseau s'était ébranlée, le narrateur était devenu l'arbitre officieux. Mais il n'était pas le chef car il ne pouvait pas y avoir de chef pendant cette expédition. Le vaisseau était semi-automatique. En dépit de tous les critères de sélection imaginables, le risque existait qu'un capitaine soit partisan et qu'il tente d'atterrir s'il voyait une planète adéquate et la revendique pour sa propre nation en provoquant des accidents pour les membres de l'équipage qui protesteraient. Il n'y avait donc pas d'équipage. Le Boomerang n'aurait pas pu être construit par une seule nation. Il avait mobilisé les ressources financières de la Terre entière. Le gouvernement fédéral de la Terre avait pris ses précautions pour que le vaisseau revienne en tant que vaisseau fédéral. La poussière lumineuse qui formait à présent un halo autour de la Terre, marquant l'orbite de la Lune disparue, rappelait que jamais plus une seule nation ne pouvait être autorisée à faire une conquête extraterrestre.
Le gouvernement fédéral avait été imposé par la crainte mutuelle d'une guerre qui réduirait la Terre en état de poussière. Cependant, une saine concurrence économique et culturelle demeurait mais sous un contrôle extrêmement sévère.
Pour sélectionner les hommes du vaisseau, la décision fut prise d'organiser la représentation non par Etats mais par principaux groupes raciaux sur une base géopolitique.
Et pourtant, sous l'effet de la tension du voyage les sept hommes étaient devenus un microcosme du monde toujours divisé.
Mais ils ne pouvaient rien faire d'autre que se quereller étant sous le contrôle du gouvernement fédéral. Aucun de ces hommes n'était capable de diriger le vaisseau. Le narrateur avait pensé que la formation des hommes les aurait empêchés de recourir à la violence. Brodcuzynski avait frappé Lao T’Sung puis s'était rendu compte de son coup de folie. Alors il avait aidé le mathématicien sexagénaire à se relever. Le mathématicien était plus surpris que blessé et lui demanda de se pardonner lui-même. Le narrateur sermonna Brodcuzynski. Il ne voulait pas être sermonné. Il préférait être frappé. Alors le narrateur demanda à Lao d'utiliser la sagesse de tous pour résoudre le problème. Lao demanda à Brodcuzynski ton avis. Brodcuzynski repassa la balle à M’Bassi qui était psychologue. Il répondit qu'il feignait d'ignorer ce contre quoi il ne pouvait rien. Puis il leur expliqua qu'ils étaient tous sous l'influence de quelque chose qui dépassait leur entendement.
Dans leur propre système solaire, leur esprit ne risquait rien. Mais à présent, leur vélocité et leur mode de propulsion échappait à la conception directe ou intuitive. Ils étaient dans un univers étranger et leurs esprit éduqués à percevoir et à établir des corrélations s'efforçaient instinctivement de comprendre l'inconnaissable. Cela provoquait un conflit dans l'inconscient.
Lao protesta en disant que l'imagination était une fonction des centres supérieurs et que le narrateur, Statlen avait un plein tiroir de photocopies de vieilles revues dans lesquelles le concept du voyage interstellaire était tenu pour acquis.
M’Bassi rétorqua que l'imagination avait la possibilité de se soustraire à l'extrapolation de son propre fonctionnement. Leur destinée ne reposait pas entre leurs mains et c'était le source d'un autre conflit. Une partie de leur esprit était sur Terre et enregistrait les références familières, l'autre était dans le vaisseau. L'inconscient luttait pour conserver son intégrité contre les demandes impossibles des centres supérieurs. Lao demanda pourquoi Statlen n'était pas touché aussi gravement que les autres. Le psychologue répondit que c'était un esprit jeune et plein de ressort. Et aussi parce qu'il n'avait pas une formation scientifique très poussée. Plus on en savait, mieux on comprenait qu'on ne savait rien.
Le narrateur lui demanda si le gouvernement fédéral aurait dû envoyer une bande d'imbéciles. M’Bassi avait remarqué que Borg avait neutralisé ses centres supérieurs avec de l'alcool.
Le narrateur répondit qu'il aimait mieux voyager avec un groupe d'ivrognes qu'avec une bande de schizophrènes homicides. Le psychologue proposa d'essayer quelque chose rapidement car ils n'avaient pas de solution de rechange en dehors des narcotiques de leur réserve de pharmacie. Mais ils risquaient de devenir des toxicomanes enragés. Alors le narrateur demanda à Borg ou il rangeait son alcool. Il lui expliqua que tous les hommes en avaient aussi besoin que lui, à présent. Alors Borg invita les autres à le suivre.
Il y avait de la place dans le vaisseau pour cacher de l'alcool car celui-ci avait été conçu à l'origine pour transporter plusieurs générations. Cela aurait peut-être mieux valu. Le temps et un destin commun, assumé, leur aurait donné une homogénéité raciale et politique. Borg s'immobilisa devant une porte coulissante et il ouvrit. À l'intérieur se trouvait des bidons d'alcool éthylique pur. Il ne fallut pas longtemps aux hommes pour devenir pompettes. Puis, tout à coup, le vaisseau s'immobilisa. Tout à coup un homme surgit. Il s'appelait Sam. Lao lui demanda où ils se trouvaient. Sam répondit qu'ils étaient sur une planète. Lao pensait que c'était impossible car leur retour dans le continuum normal n'aurait pas pu se faire si près d'une masse planétaire. Sam ordonna aux hommes de suivre Statlen qui les conduirait à leurs chambres.
Sam était un extraterrestre. Aventos fut le premier à montrer du chauvinisme terrestre ainsi qu'un lamentable manque de maîtrise intellectuelle en voyant Samuel se matérialiser subitement. Il le traita d'espion. Mais Sam lui répondit il n'y avait pas de conflit et que les Terriens étaient en sécurité. De plus il serait pourvu à leur confort. Brodcuzynski adressa la parole à une étudiante qui traversait le hall. Il dit qu'il trouvait l'endroit beau. Il ajouta une note d'humour en faisant remarquer que l'endroit était mixte. Statlen conduisit les Terriens dans leurs chambres. Puis il fit son rapport à Sam qui lui donna des instructions pour que le Boomerang soit garé ailleurs. Samu lui demanda si les Terriens pourraient s'en sortir car il les aimait bien.. Statlen rétorqua que la réciproque n'était pas vraie. Elle le serait moins encore après. Les allées et venues des six hommes qui avaient toute liberté d'action furent mises en observation. Statlen participa à cette surveillance. Le jour suivant, Statlen les conduisit au Rassemblement dans le hall. En dépit de la kinésithérapie, ils montraient encore des signes de fatigue mentale et d'épuisement physique. Brodcuzynski continua d'admirer les étudiants de Mizra III. M’Bassi lui expliqua que ces étudiants devaient probablement le prendre comme un sauvage mentalement retardé provenant d'une planète immonde. Lui-même n'était pas offensé par cette hypothèse car sa branche de la race avait subi une infériorité imposée pendant longtemps. Aventos et Lao T’Sung paraissaient vouloir assumer la dignité de la race tout entière. Lao interpella Sam. Il voulait savoir où il se trouvait et pourquoi on les avait emmenés dans cet endroit. Les six hommes étaient palpés psychiquement par les étudiants. Sam était président depuis 1 million d'années. Il fut surpris que Lao interprète le Rassemblement comme une cérémonie religieuse. Il lui expliqua que le Rassemblement servait à consacrer la journée à la poursuite de la connaissance. Sam communiquait par télépathie avec Statlen pour trouver les mots justes quand il devait s'adresser aux six hommes. Braithewaite compara Sam à son directeur d'études à Oxford. Sam le prit comme un compliment et lui demanda s'il avait étudié le grec. Braithewaite acquiesça. Alors Samu lui demanda s'il reconnaissait l'emblème de la salle du Rassemblement. Braithewaite avait reconnu une représentation d'Athéna, symbole de la sagesse.
Sam lui expliqua que c'était une fantaisie des membres de leur première expédition. Ils avaient rapporté ce symbole 4000 ans terriens plus tôt. La deuxième expédition avait placé Statlen parmi eux.
Aventos ne voulait pas croire que Sam était si vieux. Statlen lui expliqua qu'il était plus vieux encore. Lui-même occupait un corps depuis 30 années et sa mémoire venait de lui revenir. Il venait de se rappeler qu'il avait été quelqu'un d'autre auparavant. Sam expliqua que l'essence de l'ego de Statlen avait été transférée. Il était devenu le transmetteur inconscient de certaines impulsions qui avaient subtilement influencé le cours des événements. Aventos demanda à Samu quel était son but. Sam répondit qu'il cherche à savoir si une race était parvenue à un degré de civilisation correspondant à ses progrès matériels et scientifiques. Il pensait que la civilisation était le fait du coeur et de l'esprit des hommes et non pas de leurs oeuvres.
Il se demandait si les hommes étaient dignes d'accomplir des voyages interstellaires. M’Bassi conseilla à Sam de demander à Statlen ce qu'il en pensait. Sam répondit que Statlen n'était pas en mesure de communiquer avec lui car ce serait la négation du principe de non-intervention. Son unique fonction était d'assurer que des représentants valables de la race postulante soient conduits sur cette planète pour subir un examen dès que cette race avait mis au point la propulsion interstellaire. Aventos demanda ce qu'il adviendrait s'ils échouaient à l'examen. La peur de la mort qui étreignait Aventos se traduisit presque comme une souffrance physique dans l'esprit de Sam et de Statlen. Samuel voulut le rassurer en lui expliquant que lui et les siens seraient renvoyés sur leur planète. Leur mémoire serait effacée et remplacée par la conviction que leur expédition avait échouée et que leur fusée n'était jamais sortie du stade de la probabilité dans le continuum normal. Borg demanda à Sam de quel droit il s'arrogeait ces pouvoirs. Sam répondit que c'était un simple droit d'exclusion qui n'avait pas de base légale, morale ou éthique mais qui procédait du bon sens. Statlen avait informé Sam que Borg était professeur de philologie comparée à l'université Harvard. Alors il lui expliqua que si un enfant de cinq ans réclamait le droit d'entrer dans l'université de Harvard pour assister au cours,ille saisirait fermement par l'oreille pour le raccompagner dehors et lui dire de revenir quand il aurait fini ses classes au lycée. Samuel s'était donné la physionomie d'un empereur romain pour le bénéfice des six hommes. Il estimait que les six hommes étaient suffisamment évolués pour être au moins autorisés à étudier sur cette planète. Il leur expliqua également que l'indice d'empathie comptait plus que le quotient intellectuel pour lui. Ce qui n'était pas de bon augure pour les Terriens c'était que leur sciences psychiques et physiques étaient encore largement séparées.
Cela les empêchait de sublimer leur chauvinisme naturel. Les Terriens demeuraient donc enfants de la guerre. Sam demanda à Statlen de commencer le test et d'analyser l'esprit des six hommes. Puis Sam demanda à une étudiante blonde de traverser le hall en direction des six hommes. Brodcuzynski était subjugué par sa beauté. Les cinq autres l'étaient également. Puis Sam demanda à l'étudiante de reprendre sa forme naturelle. Une étudiante se transforme en un thase brachialifère multisexué avec ses 15 bras. Cela provoqua une tempête psychique chez les six hommes. Statlen la ressentit.
Sam leur expliqua que c'était la forme de vie la plus évoluée sur quatre planètes d'un système. Les six hommes ne pensaient qu’à détruire le monstre. C'était comme si toute la haine raciale et la peur de ce qui est différent, dont l'humanité est obsédée depuis toujours, avait jailli soudain de leurs esprits.
La curiosité scientifique et donc le bon sens revinrent en quelques secondes. Puis Sam leur dit qu'il était navré de les avoir soumis à ce spectacle mais il avait besoin de connaître leurs réactions inconscientes. Il avait besoin de connaître leur rapport empatique avec d'autres intelligences. Aventos trouva ce test absolument déloyal. Cela confirma l'opinion que Sa avait des six hommes. Ils étaient orgueilleux et vaniteux. Statlen décida de désapprendre la langue des humains qu'il trouvait à présent un peu déplaisante. Puis Sam dit aux six hommes que la question n'était pas de savoir si l'univers convenait à l'Homme mais si l'Homme convenait à l'univers. Et l'homme n’en était pas encore là.
Forteresse (Fred Saberhagen).
La machine était une vaste forteresse qui n'abritait aucune forme de vie, mais elle avait été programmée une fois pour toutes par ses maîtres, morts depuis bien longtemps, à détruire tout ce qui vivait. Il y en avait une centaine d'autres semblables sur la Terre. Une seule de ces machines pouvait rester suspendue au-dessus d'une planète colonisée par les hommes pour la bombarder. C'était précisément ce que venait de faire cette machine. Les antiques belligérants l'avaient construite en tant que facteur de hasard à lâcher en territoire ennemi. Les hommes ne qualifiaient de «berseker ». Del Murray, auparavant spécialiste des ordinateurs, lui avait attribué d'autres opérations. Il était occupé à réparer la cabine de son chasseur endommagé par un petit projectile du berseker. Il était aidé par un animal qui ressemblait à un grand chien avec des bras de singe. Del appela Foxglove pour signaler que la machine avait cessé de lui tirer dessus. Puis il réussit à signaler sa position. C'était la position exacte qu'il cherchait à occuper depuis le début de la bataille. Les deux vaisseaux terrestres et le berseker étaient à une demie années-lumière de soleil le plus proche. Il était impossible à la machine de bondir hors de l'espace normal en direction des colonies sans défense établies sur la planète de ce soleil tant que les deux chasseurs maintenaient la distance. Si la machine, d'un diamètre à peu près égal à la largeur de l'État du New Jersey, était arrivé par hasard un siècle auparavant pour trouver toute humanité entassée sur une planète unique, il ne fut pas resté un seul survivant. La puissance de la machine restait énorme. Jusqu'à présent, aucun des hommes qui l’avaient combattue n'avait survécu. La tactique des Terriens exigeait une attaque simultanée par trois vaisseaux. Foxglove et Murray en représentaient deux et le troisième était censément en route. Jusqu'à son arrivée, Foxglove et Murray devaient tenir le berseker à distance. La machine s'efforcerait de détruire Foxglove et Murray comme toute autre forme de vie qu'elle percevrait. C'était là l'ordre fondamental que lui avaient donné les antiques seigneurs de guerre. Del signala les champs de force en arrière de son vaisseau à Foxglove. Il décida de laisser le commandement de son vaisseau à l’aiyan, son animal de compagnie. Il dit à Newton, l’aiyan, : « situation zombie ».
L'animal réagit instantanément comme il y avait été exercé, saisissant les mains de Del pour les abaisser le long du fauteuil de commande où étaient fixées les menottes. L'assaut était mené par la machine avec lenteur et ses effets ne pouvaient se maintenir à la même intensité au-delà d'environ deux heures, après quoi la machine était visiblement dans l'obligation de l'interrompre pour une durée égale. Mais pendant que son action se faisait sentir, la machine privait tout humain ou ordinateur de la faculté de dresser des plans ou d'établir des prévisions.
Del s'efforça de se libérer les mains et appela à Newton. Mais le petit animal resta au tableau de commandes. Del finit par comprendre que Foxglove tentait de l'aider à entretenir l'illusion qu'il y avait toujours un cerveau en état de guider le vaisseau. Il commença à se rendre compte qu'il venait une fois de plus de subir les effets de l'arme mentale. Alors il commanda à son animal de le libérer. Le commandant de Foxglove fut soulagé d'apprendre que Del n'était plus sous l'emprise de l'arme mentale. La machine entra en communication avec Del pour proposer une négociation. Del répondit qu'il allait réfléchir à la proposition. La machine proposa de jouer à un jeu et Del lui demanda d'en décrire les principes. C'était une version simplifiée du jeu de dames. Del demanda quel objet servirait de damier. La machine répondit que les coups seraient annoncés par radio. Le jeu semblait exiger un cerveau fonctionnel et humain ou électronique. Pour simplifier la procédure, c'est la machine qui exécuterait le premier mouvement pour toutes les parties.
Del pouvait compter sur une heure encore avant d'être soumis de nouveau au faisceau mental quand il termina l'agencement du damier. Il n'avait pas dit à l'ennemi où il en était de ses préparatifs parce qu'il s'affairait encore à quelque chose qui devait rester ignoré de lui… Le système qui permettrait à Newton de jouer aux dames selon une méthode simplifiée. Ce jeu allait pousser l'aiyan à la limite de ses possibilités mais Del ne voyait pas de raison pour que cela ne marche pas. Il avait négligé quelques possibilités qui auraient découlé de déplacements malheureux de Newton au début du jeu. Sur une carte montrant toutes les autres positions possibles parmi celles qui restaient, il indiqua le coup le plus favorable au moyen d'une flèche. Il était à présent en mesure d'enseigner rapidement le jeu à Newton qui n'aurait qu'à consulter la carte appropriée et à exécuter le coup indiqué par la flèche. Le commandant du Foxglove pensait que c'était foutu. Il pensait que la tactique de Del ne marcherait pas. Quel que soit le système adopté, Newton jouerait par coeur. C'est cela qui trahirait Newton. Le commandant avait deviné que Del avait enregistré sa propre voix pour faire croire à la machine c'était bien lui qui jouait aux dames. Newton avait perdu les quatre premières parties. Mais il ne faisait pas les mêmes mouvements chaque fois. La cinquième partie avait provoqué une égalité entre les joueurs. Le commandant du Foxglove ne comprenait pas comment cela était possible car la machine avait déclenché son attaque mentale. La machine gagna encore une partie. Puis il y eut trois parties nulles. Le commandant remarqua que la machine avait poussé la puissance de l'attaque mentale au plus haut. Del prononça la phrase appropriée qui annonçait à Newton qu'il devait libérer les mains de son maître. La partie inachevée sur le petit damier devant lui avait été abandonnée quelques secondes auparavant. Le faisceau mental venait d'être levé. Le troisième vaisseau venait de surgir dans l'espace normal. La machine avait été obligée de regrouper toute son énergie pour faire face à l'attaque de Gizmo et de Foxglove. Del balaya les pions du damier en s'écriant : « échec et mat ! ». Et il appuya sur le grand bouton rouge. La machine avait été détruite. Del expliqua au commandant du Foxglove comment il avait réussi à faire jouer Newton. Il avait utilisé les perles avec lesquelles Newton jouait pour lui enseigner rapidement une manière de jouer aux dames. Del se rappela de sa rencontre avec le champion du monde du jeu de dames.Il se demanda s'il serait en mesure d'imaginer un système pour le battre à présent.
Du danger des traités (Katherine MacLean et Tom Condit).
Le troisième officier Llyllw qui était de quart signala la présence d'un vaisseau inconnu. Tous les vaisseaux de l'empire d'Erdig se conformer à des modèles normalisés. Ce vaisseau ne pouvait provenir d'aucune partie déjà conquise de l'empire. Cela révélait une espèce inconnue, encore à dominer. Il enregistra l'événement dans le journal de bord. Il espérait que son nom serait lié à cette découverte. Il trouvait que c'était bon pour l'homme d'avoir des esclaves autour de lui. L'accomplissement de la mission sacrée de Nll’ni tirer l'Ordre du chaos, répandait en lui un sentiment chaleureux.
Le télépathe itinérant Martin Judovsky, du vaisseau d'exploration Kemal Atatürk, était en route vers l'intérieur de la galaxie. Il avait capté la pensée de Llyllw. Il pressa le bouton d'alerte immédiate. Les autres télépathes vinrent à son secours. Llyllw sentit son poil se hérisser sous la sensation insolite qu'on l'observait. Il abaissa le levier qui éveillait l'ordinateur principal du bord. C'était un geste d'insubordination. Il aurait dû prévenir son supérieur. L'ordinateur constituait l'autorité du bord en ce qui concernait les disciplines militaires. L'Infaillible et Tout-Puissant maître suprême de Nll’nl pouvait examiner et reconnaître sur son écran les images de tous les vaisseaux connus et devaient être en mesure de savoir ce qu'il fallait faire en présence d'un vaisseau inconnu.
Llyllw se demanda si l'ordinateur allait réagir. Sa vie était dans la balance. L'ordinateur avait reconnu en état d'alerte et une voix enregistrée se mit à aboyer des ordres dans le système de haut-parleurs. Llyllw ne risquait plus rien.
Il savait que ses supérieurs seraient furieux et voudraient sa tête mais il pesa le risque contre le fait que le code infaillible avait enregistré ses actes. S'il parvenait à éviter d'être exécuté jusqu'au retour à la base, les hauts chambellans de sa Divine Toute-Puissance serait satisfait de lui. La voix de l'ordinateur sonna l’alerte militaire totale dans tout le vaisseau. Le second du vaisseau arriva le premier sur la passerelle. Il demanda qui avait fourni des données à l'Infaillible. Llyllw lui présenta ses excuses. Il prétendit qu'il n'avait pas voulu déranger ses excellents supérieurs pour une affaire qui risquait de n'être qu'une criminelle erreur de jugement de sa part. Il y eut un silence pendant que le second réfléchissait. Le règlement permettait au plus insignifiant des membres de l'équipage de consulter l'Infaillible à tout moment où il n'avait pas d'autre problème à résoudre. Alors le second félicita Llyllw pour son acte patriotique. Chacun pouvait sentir la haine et l'ambition de l'autre.
À plusieurs milliers de kilomètres de là, le maître télépathe Tewazi consultait le Manuel de sociologie comparée. Les quatre jeunes télépathes itinérants enregistraient à toute vitesse toutes les pensées qu'ils recueillaient.
Le silence régnait sur la passerelle du Wlly’n car le capitaine de la stratégie Bryllw venait d'arriver. Le capitaine de la stratégie sur les vaisseaux de guerre n'avait la plupart du temps rien à faire sinon regarder des bandes enregistrées et s'occuper de ses passe-temps favoris. Il demanda qui avait repéré le vaisseau inconnu. Llyllw leva la main. Officiers et matelots tremblaiten et se mirent au garde-à-vous. Le capitaine s'était fait une réputation de peau de vache. Il ordonna à l'officier navigateur de vérifier toutes les cartes stellaires. Il voulut rassurer ses troupes en disant qu'il existait une très faible possibilité qu'ils aient rencontré une espèce capable de les détruire. Il voulut s'assurer que le commandant était prêt à tirer quand le vaisseau inconnu serait à portée. Et c'était justement ce qu'il refusait car s'il existait une civilisation inconnue, alors il ne fallait pas réduire en miettes le vaisseau étranger. Il faudrait parler avec les étrangers pour s'assurer qu'ils n'avaient pas peur pour pouvoir ajouter une planète de plus à l'empire d'Erdig. Ils devraient se présenter en bâtiment civil, comme un vaisseau de commerce. Il ordonna donc à ses troupes de se conduire en civils.
Puis il ordonna d'activer la machine à interpréter et de le prévenir dès qu'une traduction approximative du langage de ces inconnus aurait été obtenue.
À bord de l'Atatürk, le maître télépathe Tewazi tenait conférence avec les autres télépathes de l'équipage. Il ordonna de traduire les conversations du vaisseau de Bryllw. Il leur expliqua qu'ils devraient convaincre Bryllw que leurs intentions étaient pacifiques. Cinq heures après le contact vidéo, Bryllw sortit de la salle d'instruction avec une connaissance approximative du T de Terrestre et savait que le bâtiment qu'il affrontait était le patrouilleur Vengeance de la garde-frontières de la Fédération terrestre. Son commandant s'appelait Chang et Bryllw était très reconnaissant aux Nll’ni de s'être chargés des travaux linguistiques nécessaires à l'établissement des relations. Il se mit à parler avec le Terrestre qu'il voyait sur son écran. Il se présenta comme un commerçant. Chang lui répondit avec son expression la plus neutre. Il lui demanda d'envoyer une délégation pour entreprendre les débats sur la question à laquelle il avait été préalablement fait allusion. Si Bryllw refusait, Chang serait dans l'obligation d'anéantir son vaisseau. Le linguiste fut très embarrassé et ne traduisit par la menace à Chang. Il dirigea la délégation qui se rendit sur le vaisseau terrestre. Bryllw était mal à l'aise devant ces créatures sans poils. C'était bien la première fois qu'il ramenait une espèce nouvelle à l'Ordre. Il se rappela une campagne qu'il avait manquée de justesse alors qu'il était deuxième officier. Il avait exterminé une population incapable d'accepter l'Ordre pour prévenir toute possibilité que cette civilisation bouleverse un jour l'Ordre de l'univers.
A bord de l'Atatürk, Tewazi était étourdi et nauséeux. Il en lâcha même le Manuel de sociologie comparée. Il avait peur et ne voulait pas que la Terre soit détruite par Bryllw Chang pensait que si le vaisseau terrestre s'autodétruisait alors il fallait aussi détruire le vaisseau ennemi. Bryllw avait été fouillé vivement par des êtres impassibles et on lui avait saisi ses armes cachées ainsi que sa caméra. Il trouvait que les terrestres étaient moches. Ils paraissaient maigres et fragiles. Il examina un ornement que portaient les terrestres. Il fut surpris d'en voir un ouvrir de grandes ailes vertes et sortir de la pièce en volant. Il n'avait nullement été question de créatures volantes vertes pendant qu'il apprenait la langue. Chang se présenta à lui. Bryllw continua de se faire passer pour un commerçant. Chang lui répondit qu'il espérait que leurs rapports seraient amicaux. Bryllw n'avait pas entièrement compris ce qu'on lui disait mais cela ressemblait bien aux préliminaires officiels habituels. Il demanda des précisions sur la Fédération et Chang les lui donna. Bryllw se demanda si les Terrestres pouvaient réellement disposer de nombreuses planètes ou si c'était du bluff.
Mais il observa avec satisfaction que l'intérieur du vaisseau semblait primitif et désarmé. Les Terrestres avec leurs pouvoirs télépathiques avaient compris que Bryllw savait ce qu'était le bluff. Bryllw se mit brusquement à tousser en un violent grondement et avança d'une secousse soudaine. Il fit cela pour savoir si les Terrestres étaient craintifs. Il remarqua le geste craintif que les Terrestres avaient effectué. Bryllw espérait qu'en continuant de se faire passer pour un honnête commerçant, ces êtres craintifs iraient peut-être jusqu'à lui indiquer d'eux-mêmes la position de leur planète, ce qui éliminerait toute nécessité de livrer combat. Il murmura dans le minuscule micro d'intercommunication de son casque pour avertir Llyllw qu'il allait essayer de s'emparer de ce vaisseau dès qu'il aurait appris ce qu’étaient ces choses, qui volaient. Llyllw lui répondit qu'une de ces créatures vertes était en train de lui parler en privé et qu'il ne comprenait pas ce qu'elle lui racontait. Les terrestres communiquaient entre eux par télépathie et regrettaient de n'avoir pas d'armes avec eux. Ils n'osaient pas utiliser celle qu'ils avaient confisquées aux étrangers. Un perroquet se posa sur l'épaule de Llyllw (une des créatures vertes). Quand le perroquet se mit à hurler quelque chose, Llyllw eut peur.
Chang le pria d'excuser ces animaux. Il expliqua à Bryllw que les terrestres étaient en égalité avec les oiseaux. Les perroquets étaient la 15e espèce qui était entrée dans la glorieuse Fédération. Lui-même n'avait aucune autorité sur ces oiseaux. Bryllw était de plus en plus dubitatif. Quel était réellement cet officier qui prétendait être le commandant alors qu'aucun de ses compagnons ne le saluait. Il demanda à visiter la cabine de pilotage et la chambre des machines. Chang accepta. Cela surprit Bryllw qui ordonna à quatre de ses hommes de rester dans la salle des commandes. Ils devaient se tenir prêt à tuer les Terrestres pour s'emparer du vaisseau. Quand il en donnerait l'ordre.
Bryllw continua d'observer les Terrestres. Il était surpris qu'il ne porte pas d'uniforme ni d'armes. Il portait un cadre avec des fils autour et Bryllw se demanda si c'était une arme. Les Terrestres avaient compris ce qui taraudait Bryllw. Ils ne voyaient pas l'utilité de porter un uniforme car pour eux c'était une coutume des autoritaires. Ils avaient senti que les étrangers ne croyaient pas que leur absence d'uniforme était la réalité et que c'était du bluff.
Bryllw réfléchit. À partir des observations qu'il avait faites, il en avait déduit que les Terrestres avaient dû explorer au moins cinq systèmes pour découvrir une planète avec une atmosphère identique. La présence des grandes créatures volantes signifiait que les Terrestres s'étaient répandus sur au moins sur deux systèmes solaires. Il ne comprenait pas ce qu'était une fédération. Il fallait bien qu'une espèce domine les autres sinon l'ordre et la stabilité devenaient impossibles. Alors il demanda à Chang où se trouvait son gouvernement. Un des autres terrestres s'avança en hâte pour murmurer une réponse à l'oreille de Chang. Chang sourit. Il répondit que tous les mondes étaient centraux. Bryllw crut que Chang se moquait de lui. Il avait envie de le tuer. Chang lui proposa de l'emmener voir le secteur du contrôle de l'atmosphère.. Bryllw réussit à se dominer. Tewazi avait senti sa colère. Bryllw observa les appareils qui se trouvaient dans la salle. Ils dégageaient une luminosité intense et assuraient ainsi l'éclairage indirect du reste de la salle. Il y avait des réservoirs avec une forme différente de végétation. Il y avait un tableau avec des leviers et des cadrans. Il constata qu'il y avait des petits poissons qui nageaient dans les réservoirs. Il demanda quelle était leur utilité. Chang répondit que c'était les experts du contrôle de l'atmosphère. C'était la 25e espèce à se joindre à la Fédération. Bryllw crut comprendre que ces créatures étaient des esclaves. Il était persuadé que ces créatures communiquaient avec les Terrestres.
Les Terrestres avaient placé des écouteurs près des petits poissons pour duper Bryllw. Alors que les hommes longeaient la coursive, quelqu'un fonça d'une écoutille pour parler rapidement à Chang. Cet entretien n'avait pas l'air naturel. Bryllw n'arrivait pas à comprendre ce qu'il se passait. Alors Chang lui expliqua que sa fédération souhaitait procéder à des échanges commerciaux avec lui.
Mais la Fédération ne trouvait pas le moment opportun pour que les vaisseaux de Bryllw approchent de leurs planètes. Chang précisa qu'il y avait actuellement des difficultés avec des maladies inconnues. En conséquence, il proposa à Bryllw de venir sur une planète morte est totalement isolée pour une rencontre entre leurs deux civilisations. Bryllw allait accepter car cela lui permettrait d'obtenir un temps supplémentaire pour augmenter ses chances de repérer les systèmes d'étoiles de la Fédération. Il aurait ainsi le loisir de reconnaître le véritable commandant. Il ne pensait pas que Chang était le vrai commandant. Il envisageait de le dénicher pour le maintenir en vie pour un interrogatoire. Cela effraya les télépathes qui avaient entendu sa pensée. Llylww lui annonça qu'un accident des plus déplorables était arrivé. Il s'était heurté par accident à un des terrestres et avait faits tomber l'arme de celui-ci. Bryllw lui ordonna de se tenir prêt à s'emparer de la salle de commandes quand il en donnerait le signal. Il devrait également tuer les oiseaux. Bryllw avait compris que les Terrestres voulaient savoir la position de ses membres. Alors il trouva un subterfuge pour refuser. Huit Chang l'emmena dans une sorte d'atelier. Il lui montra leur arme principale, le Régurgitateur cosmique. Puis il montra un de ses collègues, Jukovsky en train d'appuyer sur un bouton qui empêchait l'arme de détruire un des vaisseaux de Bryllw sur lequel l'arme était pointée. Tristement, il suivit Chang dans la salle des machines.Chang demanda à Bryllw ce qu'il avait à offrir. Bryllw bredouilla en répondant qu'il avait des matières premières de toutes sortes. Il repensa au bouton et il eut un frisson. Chang proposa une sorte d'échanges culturels, par exemple, la verroterie. Bryllw ne comprenait pas ce qu'il voulait dire. Chang lui expliqua qu'il désirait effectuer des échanges culturels et scientifiques. Bryllw comprit que le Terrestre cherchait à gagner du temps d'une façon ou d'une autre. Il pensait qu'il y avait quelque chose qui clochait dans son attitude. Chang proposa d'effectuer des échanges sur une planète morte en territoire terrestre. Tous les travailleurs de la machine se redressèrent et restèrent respectueusement silencieux. Un chat traversa la salle et grimpa sur une étagère pour contempler un écran lumineux. Et il s'en alla. Les hommes se contractèrent. L'un d'eux vint examiner l'écran, par pour s'assurer que tout allait bien.
Chang expliqua à Bryllw que c'était leur chef. Bryllw répondit que leur chef était bien petit. Mais il se dit que cette créature avait visiblement conscience de sa propre supériorité. Le terrestre qui était derrière Chang murmura des mots que Bryllw ne saisit pas. Il entendit juste le mot « accroché ». Puis il expliqua à Bryllw que le chat descendait de la plus ancienne race intelligente que les Terrestres jamais rencontrée. Un terrestre apparut à l'écoutille de la chambre des machines. Il annonça que le chat était prêt à recevoir l'étrange bête. Bryllw se hérissa mais il suivit le message dans un petit compartiment qu'il n'avait pas encore vu. La pièce comportait un écran de vision et un petit tableau de commandes sur un panneau noir, une petite bibliothèque et une quantité de coussins éparpillés un peu partout. Le chat était présent et il regardait Bryllw d'un air dédaigneux. Puis le chat scruta l'écran. On n'y voyait le poste de commande et les hommes de Bryllw. Bryllw comprit que l'on attendait de lui qu'il prenne la parole le premier. Les manières de cette créature ne valaient guère mieux que celles des grands chambellans. Bryllw s'adressa au chat avec obséquiosité pour lui proposer ses services. Le chat s'étira et bailla avec élégance. Le prétendu interprète du chat expliqua à Bryllw que son excellence serait heureuse de connaître davantage les gens de son admirable espèce et pour ce faire d'escorter avec son propre bâtiment celui de Bryllw jusqu'à son propre monde. Puis le chat se dressa avec l'air agité en regardant l'interprète avec une inquiétude accrue. L'interprète expliqua que le chat souhaitait informer Bryllw qu'il ne devait pas avoir peur. Les chats étaient très humbles et faciles à satisfaire. Le chat se frotta à son coussin d'un mouvement tendre et fixa Bryllw de ses grands yeux ronds. Bryllw recula, mal à l'aise, se découvrant le désir inattendu d'avoir une créature tendre comme celle-là pour le conseiller et le protéger contre le complot des officiers de son entourage.
En quelques gestes, le chat avait pu donner à Bryllw l'impression qu'il aurait aimé se soumettre à lui. Il était persuadé que sous la patte de velours devaient se cacher les griffes d'acier. Alors il se détourna pour ne plus voir les yeux éclatants et si étranges de l'animal.
Bryllw trouva une application aux faibles dimensions du vaisseau. Ce ne pouvait être que le bâtiment de plaisance personnelle du chat. Et l'équipage était constitué de ses serviteurs. Il pensait que l'égalité dont parlaient les Terrestres était sans doute une invention du chat, une tromperie pour qu'ils se sentent satisfaits. Bryllw comprit que les chats étendaient de plus en plus leur empire en employant les autres espèces comme esclaves et en les maintenant sous une telle domination hypnotique qu'ils se croyaient libres. Bryllw se félicita d'avoir été envoyé pour cette mission car si ç'avait été le commandant en titre, cet idiot serait revenu avec le chat sur l'épaule pour l'emmener sur sa planète et ils auraient tous été perdus. Le chat se remit à miauler et l'interprète expliqua que le chat souhaitait savoir s'il pouvait visiter le vaisseau de Bryllw. Bryllw mentit en disant qu'il essaierait d'arranger ça. L'interprète ajouta que le chat s'était pris d'une affection personnelle pour Bryllw. Le chat souhaitait le prendre sous sa protection pour lui accorder toutes les faveurs en son pouvoir quand son peuple occuperait les postes influents dans son empire. Le chat avait bien compris que Bryllw n'était pas un commerçant mais un guerrier très expérimenté et sans grands scrupules. Le chat était même prêt à le prendre dans son cabinet personnel.
Bryllw était fasciné. Alors il avança des excuses en parlant de la réduction de sa réserve d'air et regagna rapidement le poste de commande. Il ordonna à ses hommes de le suivre. Le vaisseau de Bryllw partit à pleine puissance et disparut. Bryllw s'estimait heureux de s'en être tiré à si bon compte.
Le papillon de lune (Jack Vance).
1
La maison flottante avait été construite selon les critères siréniens les plus rigoureux L'avant. était réservé aux dépendances et au quartier des esclaves ; au milieu se trouvait deux cabines, une salle à manger et un salon. Telle était la maison flottante d'Édwer Thissel mais elle était délabrée. Elle avait été construite 70 ans plus tôt. Thissel résidait sur Sirène depuis trois mois seulement. Il était conscient de cette dévalorisation mais il ne pouvait rien y faire. Cette demeure était la meilleure qu'il avait pu se procurer.
Il jouait du ganga, une sorte de petite cithare. Il avait entrepris d'étudier six instruments parmi lesquels se trouvait l’hymerkin que l'on utilisait exclusivement avec les esclaves. Depuis son arrivée, il avait consacré tout le temps où il ne dormait pas aux instruments de musique. Il avait obtenu des dissonances inconnues des planètes mères En
il avait joué avec un zèle si implacable que sa conception première de la musique comme source de plaisir était morte depuis longtemps. La maison flottante était attelée à deux poissons harnachés. Thissel possédait deux esclaves Toby et Rex. Thissel s'exerça au strapan qui était l'instrument qui lui donnait le plus de fil à retordre.
Le bateau arriva à l'heure prévue en vue de la cité flottante. Sur le quai, conformément à la coutume en vigueur chez les Sirèniens, une fil d'oisifs étudiaient avec une attention soutenue chacun des aspects du bateau, examinant les esclaves et Thissel lui-même. Thissel était gêné car il n'avait pas encore pris l'habitude de l'immobilité des masques qui rendait cette inspection encore plus pénible. Il ajusta son propre masque sur son visage et descendit sur le quai.
Un esclave assis à croupetons se leva pour toucher l'étoffe noire à la hauteur de son front et chanta sur un air interrogatif : « le papillon de lune qui se tient devant moi exprime-t-il l'identité de Ser Edwer Thissel ? ». Thissel le lui confirma en chantant. L'esclave attendait Thissel depuis trois jours. Il était en mission. Thissel lui demanda quelle était cette mission.
L'esclave était porteur d'un message. Il s'agissait d'une communication urgente de Castel Cromartin. C'était le directeur du bureau politique inter-mondes. Le célèbre assassin Haxo Angmark était à bord du Carina Cruzeiro qui devait débarquer le 10 janvier. Thissel était chargé de l'accueillir au débarquement en compagnie des autorités compétentes pour l'arrêter et l'incarcérer. Thissel arrivant à Fan à titre d'attaché consulaire ne s'attendait pas à trouver quelque chose de pareil. Mais la situation n'était pas totalement désespérée car Esteban Rolver, directeur du port spatial, lui prêterait sûrement assistance en lui envoyant une brigade d’esclaves. Le 10 janvier, c'était ce jour même. Dans cinq minutes, Angmark allait débarquer. Thissel demanda à l'esclave depuis combien de jours il détenait ce message mais l'esclave ne comprit pas. Alors Thissel dut répéter sa question en chantant. L'esclave ne put être précis. Soudain, un écuyer occupant un bâtiment construit en pierre en métal portant un superbe masque de perles et d'argent apparut. Il chevauchait une bête qui ressemblait à un lézard. C'était la monture des Siréniens. Thissel se précipita pour intercepter Angmark. Le souffle court, Thissel fit halte devant l'écuyer et saisit son kiv Le kiv n'était peut-être pas l’instrument approprié. Pourrait-on considérer qu'il s'agissait d'un entretien personnel et familier ? Mais quand il voulut commencer un accord, il se rendit compte qu'il avait écrit par erreur son ganga. Ses relations avec l'écuyer n'avaient aucun caractère d'intimité ! Il espérait que l'écuyer serait de bonne composition car il n'avait pas le temps de choisir l'instrument convenable. Il claqua un autre accord et chanta une demande de monture rapide sur-le-champ. L'écuyer lui répondit en utilisant un instrument qui symbolisait la froideur et la désapprobation. Il lui répondit que ses coursiers ne pouvaient convenir à une personne de sa distinction. Thissel insista mais il n'obtint pas gain de cause. Alors il s'élança en courant vers le terrain spatial.
2
Le dernier attaché consulaire des planètes mères sur Sirène avait été tué à Zundar. Il s'était déguisé en spadassin de taverne et avait accosté une jeune fille qui portait la tenue enrubannée réservée aux Attitudes Equinoxiales. C'était une faute de savoir-vivre qui lui avait valu d'être décapité sur le champ. Thissel avait été récemment diplômé de l'Institut et avait été désigné pour lui succéder et on lui avait accordé trois jours pour se préparer.
Il avait considéré cette nomination comme un défi à relever. Il avait appris le sirénien. Puis il tomba sur un article de la Revue d'Anthropologie Universelle. Il était décrit les moeurs des Siréniens. Ainsi le discours de ce peuple était chanté et le sujet parlant s'accompagnait d'un petit instrument de musique. Il était par conséquent fort difficile d'évaluer l'objectivité d'une information factuelle donnée par un indigène de Fan ou de la cité interdite de Zundar.
L'étranger qui se rendait sur ce monde devait donc apprendre à s'exprimer conformément à la coutume locale en usage. La population vivait dans l’abondance et possédait un solide fond d'énergie raciale. Elle avait la passion de la complication. Cette complexité se voyait dans le symbolisme des masques portés par les Siréniens mais aussi dans le langage chanté capable de reproduire les états d'âme et les émotions subtiles.
Le Strakh représentait la complexité fantastique des rapports personnels comme le prestige, le rang, le standing, la réputation… Il n'existait pas de moyens d'échange sur Sirène : la seule et unique monnaie était le Strakh.
La philosophie sirènienne professait que l'apparence d'un homme ne devait pas lui être imposée par des facteurs échappant à son contrôle. L'homme devait donc avoir l'aspect qui s'accordait le mieux à son Strakh. Cela expliquait la présence des masques. Le visage était considéré comme un secret essentiel.
Thissel acheva ses préparatifs et le lendemain il s'embarqua à bord du Robart Astroguard.
Il fut accueilli par Esteban Rolver à son arrivée. Esteban lui ordonna de mettre son masque. Thissel obéit mais le masque qu'il avait choisi ne convenait pas à Rolver. Thissel s'était procuré la copie d'un masque du musée de Polypolis. Rolver lui expliqua que ce masque était utilisé pour certaines cérémonies par des personnes jouissant d'un prestige immense comme des princes ou des héros.
Rolver portait un masque signifiant que son prestige était sans valeur. Il recommanda à Thissel d'en porter un du même genre. Thissel voulut savoir ce qui lui serait arrivé en gardant ce masque. Rolver répondit qu'il aurait été immédiatement tué. Rolver lui donna un masque représentant un papillon de lune. Puis il lui conseilla de ne rien prendre dans les boutiques tant qu'il ne connaîtrait pas la contrepartie en strakh de l'article qu'il souhaiterait acheter. Le marchand perdrait son prestige si une personne dont strakh était faible emportait son oeuvre la plus belle. Il le rassura en lui disant qu'au bout d'un an ou deux il finirait par savoir se débrouiller.
Il lui explique également que seuls les esclaves chantaient sans accompagnement. Il lui conseilla de se mettre le plus rapidement possible à l'étude de l'hymerkin pour s'adresser à ses esclaves, du ganga pour les conversations intimes ou avec les gens à peine inférieurs à lui en strakh, le kiv pour les relations banales, le zachinko pour les rapports plus officiels, le strapan pour s'entretenir avec ceux qui lui seraient socialement inférieurs ou pour insulter quelqu'un et le kamanthil pour les cérémonies.
Enfin, il lui conseilla de trouver une maison flottante et des esclaves.
Rolver conduisit Thissel jusqu'aux docks de Fan. Il le présenta à Welibus leur agent commercial. Il n'y avait que quatre étrangers à Fan. L'agent commercial fournit à Thissel une maison flottante une vingtaine d'instruments de musique et deux esclaves.
L'agent expliqua à Thissel que la maison flottante était en mauvais état mais pour le moment les considérations de standing n'existaient pas pour lui. Il lui fallait simplement un logis confortable qui le mettrait à l'abri des nocturnes, des cannibales qui écumaient le rivage, la nuit. Welibus conseilla à Thissel de rencontrer Kershaul, le quatrième étranger de cette planète qui était anthropologue. L'anthropologue pourrait lui fournir quelques notions élémentaires.
3
Trois mois s'écoulèrent et Kershaul enseigna à Thissel la pratique des 6 instruments de musique de base. Il avait prêté à son élève tout un choix d'enregistrements de conversations remarquables pour que Thissel puisse apprendre les conventions mélodiques courantes en usage. Thissel mouilla son bateau à huit milles au sud de Fan. Ses esclaves occupaient deux petits compartiments en avant et Thissel logeait dans les cabines arrière. Il n'aurait voulu se procurer un troisième esclave, une jeune esclave mais Kershaul ne lui avait déconseillé. Son professeur redoutait qu'une présence féminine ne nuise à son assiduité. Le voyage hebdomadaire à Fan rompait la routine. C'était l'occasion pour Thissel de rencontrer Welibus pour chercher conseil. C'est alors qu'il avait reçu le message concernant l'arrestation d'Angmark. Il pensait avoir perdu Angmark. Sur son chemin il ne rencontra que quatre personnes : un petit garçon, deux jeunes femmes et un homme. Il s'avança hardiment vers l'homme et dit dans la langue des planètes mères : « Angmark, vous êtes en état d'arrestation ». L'homme s'arrêta surpris et reprit sa marche. Thissel le suivit et il utilisa son zachinko pour demander à l'inconnu ce qu'il avait vu au port spatial. L'inconnu saisit un instrument qui servait à tourner en dérision l'adversaire sur le champ de bataille. Il répondit que l'endroit d'où il venait et ce qu'il y avait vu ne regardait que lui. Il menaça Thissel. Puis il s'en alla. Il était peu vraisemblable que ce soit Angmark car il savait utiliser avec une technique trop sur le cor main. Thissel retourna au port spatial. Il y rencontra Rolver. Il lui demanda pourquoi il n'avait pas retenu Angmark à Fan. Rolver répondit qu'il n'avait pas le pouvoir, ni le désir de l'arrêter.
Puis Thissel lui raconta avoir rencontré un homme qui portait un masque représentant un gnome des forêts. Rolver confirma que Angmark avait apporté ce masque avec lui. Il expliqua que l'homme recherché avait habité cinq ans à Fan ce qui lui avait permis d'apprendre à jouer du cor. Il avait été attaché commercial avant Welibus. Thissel demande une arme à Rolver. Mais Rolver ne pouvait lui prêter qu'un pistolet à énergie dont il ne connaissait pas le niveau de charge. Rolver supposait qu'Angmark resterait quelques jours à Fan pour rafraîchir sa technique musicale.
Thissel se rendit au bureau de Welibus. Il le salua mais Welibus ne répondit pas en utilisant un instrument qui convenait pour s'adresser à un ami. Il avait utilisé un autre instrument. Thissel lui demanda s'il avait vu passer un homme portant un masque de gnome des forêts. Welibus acquiesça. Il désigna une boutique de masque où l'étranger était entré. Welibus voulut savoir qui était cet étranger et Thissel chef répondit que c'était Angmark. Pour Welibus c'était une mauvaise nouvelle car il considérait Angmark comme un coquin sans scrupule.
Il dit à Thissel qu’Angmark avait détourné 4000 crédits par mois. Il espérait que Thissel pourrait le capturer. Thissel se rendit dans la boutique de masques. L'artisan poursuivit son travail après avoir constaté que Thissel ne portait pas un masque prestigieux. Thissel choisit d'utiliser un strapan pour s'adresser au commerçant. Ce n'était peut-être pas des plus heureux car cet instrument exprimait une certaine condescendance. Mais l'artisan répondit qu'il ne souhaitait pas perdre son temps à échanger des banalités avec des gens dont le prestige était moyen. Thissel insista encore mais l'artisan s'empara d'un cimeterre et ordonna à l'intrus de s'en aller. Mais Thissel redemanda si un homme portant un masque de gnome des forêts était entré dans cette boutique et en était ressorti avec un autre masque. L'artisan menaça encore Thissel alors ce dernier s'en alla.
Un étranger aborda Thissel. Il portait un masque représentant un hibou des grottes. C'était le symbole de l'érudition et de la patiente exploration des idées. Kershaul le portait lors d'une de leurs rencontres précédentes. Thissel exposa la situation. Alors Kershaul il raconta qu’Angmark avait un faible pour le cycle Exo-Cambien et il utilisait un jeu tout entier d'hôtes des régions infernales. Thissel se demandait si les gens se souciaient du fait qu'un meurtrier en liberté rôdait sur les quais. Kershaul lui expliqua que les Siréniens détestaient se mêler des affaires d'autrui. Il lui rappela qu'ils n'étaient que quatre étrangers à Fan et que les Siréniens étaient capables de les détecter. Aussi Thissel finirait bien par avoir des nouvelles d’Angmark.
Tout à coup, ils aperçurent un homme qui portait un masque de gnome. Des forêts qui descendait l'esplanade. Thissel le poursuivit et lui ordonna de s'arrêter. Mais ce n'était pas Angmark et l'homme, se sentant injurié, demanda vengeance si Thissel était incapable de prouver ses assertions. Mais Thissel lui ordonna de retirer son masque. La foule s'était regroupée autour d’eux pour assister à la scène. L'étranger sortit une arme tandis que Thissel recula. Kershaul se confondit en explications et en excuses modulées. Il conseilla à Thissel de s'enfuir. Thissel retourna dans sa maison flottante. Ses esclaves se levèrent avec une désinvolture inaccoutumée. Toby murmura quelque chose à voix basse et Rex réprima un rire étouffé. Thissel leur ordonna de jeter l'ancre. Il envisagea de retourner voir Kershaul pour étudier avec lui le moyen de localiser Angmark. Il lui faudrait également se procurer un nouveau masque. Tout à coup, un esclave heurta la porte. Thissel ajusta précipitamment son masque.
4
Le lendemain, Thissel vit arriver Welibus puis Rolver sur le quai. Un homme remit un message Rolver. Rolver avait l'air surpris et agité. Il désigna le bateau de Thissel. Puis il s'en alla après avoir salué son interlocuteur. L'interlocuteur de Rolver se dirigea vers le bateau de Thissel. L'étranger annonça à Thissel qu'il avait ordonné à ses esclaves d'attacher un cadavre à son bateau. Thissel vérifia et c'était vrai. Rien ne permettait de se faire une idée de la cause du décès. Thissel pensa que c'était le cadavre d'Angmark. En effet, les trois autres étrangers venaient de passer sur le quai. Il ordonna à ses esclaves de commander un cercueil décent et de conduire le mort en un lieu de repos convenable. Puis Thissel se rendit au port spatial. Il envoya un message à Cromartin pour l'avertir qu'il devait trouver un cadavre qui était peut-être Angmark. Il attendit Rolver pendant une heure en vain. Finalement, Rolver fit son apparition. C'est lui qui se chargera de recueillir la réponse au message que Thissel avait envoyé. Cromartin avait répondu que le cadavre trouvé n'était que celui d'Angmark. Thissel était accusé par son supérieur d'indiscipline pour ne pas avoir arrêté Angmark. Ordre lui était donné de rentrer à Polypolis. Thissel prit congé de Rolver et retourna à Fan. Il retourna voir Welibus pour lui demander quelle était la couleur de ses cheveux comme il l'avait déjà fait avec Rolver. Rolver était blond et Welibus était brun. Thissel était à la recherche d'un homme aux cheveux noirs, Angmark. Thissel prit la direction des docks où se trouvait la maison flottante de Kershaul. Lui aussi avait les cheveux noirs. Thissel lui expliqua qu'il voulait savoir par simple curiosité. Mais cette explication ne suffit pas alors Thissel ajouta qu'il avait découvert un cadavre dans le port. Les cheveux du mort étaient bruns et il y avait deux chances sur trois pour que les cheveux d'Angmark soient noirs. Thissel supposait que Angmark avait pris l'identité de Rolver pour falsifier les renseignements qui lui étaient arrivés le matin même. Kershaul n'avait pas Welibus et Rolver sans leur masque et ne pouvait confirmer à Thissel qu'ils avaient les cheveux noirs. Thissel avait aussi les cheveux noirs. Il devenait lui-même suspect. Mais il avait une raison personnelle de retrouver Angmark. Sa carrière était en jeu. Thissel demanda à Kershaul un de ses esclaves. Kershaul accepta. L'esclave s'appelait Anthony. Il fut interrogé longuement par Thissel qui lui demanda de ne pas dire un mot de cet interrogatoire et il le confia à Rex et Toby auxquels il donna pour instructions d'éloigner le bateau du quai et de ne laisser entrer personne. Après quoi, il retourna au port spatial. Il rencontra Rolver et lui demanda de l'aider dans son enquête. Il lui demanda de lui prêter un de ses esclaves. Rolver lui demanda pour quelle raison mais Thissel ne voulait pas lui en dire davantage. Rolver accepta. Il se rendit ensuite chez Welibus pour lui demander également un esclave et Welibus accepta. Thissel emmena les esclaves chez lui pour les interroger.
Thissel avaient pour ordre de rentrer à Polypolis. Il ne lui restait que neuf jours pour terminer son enquête.
8
Il rendit quotidiennement visite à Rolver, Welibus et Kershaul. Chacun des trois hommes réagissait de façon différente à sa présence. Rolver était sarcastique et irascible, Welibus cérémonieux et Kershaul faisait preuve d'un détachement impersonnel dans la conversation. Avec une brutale franchise, Rolver demanda à Thissel s'il souhaitait retenir une place à bord du Buenaventura et Thissel accepta. Mais ce n'était pas pour rentrer. C'était pour Angmark. Thissel se rendit ensuite chez Welibus et chez Kershaul. Ensuite il retourna dans son bateau et ajouta trois dernières annotations sur son tableau. Le lendemain serait le jour décisif. Il ne pouvait se permettre de commettre des erreurs. Le lendemain, Thissel observa le bateau de l'homme qui avait été tué par Angmark. Angmark était sur le gaillard d'avant. Il portait un masque que Thissel voyait pour la première fois : un assemblage de plumes écarlates, d'un morceau de verre noir et de fourrure verte. Thissel descendit sur le quai et entra dans le bateau d'Angmark. Mais quelqu'un l'assomma et il s'écroula. Il fut désarmé. Angmark portait le masque du Dompteur de Dragons.
Angmark se réjouissait d'avoir piégé aussi facilement Thissel. Il lui demanda comment il avait réussi à le repérer. Thissel répondit qu'un homme pouvait masquer son visage mais il ne pouvait masquer sa personnalité. Ainsi, quand il avait demandé aux trois hommes de le lui prêter un esclave, ils n'avaient pas tous réagi de la même façon. Il avait ensuite interrogé les esclaves pour savoir quels étaient les masques que leurs maîtres avaient portés le mois précédent l'arrivée d’Angmark. Rolver avait porté le masque de l'oiseau lacustre, la plupart du temps mais aussi l'abstraction sophiste ou le complexe noir. Welibus avait arboré le masque de Chalekun, du Prince intrépide ou du Grand maritime. Et les des autres jours, c'était le vent du Sud ou le Gai compagnon. Kershaul avait préféré le Hibou des grottes, l'Errant des étoiles et deux ou trois modèles qu'il n'avait porté qu'à de rares intervalles.
Angmark comprit quelle avait été son erreur. Parmi les masques de Welibus, il avait choisi ceux qu'il préférait. Kershaul et Rolver descendirent à terre et passèrent devant le bateau d’Angmark sans s'arrêter. Angmark arracha le masque de Thissel. Angmark retira son propre masque pour enfiler le Papillon de lune de Thissel. Il ordonna à ses esclaves de conduire Thissel sur le quai. Angmark lui attacha une corde autour du cou. Il lui annonça qu'il serait ait désormais Thissel tandis que Thissel serait pris pour Angmark. Angmark enverrait un rapport à Polypolis annonçant la mort d'Angmark. Les Siréniens étaient stupéfaits de voir Thissel sans son masque. Thissel était humilié et il se mit à pleurer. Angmark appela les siréniens pour qu'ils regardent le criminel des mondes extérieurs et qu’ils assistent à son exécution. Thissel s'écria qu'il n'était pas, qu'il était Thissel. Mais nul ne l'écoutait. Soudain un gnome des forêts se planta devant Angmark. Thissel fut libéré. Il en profita pour cacher son visage et observa ce qui se passait. Quatre hommes avaient maîtrisé Angmark car il portait le masque du papillon de lune.. Angmark accusa Thissel d'avoir commis des assassinats et le naufrage de plusieurs vaisseaux. Mais le gnome l'interrompit et l'écuyer s'avança à son tour pour accuser le papillon de lune d'avoir prétendu exercer un droit de préemption sur la plus précieuse de ses montures. Un autre personnage qui portait le masque d'expert universel accusa le Papillon de lune à son tour. La foule demanda la mort pour l'étranger. Angmark fut exécuté. Le gnome reconnut le courage de Thissel et l’Ecuyer en fit de même. La foule approuva dans un murmure. Le fabricant de masque proposa à Thissel de venir dans sa boutique pour chercher un masque digne de ses vertus. Un homme arborant le masque de l'Oiseau céleste lui offrit une somptueuse maison flottante qui représentait 17 années de labeur. Le fabricant de masques lui offrit un masque du Conquérant du Dragon des mers.
Le Roi de Nivôse (Ursula Le Guin).
Le jeune roi voulait abdiquer. Il était accompagné d'un conseiller appelé Rebade. Son peuple se révoltait alors il allait ordonner à la Garde d'Erhenrang de tirer sur la foule. Rebade lui annonça qu'un complot contre sa vie avait été découvert dans l'Ecole des artisans.
Le garde Pepenerer vit avancer vers elle un ivrogne à moitié nu qui tentait de se dérober et glissa sur les pierres gelées de la chaussée. Elle lui administra une décharge paralysante. L'inconnue n'était pas ivre mes droguée.
Le roi Argaven chassait dans les montagnes depuis quelques semaines. Tous les bulletins d'information l'avaient annoncé.
Il y avait en Karhaïde et en Orgoreyn des conditionneurs experts. C'était des mentalistes ou des médecins qui pouvaient se procurer des drogues illégalement. Le seigneur Gerer avait demandé conseil à un médecin pour savoir ce qui était arrivé au roi. C'était le printemps sur Nivôse. La journée était douce car le thermomètre ne marquait que quelques degrés au-dessous de zéro. Pourtant en dehors des colonies arctiques situées au-delà du 35è parallèle, le chauffage central n'avait jamais été installé au cours de nombreux siècles de l'Ere technologique. Pendant 13 jours, l'esprit du roi avait souffert le martyre : intimidation, épuisement, manipulation. Les drogues avaient certainement des répercussions à des séquelles sur son cerveau. Avant de mourir feu le roi Emran avait parlé avec une voix d'enfant. Les fonctionnaires chargés de faire diffuser un nouveau bulletin de santé furent informés de l'état du roi par des chuchotements. On annoncerait que le roi avait été expédié d'urgence à Erhenrang où sa guérison était en bonne voie. Des centaines de personnes attendaient patiemment dans la neige devant le palais dans l'attente du prochain bulletin. Après la sombre brutalité du règne d'Emran qui s'était terminée tragiquement par la folie du roi et la banqueroute du pays, Argaven XVII était très aimée dans son domaine. Le roi demanda à son conseiller Gerer de réunir le Conseil. Il voulait abdiquer. Il fallait temporiser. Le conseiller plus tranquillisait le roi.
Bien plus tard, le roi paraissait parfaitement remise. Mais ce n'était qu'une illusion car il lui manquait une certaine sérénité de la jeunesse une certaine confiance en soi. Mobile Axt, l'ambassadeur plénipotentiaire de l'Ekumen des mondes connus avait gagné rapidement la Salle des audiences pour parler au vieux conseiller Gerer. Il avait appris que le roi était parfaitement rétabli. Mais le vieux conseiller lui répondit que le roi n'avait jamais été malade. Il ajouta que parfois le roi sortait seul la nuit pour parler à des étrangers. Une nuit, six semaines plus tôt, le roi n'était pas rentré. Un message avait été envoyé à Gerer. Si on annonçait la disparition du roi, il serait tué. Le message précisait que le roi serait restitué sain et sauf si le silence était gardé pendant 15 jours. Alors le silence avait été observé et le Conseil avait diffusé de fausses nouvelles. La nuit du 13e jour, on découvrit le roi errant dans la cité. Elle avait été droguée et conditionnée. Mais le Conseil ne pouvait pas détruire la confiance du roi en elle-même. Le conseil supposait qu'on avait brisé la volonté du roi et concentré son esprit sur cette idée fixe : elle devait abdiquer. L'ambassadeur plénipotentiaire se demandait ce qu'augurait l'accueil du roi. Il observa d'un coeur allègre le beau visage mobile de l'androgyne.
Le roi s'abstint du discours poli auquel s'attendait. Il dit à Axt qu'un de ses ancêtres avait observé que les bigots pullulaient en Orgoreyn et qu'il était heureux de voir l'ambassadeur trouver l’air de Karhaïde plus frais. Il évoqua son enlèvement qui avait été conforme aux règles du jeu. Il pensait qu'il avait été enlevé par une des vieilles factions claniques dont le but était de recouvrer le pouvoir qu'elle avait exercé. Il ne pouvait plus se rappeler le visage de ses kidnappeurs car sa mémoire avait été effacée. Il annonça à l'ambassadeur qu'il avait l'intention d'abdiquer. L'ambassadeur voulut savoir qui lui avait mis cette idée en tête. Le roi répondit que c'était lui-même.
Il avait eu cette idée pendant son enlèvement car il ne voulait pas être utilisé comme un pion. L'ambassadeur connaissait bien les moeurs sociales et politiques de Karhaïde.
La Karhaïde avait fait preuve de loyalisme comme membre de l'Ekumen. Les rapports de l'ambassadeur étaient discutés dans les conseils centraux de l’Ekumen. L'ambassadeur demanda au roi de à qui il avait songé comme successeur. Le roi répondit qu'il avait songé à Gerer. Gerer avait été régent pendant un an après la mort d'Emran. L'ambassadeur connaissait son honnêteté. L'ambassadeur savait que Gerer n'avait été au service d'aucune faction. Le roi demanda à l'ambassadeur si la science de son peuple pouvait défaire ce qu'on lui avait fait. Axt répondit que c'était possible mais pour celle il faudrait faire venir un spécialiste qui mettrait 24 ans à arriver.
Le roi avait deviné que son hôte était mort de faim et il avait fait venir à manger par un serviteur. Le roi fit dériver l'entretien vers des considérations générales. Il lui demanda s'il était vrai qu'ils avaient des origines communes. L'ambassadeur répondit que tous les êtres qu'il avait rencontrés était des humains mais que leur parenté remontait à plus d'un million d'années à l'époque où leurs ancêtres communs avaient essaimé dans des centaines de mondes.
Le roi répondit que le rêve de l'Ekumen était de restaurer la communauté véritablement ancienne et de regrouper tous les peuples de tous les mondes en un foyer unique.
L'ambassadeur acquiesça. Il ajouta que c'était leur variété qui faisait leur beauté. Si on fusionnait tous les mondes si divers cela engendrerait un tout harmonieux. Mais le roi pensait que tout harmonie était éphémère. Le roi dit à l'ambassadeur qu'il avait besoin de lui car il était le pion que ses adversaires avaient négligé. Il ne pouvait abdiquer contre la volonté du Conseil. Il ne voulait pas régner car cela signifiait faire le jeu de ses ennemis. Dans le cas où l'ambassadeur refuserait de l'aider, il se tuerait. Axt savait ce qu'il pouvait coûter à un Karhaïdien de se suicider. C'était considéré comme un acte méprisable. L'ambassadeur était présent sur cette planète depuis sept ans et il n'était accompagné que d'une poignée de collaborateurs. Il ne voyait pas comment il pouvait aider le roi. Le roi souhaitait que l'ambassadeur lui prête son vaisseau. Mais l'ambassadeur lui répondit que son vaisseau était programmé pour Olloul. Cela signifiait que le roi devrait échapper à son temps. L'ambassadeur ne voulait pas y consentir.
Le roi entra dans une pièce qui était pour elle le centre de tout et où se trouvait son bébé. Il lui mit au cou une chaîne où pendait une bague sur laquelle était gravée le sceau des seigneurs de Harge. Le roi ne pouvait emmener son bébé avec elle. Emran devrait régner à sa place. Le roi sortit du palais et se dirigea vers le port. Elle arriva au but de son voyage deux fois plus âgée mais ayant vieilli d’un jour à peine. Elle était sur Olloul. Axt avait annoncé son arrivée par transmetteur instantané 24 ans auparavant ou 17 heures selon le point de vue adopté. Les agents de l'Ekumen étaient là pour l'accueillir. Un des représentants de l’Ekumen avait passé sur les 24 à apprendre le Karahaïdien. Argaven s’empressa de lui demander des nouvelles de son pays. Il apprit que la régence de Gerer fut paisible et après une dépression, l’économie avait été stabilisée. Son héritier avait été couronnée à l’âge de 18 ans et régnait depuis sept ans. Le roi accepta que des spécialistes explorent sa mémoire. Ils découvrirent qu’on lui avait implanté une paranoïa artificielle pour le transformer en tyran. Rebade aurait dû entrer dans ses bonnes grâces pour ce faire. C’est, le médecin mentaliste Cétien qui le lui expliqua. Le roi avait bien fait d’abdiquer. Le roi accepta de recevoir des enseignements au Bureau Central de l’Ekumen. Le roi avait conscience d’être barbare, ignorante et sotte. Elle était la seule élve androgyne et ancien roi. Le roi ne trouva pas si terribles de vivre avec des êtres unisexués. La seule chose qui la gênait c'était la chaleur car sur cette planète il faisait 35°. Elle regrettait le froid de Nivôse. Elle apprit beaucoup de chose mais savait qu’Olloul était nommé la Terre en ce monde et que son monde à elle était nommé Nivôse au lieu de la Terre.
Elle apprit que les unisexués, qu’elle avait du mal à ne pas considérer comme des pervertis sexuels, avaient tout autant de mal à ne pas voir en elle une pervertie sexuelle. La technologie de l'Ekumen et son vocabulaire permirent au roi de comprendre la nature et l’histoire d’un royaume vieux de plus d’un million d’années à l’étendue de milliers de milliards de kilomètres. Mais on ne lui permettait pas toujours d’aller aussi loin qu’elle aurait voulu en mathématiques et physique cétiennes. Ses professeurs l’appelaient Monsieur Harge. Un ethnographe, M. le Mobile Gist lui dit qu’il aurait fait un bon roi pour Nivôse car elle avait le sens de l’équilibre et n’aurait pas terrorisé le pays comme le faisait le roi actuel. Au bout de douze ans, Argaven voulut rentrer chez elle quitta l’Ekumen en parfaite harmonie.
Elle fut accueillie par l’ambassadeur Horrsed et un groupe de Karhaïdiennes. Le roi s’adressa à une vieille Karhaïdienne, Ker rem Kerheder. Le roi se présenta. Bannith, la garde du palais se présenta au roi et d’autres se courbèrent pour saluer Argaven. Elles crièrent « Vive le roi ! ». Pourtant c’était toujours Emran qui régnait.Le roi demanda à Horrsed ce qu’il s’était passé. Elle était venue comme collaboratrice de l’Ekumen et non pour reprendre son trône. Horrsed lui expliqua que Emran avait rompu les relations diplomatiques avec l’Ekumen depuis un an. Des agents de l’Ekumen avaient suggéré à Horrsed une révolution de palais. Les Karhaïdiennes emmenèrent le roi vers le Pays de Kerm où le peuple se révoltait contre Emran. Emran avait perdu le Ponant et la capitale de son pays cédés aux Orgota.
Emran n’avait pas enfanté d’héritière. Pourtant elle avait engendré six enfants et désigné Girvry Harge comme héritière.
Emran se suicida lors de la révolte. Argaven lui retira la bague du doigt. Puis elle se ravisa. Il lui restait à mettre sa maison en ordre : Argaven, roi de Nivôse.
Les chasseurs (Daniel F. Galouye).
Les voyageurs avaient réussi à se poser près d'une des innombrables agglomérations rurales. Le pays allait grouiller de ratons zaortiens qui continuaient de se déverser dehors par les écoutilles du vaisseau. Gene Mason se plaignit auprès de Kent Cassidy d’une perte de 10 000 crédits sur la cargaison. Les voyageurs ne savaient pas où ils se trouvaient car le stabilisateur directionnel avait sauté. Ils aperçurent une somptueuse demeure à proximité. Un humain se penchait sur la clôture et il se mit à crier en direction du vaisseau. Il menaçait les voyageurs de les tuer s'ils ne s'en allaient pas. Les voyageurs comprirent son langage. Dans le ciel il y avait trois soleils. Pourtant il n'existait aucun système triple qui fût colonisé. Cassidy espérait que la cargaison de ratons pourrait servir comme objet d'échange pour permettre de réparer le stabilisateur. Il s'avança vers l'indigène qui se montrait de plus en plus frénétique. Une jeune fille apparue. Elle demande à son père à propos de quoi il criait. Il ordonna à sa fille de déclencher le signal d'alarme. Cassidy avait pensé que l'homme était de descendance terrienne. À présent, avec l'apparition de Riva, la jeune fille, il était certain que ce monde était peuplé de véritables humains.
Cassidy annonça à la jeune fille qu'il venait de la Terre, le monde originel. Elle leur proposa de venir jouer. Le père de la jeune fille ordonna à quelqu’un de charger. Cassidy se retourna et aperçut au loin un véhicule qui flottait à quelques mètres du sol. Un jeune homme était lancé à sa poursuite. La jeune fille demanda à Cassidy s'il était chasseur. Cassidy répondit non. Le père ordonna encore à Cassidy ni de s'en aller. À ce moment-là, deux ratons chargèrent la clôture. L'instant d'après, 1 tonne d'eau se déversa sur l'indigène bavard, les deux ratopns, Riva et Cassidy. Les animaux s'élancèrent à l'abri des buissons pendant que le père et la fille plongèrent dans la haie. Cassidy, trempé, regagna son vaisseau en se demandant à quel étrange phénomène météorologique il venait d'avoir affaire. De son vaisseau, Cassidy observa la douzaine d'hommes et de femmes qui traversaient le pré en courant et criant.
Un indigène se permit d’uriner sur le vaisseau de Mason et cassidy. Mason pensait qu’ils feraient mieux de remettre en état le stabilisateur directionnel. Les indigènes parlaient en inversant l’ordre des mots dans leurs phrases et Cassidy commençait à les imiter sans s’en rendre compte. Ils retournèrent voir Riva pour lui demander de visiter sa maison. Elle leur proposa à nouveau de jouer. Mason aperçut une créature sinistre supportée par cinq ou six pattes qui traversait le champ. Riva le rassura. La créature était tenue en laisse par un indigène. Elle leur proposa de tenir eux-aussi une de ces créatures. Le père de Riva hurla encore contre Mason et Cassidy jusqu’à ce que sa fille arrive à le convaincre de laisser les voyageurs visiter la maison. Les voyageurs virent des objets aux formes bizarres et au rôle inconnu. Le vieil homme se mit à casser des objets. Mason se dit qu’il devait être cinglé. Riva lui expliqua que son père s’amusait. Cassidy aperçut un écran gris avec des boutons et un cadran. C’était une sorte de télé que le vieil homme cassa devant les voyageurs. Cassidy sut au moins que ce peuple connaissait l’électronique.
Cassidy vit dans le pré un monstrueux appareil qui volait et détruisit un tas de débris d’un trait de lumière. Mason demanda à Cassidy de trouver un moyen de contacter les autorités tandis que lui retournerait au vaisseau. Cassidy retourna vers riva. Il se dit que Riva et son père devaient avoir une signification ainsi que ce domaine somptueux et ces indigènes qui faisaient un sport de cette chasse aux engins glisseurs et aux femmes voluptueuses. Il demanda à Riva de contacter ses chefs. Mais elle répondit qu’elle n’avait jamais été en ville. Il rejoignit Mason et lui proposa de chercher ceux qui avaient créé les engins glisseurs. Mais un de ces engins détruisit leur vaisseau.
Mason et Cassidy ne virent pas ce qu’il leur restait d’autre à faire que jouer avec Riva.
Ancien Testament (Jerome Bixby)
Ray Caradac amena un bébé sirien à Mary Caradac. Tous deux faisaient partie du Groupe d’Exploration Extra-terrestre 2-861. Ils avaient visité Sirius IV pendant deux heures et cela avait suffi à Ray. Comme le bébé ne pouvait marcher, Mary pensait que quelqu’un l’avait amené dans leur vaisseau. Ray avait trouvé le bébé sous son lit. Mary alla voir ce qu’il y avait d’autre et trouva des plantes de Sirius que le bébé mangea. Qulqu’un avait laiisé ces lantes dans un panier avec le bébé. Les Caradac avaient ordre de ne pas interférer avec les extraterrestres. Mary pensait que le bébé devait être ramené sur Sirius pour ne pas mourir. Ray ne voulait pas violer les règles en retournant sur Sirius mais Mary insista et il céda.
C’était le père du bébé qui l’avait caché dans le vaisseau parce qu’un prêtre voulait tuer le bébé et car sa mère était morte et aucune autre mère ne pourrait lui donner à boire.
Ray ramena le bébé dans son village. Il se cacha dans les broussailles pour voir ce qu’il se passerait. Il y eut un grand rassemblement autour de l’enfant. Ray crut voir un éclair de lumière blanche et sans fumée. Ray se demandait si leur intervention laisserait des traces. Huit mois plus tard, Ray et Mary arrivèrent sur une autre planète. Ray remarqua qu’il avait perdu sa torche électrique. Mary comprit que c’était le bébé qui avait dû lui prendre.
Le père du bébé crut que les dieux avaient ramené son enfant. Le prêtre qui avait affirmé que le bébé avait été volé pour être mangé par les dieux fut tué par les villageois. Le bébé devint le guide de son peuple et conduisit celui-ci hors de la vallée pour lui apprendre à aimer…
Boulevard Alpha Ralpha (Cordwainer Smith)
Les premières années de la Redécouverte de l’Homme, les gens étaient ivres de bonheur, surtout les jeunes. Le cauchemar de la perfection avait amené leurs ancêtres au suicide. Puis, sous la conduite du Seigneur Jestocost et de Dame Alice More, les civilisations anciennes se levaient comme de grands continents de l’océan du passé.
Le narrateur fut le premier homme depuis 16000 ans à coller un timbre sur une lettre. Il conduisit Virginie au premier récital de piano. Le choléra fut lâché en Tasmanie et les Tasmaniens dansèrent dans les rues car il n’était plus question de les protéger.
Partout, les hommes et les femmes travaillèrent à construire un monde imparfait. Le narrateur entra à l’hôpital pour devenir Français comme Virginie. Dès lors, ils ne sauraient plus quand viendrait l’heure de leur mort. Autrefois, le gouvernement fixait le nombre d’années à vivre pour chaque individu. Sans dispositif de sécurité et avec le retour des maladies, le narrateur comptait sur l’espoir, l’amour et la chance pour vivre longtemps. Il était libre.
Les gens comptaient sur Seigneur Jestocost et Dame Alice More pour qu’ils se comportent envers eux en amis et qu’ils ne servent pas d’eux comme de jouets.
Le narrateur avait rencontré Virginie à l’hôpital quand ils étaient devenus Français. Il fut agréablement surpris de rencontrer une vieille amie. Il l’avait connue sous sa précédente identité, Menerima. Ils se parlaient en français à présent. Virginie avait reçu les mêmes souvenirs que lui. Ils évoquèrent donc la Martinique. Virginie savait que l’on pouvait voir l’île depuis Terraport, ville où se trouvaient le seigneurs qui travaillaient au milieu des machines. Virginie dit au narrateur que sa tante l’avait menée au l’Abba-dingo pour obtenir la sainteté et la chance. C’était un ordinateur disposé à mi-hauteur de la colonne de Terraport. Les gens s’y rendaient parfois en pèlerinage. Le vieux moi du narrateur en fut offusqué car c’était considéré autrefois comme une pratique vulgaire. Le narrateur n’était pas à l’aise car il ne s’était jamais éloigné à plus de 20 minutes de marche de son lieu de naissance, il se promenait avec Virginie au premier étage souterrain où vivaient les hominidés (venus des étoiles mais d’ascendance humaine) et les homuncules (élevés à partir d’animaux et dotés de l’apparence humaine qui étaient chargés des corvées).
Les hominidés se permettaient volontiers les plus grandes libertés. Il existait un homme-chien philosophe qui avait affirmé avoir le droit d’être le plus près de l’homme qu’aucun être existant car le chien était le plus ancien allié de l’homme.
Le narrateur n’était venu qu’une fois au premier sous-sol dans son enfance. Il avait un peu peur. Il aperçut un être d’un mètre cinquante avec des cicatrices qui montraient l’endroit où avaient été ses cornes. C’était un homuncule formé à partir d’un bovidé. Il était ivre.
Le narrateur put capter ses pensées. Un nombre infime d’homoncules étaient dotés de facultés télépathiques. Ceux qui étaient chargés des travaux dans le Tréfonds où seule la télépathie était susceptible de transmettre les instructions. Le narrateur ordonna par télépathie à l’homoncule de les laisser passer. Mais l’homoncule chargea. Il ne comprenait pas le français. Au dernier moment, il évita le narrateur et Virginie. Une homoncule chat leur dit de remonter à la surface. Elle s’appelait C’mell et travaillait à Terraport. Elle leur indiqua un escalier pour remonter. Virginie était choquée d’avoir subi la promiscuité des homoncules. Elle avait plus outrée par C’mell que par le bovidé. Elle devinait que son compagnon reverrait C’mell.
Le narrateur insista pour que Virginie lui raconte ce qu’elle avait vécu avec l’Abba-dingo. Elle répondit que la machine n’avait pas parlé et que c’était une journée perdue. Elle avait obtenu la permission de lancer un bout de bois et de redescendre par le trottoir roulant.
Elle voulait faire quelque chose de français avec le narrateur et il proposa d’aller boire dans un café à deux sous-sols plus loin. Le café s’appelait Le Chat qui dort. Le narrateur ne pouvait se douter que ce café le conduirait au boulevard Alpha. Ils furent servis par un garçon-machine à la voix d’un style « vieux-Parisien ». Paul, le narrateur commanda deux bières. Le serveur parlait français et allemand prétendant être Alsacien. Virginie demanda ce que c’était que l’Allemand. Paul répondit que c’était un autre langage qui serait ressuscité l’année suivante. Elle demanda à Paul pourquoi tout arrivait si vite, son amour pour lui, son désir de vivre avec lui. Elle voulait décider par elle-même de ses sentiments. Paul répondit qu’elle n’avait pas à s’inquiéter car les Seigneurs des Instruments avaient tout programmé pour le mieux et c’est l qu’il commit la fatale erreur. Virginie éclata en sanglots. Paul n’avait jamais vu de pleurs, il en fut effrayé. Elle demanda à Paul de la laisser le quitter pour revenir d’elle-même vers lui sans que cela vienne d’un programme enregistré. Elle le lui demanda pour l’amour de dieu sans connaître la signification de ce mot. Un homme proposa de les mener dieu. Il s’appelait Maximilien Macht. Il leur expliqua que dieu était partout. Le serveur revint et demanda à Macht s’il devait le servir à cette table. Maximilien acquiesça.
Virginie demanda à Maximilien pourquoi elle était amoureuse, si les Seigneurs et les machines contrôlaient tout et comment pouvait-elle être elle-même. Maximilien répondit qu’il était Français depuis deux semaines et il savait quelle partie de lui était vraiment lui. Il pensait que sa personnalité avait été renforcée par le nouveau procédé.
Virginie demanda à Macht s’il était allé « là-bas ». Et s’il avait obtenu une réponse. Il acquiesça mais ne voulut pas en dire davantage alors elle dit que c’était une question de vie ou de mort. Macht répondit que l’Abba-dingo lui avait dit qu’il vivrait ou mourrait avec une jeune fille aux cheveux bruns déjà fiancée. Il ne savait pas le sens du mot fiancée et Virginie non plus. Paul voulait comprendre alors Virginie lui expliqua que l’Abba-dingo avait dit à sa tante douze ans plus tôt « Paul et Virginie ». Alors Macht décida d’emmener Paul et Virginie à l’Abba-dingo par le boulevard Alpha Ralpha. C’était une rue en ruine qui montait au ciel. C’était autrefois une voie triomphale par où descendaient les conquérants et montaient les offrandes. Elle était interdite au genre humain depuis cent siècles. Virginie dit à Paul que la machine leur dirait peut-être s’ils étaient eux-mêmes ou des pantins entre les mains des Seigneurs. Our la première fois de sa vie, Paul se sentit seul. Il n’avait pas confiance en Macht et ne pouvait plus se fier aux Instruments ou à la télépathie qui prévenait tous les dangers. Quelque part au milieu des nuages se trouvait l’Abba-dingo où toutes les questions recevaient une réponse. C’était du moins ce que Virginie et Macht pensaient. Macht écrasa les œufs d’un anti-oiseau et Paul remarqua le sang. Il lui ordonna d’arrêter en utilisant la Vieille Langue Populaire par la pensée et Marcht recula, surpris. Paul reçut un message venu de nulle part lui conseillant de rentrer chez lui car Macht était méchant.
Les noms des crimes oubliés (assassinat, viol, sadisme) revinrent assaillir l’esprit de Paul alors qu’il ne les avait pas connus. Il dut protéger ses pensées de la télépathie de Macht et cela le fit souffrir. Il ordonna à Macht de lui dire pourquoi il les avait emmenés ici et menaça de le tuer s’il ne répondait pas. Paul entendit une voix lui conseiller de saisir Macht par le cou et il obéit. Mais il lâcha prise et Macht lui dit qu’il n’aurait pas dû l’attaquer. Macht dit que c’était la peur qui l’avait poussé à les conduire ici. Il trouvait la peur excitante et voulait retourner en ce lieu avec quelqu’un. Il dit que les Seigneurs des Instruments avaient interdit la peur et la réalité. A présent, ils étaient libres et n’étaient lus des machines se croyant des hommes. La voix incita Paul à tuer Macht mais il n’y prêta pas attention et le regretta. Ils marchèrent. Ils étaient libres et heureux puis ils eurent faim. Virginie frappa un lampadaire or qu’il s’ouvre et lui donne à manger mais en vain. Les autres lampadaires étaient aussi vides. Macht frappa un lampadaire puis il poussa un aboiement d chien et monta la pente à toute vitesse. Virginie demanda à Paul s’il voulait rentrer. Elle était prête à renoncer à son pèlerinage pour lui faire plaisir. Paul voulut continuer et demanda à Virginie si elle avait peur. C’était le cas mais cela ne l’excitait pas contrairement à Macht. Paul frappa un lampadaire pour activer le trottoir roulant et ils arrivèrent vite au-dessus des nuages. Macht les avait retrouvés et frappa Paul à la poitrine mais ils réussirent à le semer. Paul tomba sur la chaussée et se blessa à la poitrine. Il s’attendait à être soigné par des docteurs-robots mais en regardant Virginie comprit que ce temps était révolu. Virginie lui couvrit le visage de baisers. Elle chercha Macht. Elle le vit rampant sur des câbles pour traverser. Paul frappa un lampadaire et ils poursuivirent leur chemin en trottoir roulant. Ils arrivèrent devant l’Abba-dingo. C’était une plate-forme couverte d’objets blancs, de bâtons et de boules. C’étaient des restes humains. Les squelettes. Paul n’en avait jamais vu. Sur l’une des portes on lisait « Meteorological » et « Typhoon coming ». Paul lut le mot « Food », il frappa et la porte s’ouvrit dégageant une odeur pestilentielle. La troisième porte était marquée « Help » mais quand Paul la toucha, rien ne se produisit. « Predictions » était écrit sur la quatrième porte et i était demandé d’introduire sa demande sur papier. Mais Paul ne comprit pas l’instruction écrite en anglais.
Un veston traînait parterre. Virginie ne comprenait pas pourquoi. Elle glissa sa main dans la fente au-dessous des mots ‘ »Put paper here » et se retrouva prisonnière. Soudain, elle fut libérée. Sur sa main était écrit : « Vous aimerez Paul toute votre vie ». Maintenant, elle savoit et voulut repartir. Paul voulut essayer la machine à prédiction. L glissa un morceau de tissus dans la fente. Mais un oiseau l’en empêcha alors Paul lui ordonna de partir par télépathie et l’oiseau renvoya un non par la pensée. Alors Paul frappa l’oiseau qui fut projeté au sol. L’oiseau s’envola et Paul glissa son tissu. La réponse fut : « Vous aimerez Virginie pendant vingt minutes encore ». Il laissa le vent emporter le tissu et mentit à Virginie en disant que la machine lui avait dit qu’il aimerait toujours Virginie.
Ils descendirent le boulevard Alpha Ralpha d’un pas ferme. La pluie commença à tomber. Paul dit à Virginie que les machines atmosphériques étaient brisées. Virginie rayonnait de confiance et de vie. Un oiseau frappa Paul lui envoyant un « non » télépathique. La brèche béante du boulevard était devant eux. Virginie demanda à Paul où était Macht. Elle voulait le sauver. Ils partirent à sa recherche mais les oiseaux s’en prirent à Paul. Il y eut des éclairs. Ils retrouvent Macht. Les oiseaux continuaient d’envoyer à Paul leur « non » mental. Virgine pensa à C’mell et tomba dans le vide. C’mell entra dans la pensée de Paul pour lui annoncer qu’elle était venue les chercher. Les oiseaux avaient essayé de sauver Paul car il avait sauvé leurs petits quand Macht avait voulu les tuer. C’mell frappa Paul. Elle voulait le rendre inconscient pour le transporter sur les câbles en plein typhon. Paul se réveilla dans sa chambre. Le docteur-robot lui expliqua qu’il avait subi un choc. Il proposa d’effacer les souvenirs de Paul de sa dernière journée. Paul n’avait pas l’intention de ressentir de la peur n’y de retourner au boulevard Alpha Ralpha. Il pensait à Virginie. C’mell entra et le docteur-robot s’en alla.
Pour une poignée de gloire (Cyryl M. Kornbluth)
Un millier de personnes se trouvaient au réfectoire tandis que la voix du lecteur ronronnait la leçon du jour sur le vocabulaire du peuple marin de la planète Thétis VIII. Le jeune Alen pensait à autre chose. Il fut convoqué chez le recteur. Alors il se changea pour mettre ses vêtements héraldiques. Il ne pensait pas avoir enfreint la Règle de l’Ordre. Le secrétaire lai du recteur lui apprit qu’il allait être élevé au rang de compagnon. Un étranger se trouvait aux côtés du recteur. C’était un marchand qui voulait recruter un héraut pas cher pour son voyage chez les Lyriens. Le recteur demanda 25 pour cent des bénéfices du marchand pour lui laisser Alen. Le marchand était furieux du tarif demandé mais accepta n’ayant pas d’autres choix. Seul l’Ordre étudiait les langues de la galaxie. Alen était heureux de voir les novices ôter leurs chapeaux devant lui comme s’il était le recteur quand la voiture du marchand sortit des bâtiments extérieurs du collège. Allen demanda au marchand Barbe-Noire de l’appeler héraut par respect des convenances et cela agaça le marchand. Le vaisseau du marchand s’appelait Le Chant des Etoiles. Le mécanicien aperçut Alen avec soulagement et s’empressa d’ôter sa casquette. Le héraut le salua à son tour. Le marchand ne voulait plus de ces salamalecs.
Elwon, le mécanicien dit à Alen qu’il se sentait plus en sécurité avec un héraut à bord du vaisseau. Il installa une cabine pour Alen. Alen pensa à Machiavel qui avait écrit : « Là où la volonté de vaincre est grande, il ne peut y avoir de grandes difficultés ».
La mesquinerie hargneuse de Barbe-Noire planait sur l’équipage mais Alen avait décidé de l’ignorer. Il était obligé de garder la réserve imposé ar la Règle de l’Ordre. Mais l’équipage le respectait. Jukkl, le Nettoyeur le vénérait. Barbe-Noire avait fini lui aussi par respecter Alen après l’avoir vu maîtriser les livres compliqués et les comptes et éviter ainsi au marchand de se faire piéger lors des achats. Le 5è jour du voyage, Elwon frappa à la porte de la cabine d’Alen. Il demanda au héraut de venir sur le pont. Alen demanda qu’on le laisse finir sa méditation et se rendit sur le pont ensuite. Le marchand lui annonça avoir pénétré dans un champ de détection sphérique. Le vaisseau allait être inspecté. Alen était prêt à faire ce qu’il pourrait si le marchand lui fournissait la vidéo couleur. Le capitaine d’un croiseur des douanes demanda au responsable du vaisseau de s’identifier. C’est Alen qui répondit en disant la vérité sur le nom du vaisseau et ce qu’il contenait et Barbe-Noire s’étouffa. Le douanier allait inspecter le vaisseau. Le montant des douanes devait être fixé car Le Chant des Etoiles traversait le Royaume. Alen rappela au douanier l’existence d’un traité de commerce qui permettait au vaisseau de Barbe-Noire de ne pas payer de taxe. Mais cela n’arrêta pas le douanier. Alors Alen répondit que l’équipage se battrait pour empêcher l’arraisonnement du vaisseau. Alen enverrait un message à son Ordre pour révéler ce dont lui et l’équipage avaient été victimes si le douanier tentait de piller le vaisseau. Le nom du douanier resterait alors dans les annales comme celui d’un meurtrier ayant attaqué un vaisseau désarmé. Alen dit les insultes qu’il connaissait dans la langue du douanier pour lui donner l’envie de se venger et lui démontrer qu’il pourrait faire la même chose pour tous les hommes de son équipage. Ainsi le douanier pourrait envoyer ses hommes avec l’ordre de ne pas tuer, Alen les mettrait dans un état de rage meurtrière. Le douanier céda et laissa Le Chant des Etoiles poursuivre sa route.
Barbe-Noire se découvrit sans un mot. Le vaisseau se posa sur la Lyre. Alen salua des officiels portuaires. Le chargement fut transporté au hangar des douanes. L’équipage reçut l’ordre d’enlever tous les objets métalliques qui se trouvaient dans ses vêtements et de les enfermer dans le vaisseau pour éviter la contrebande du métal qui manquait sur Lyre. Alen et Barbe-Noire furent emmenés en ville par un chauffeur qui leur demanda s’ils avaient du métal à vendre. Lyre ne connaissait pas l’électricité ni l’aviation à cause de l’absence de métal. L’introduction du métal pouvait mettre au chômage ceux qui employaient la céramique et des lois avaient interdit l’importation des métaux. Alen et Barbe-Noire logèrent dans une pension. Dans la nuit, un intrus les dérangea. Il cherchait du métal. Il voulait savoir si le fer pouvait attirer le fer. Alen acquiesça et ajouta que l’électricité pouvait améliorer l’aimantation. L’intrus remercia Alen pour ses explications et attendit qu’Alen prévienne la garde. Alen comprit qu’il avait affaire à un savant. Il ne voulait pas le faire arrêter. Barbe-Noire voulut lui offrir une pierre précieuse que le savant refusa. Mais Barbe-Noire insista et le savant le remercia. Il quitta leur chambre. Alen expliqua Barbe-Noire que les savant lyriens se retrouvaient dans une impasse éternelle car toutes leurs matières premières étaient isolantes. Le lendemain, ils se rendirent au marché aux pierres précieuses à la taverne de Gromeg. Un marchand, Garthkint prétendit que les pierres lyriennes étaient sans valeur et essaya d’enivrer Barbe-Noire mais Alen l’en empêcha. Alen prétendit que Barbe-Noire voulait partir et Garthkint commença à se montrer intéressé par un achat. Mais Alen proposa les pierres pour 2000 crédit lyriens tandis que Garthkint ne voulait en donner que 200. Alen demanda à Barbe-Noire de faire semblant de partir pour montrer son désaccord alors la ruse prit. Garthkint accepta d’offrir 800 crédits. Barbe-Noire s’en serait contenté mais Alen poursuivit les négociations et obtient 1150 crédits. Alen vendit une douzaine d’autres lots.
Au coucher de soleil, Alen tint une vente aux enchères finale pour se débarrasser du solde et on l’engagea à rester pour le dîner. Une sentinelle arriva et demanda à Alen s’il était responsable de du fou furieux connu sous le nom d’Elwon. Elwon avait dévasté une taverne. Il avait été jeté en prison au château pour tapage et ivresse. Alen expliqua à Barbe-Noire qu’il était responsable de sa conduite étant son maître. Il devrait payer ses amendes ou subir ses peines. Il pourrait le renier si nécessaire. Barbe-Noire se retira dans un coin de l’auberge et fit signe à Garthkint et à un garde de le rejoindre. Alen discuta avec la sentinelle et lui expliqua que sur les autres planètes les liens entre un maître et son homme n’étaient si fort que sur Lyre mais Barbe-Noire accepterait de payer l’amende. La sentinelle réclamerait 100 crédits et les trois autres sentinelles de même. Il y aurait une amende de 500 crédits pour les dégâts de la taverne mais pas de prison. La sentinelle ajouta que le juge Krarl ne siégeait pas la nuit mais il était contre le principe de l’amende qui permettait au riche de commettre un crime et de s’en sortir indemne. Treel ke juge de nuit était pour les amendes et la flagellation. La sentinelle avait beaucoup parlé car Alen l’avait fait boire pour obtenir les bons renseignements. Il retourna dire à Barbe-Noire qu’il devait payer 1000 euros d’amende pour pouvoir partir. Barbe-Noire paierait tout en comptant prélever la somme sur la solde à venir d’Elwon.
Un chauffeur emmena la sentinelle, Alen et Barbe-Noire vers la prison. Barbe-Noire avait acheté un couteau en verre et un pistolet lance-fléchette à un garde. Alen lui en fit le reproche car cela risquait de compromettre sa réputation sur Lyre. Alen savait que la civilisation devait parvenir sur Lyre sous forme de métal et il fallait que les Lyriens l’acceptent. Machiavel affirmait qu’il ne pouvait y avoir de bonnes lois où l’Etat n’était pas bien armé. Il ne comprenait pas pourquoi l’Ordre avait glissé sur une telle idée latente préférant insister sur l’intégrité spirituelle du Collège et de l’Ordre.
La sentinelle emmena Alen et Barbe-Noire devant le juge Krarl, celui qui infligeait des peines de prison. Le juge annonça à Alen qu’il devait se considéré comme blâmé à cause de son retard. Une sentinelle fit entrer Elwon. Barbe-Noire lui lança une regard noir. Alen se fit l’avocat d’Elwon. Alen connaissait le droit lyrien et réussit à faire flancher le juge qui accepta que Barbe-Noire paye des amendes pour dédommager les sentinelles et le tavernier. Mais après le départ des sentinelles et du tavernier, le juge ordonna l’emprisonnement d’Alen et de Barbe-Noire. Il les accusa de trahison. Alen protesta car il savait cette accusation inusitée mais le juge rétorqua que les accusations de trahison devaient être jugées par le parlement en session régulière et il n’y en aurait pas avant 200 jours. Barbe-Noire lança son couteau à la gorge du juge et le tua. Puis il demanda à Elwon de désarmer les gardes. Ils furent ligotés. Ils sortirent du château en disant aux gardes que le juge ne voulait pas être dérangé. Ils rejoignirent le chauffeur qui les emmena au spatioport. L’officier du port rompit le sceau appliqué sur la porte du sas du Chant des étoiles. Alen vit quelqu’un quitter le bâtiment administratif et se diriger vers eux. Alen alla à sa rencontre en lui lançant un salut lyrien en utilisant la formule de sous-officier à officier. L’officier de transmission prit Alen pour un sergent et lui ordonna d’amener les gardes à quelques mètres des voyageurs des étoiles car le vaisseau ne devait pas s’envoler. Alen lui donna un coup de matraque.
Ils s’envolèrent. Barbe-Noire annonça à Alen qu’ils avaient évité une guerre entre Véga et le Royaume d’Eyeolf qui convoitaient la Lyre. La Lyre était sur le point d’avoir ses métaux sans subir un complot impérialiste. Les pierres que Barbe-Noire avait vendues aux Lyriens qui permettaient de décomposer la céramique en ses composants métalliques. Barbe-Noire montra à Alen un document portant le sceau du Collège et de l’Ordre. C’était un rapport sur la manière dont Alen avait roulé le croiseur de guerre du Royaume et sur son art de la négociation lors de la vente des pierres sur Lyre. La violence dont il avait dû se servir pour assommer l’officier était évoquée mais comme acte efficace. L’Ordre le recommandait pour l’entraînement. C’était Barbe-Noire qui continuerait à le former.
La Main tendue (Poul Anderson)
Valka Vahino, Envoyé extraordinaire de la Ligue de Cundaloa auprès de la Confédération de Sol arriva sur la Terre. Il fut accueilli par Ralph Dalton, Président de la Confédération du Système Solien. Une conférence préliminaire d’ordre économique allait avoir lieu et serait télévisée. Vahino avait eu l’occasion de visiter le Système Solien à plusieurs reprises. Un important commerce s’était développé avant la guerre entre Sol et Avaiki. Vahino avait conscience que la civilisation de Sol servait de modèle toute la Galaxie. C’était la plus avancée sur le plan technique et elle avait parcouru la Galaxie. Vahino se disait reconnaissant envers la civilisation solienne qui voulait son génie et ses ressources sur des planètes comme celle de Vahino. Dalton répondit que l’aide solienne n’était pas désintéressée car Sol souhait commercer avec Cundaloa après l’avoir reconstruite. Le but était aussi de créer un lin étroit pour éviter une autre guerre. Skorrogan, l’Envoyé Extraordinaire de Skontar auprès de la Confédération de Sol arriva. Dalton surprit une expression d’hostilité sur plusieurs visages. Les Skontariens n’étaient pas très populaires dans le Système Solien. C’était Skontar qui portait la responsabilité de la guerre avec Cundaloa selon l’opinion répandue. En réalité, c’était la technologie terrienne qui avait pénétré sur Skontar et Cundaloa et transformé ces deux planètes en Etats rivaux. Skontar et Cundaloa avaient fondé des colonies sur les planètes vertes d’Allan qui étaient inhabitées. Cela avait provoqué une guerre qui avait dévasté les deux systèmes durant cinq ans. La Terre avait institué la paix entre les deux systèmes. L’apparence physiques des Skontariens et leur attitude arrogante plaidait contre eux sur Terre. Dalton avait eu du mal à convaincre l’Assemblée d’admettre la participation de Skontar aux conférences sur l’aide économique. La réunion officieuse qui allait démarrer était la première phase d’un projet de programme d’aide. Skorrogan apporta le salut du Valtam de l’Empire de Skontar au Président de Sol. Les Sontariens avaient un museau une queue et une fourrure brune. Ils semblaient moins humanoïdes que les habitants de Cundaloa. Skorrogan présenta ses excuses pour son retard. Les discussions commencèrent. Dalton comptait envoyer des experts, de conseillers techniques et d’enseignants soliens sur Cundaloa et Skontar.
Skorrogan demanda au ministre des Finances d’éteindre sa cigarette qui obtempéra mais en lui jetant un regard furieux. On ne parlait pas sur ce ton à un ministre surtout quand on venait demander une aide. Skorrogan dit qu’il lui était désagréable d’être assis à la même table qu’un ennemi. Cela provoqua un long silence. Des millions de téléspectateurs avaient été témoins de son arrogance. Il n’y aurait pas d’aide pour Skondar. Tous les hauts dignitaires attendirent Skorrogan à son retour. Il s’attendait à la disgrâce. Le Valtam lui-même était là. Son fis Thordin était présent. Skorrogan n’avait pas peur de la mort mais ill lui était difficile de supporter le poids de l’échec. Sol n’enverrait aucune aide à Skontar. Le Valtam était en colère. Il cracha par terre. Thordin suggéra d’envoyer un autre ambassadeur sur Sol mais son père refusa. Pour sa race, ne pas perdre la face avait toujours été plus important que conserer la vie. Skorrogan ne pouvait être désavoué publiquement. Il fallait se passer de l’aide de Sol. Thordin demanda à Skorrogan pourquoi il avait été si arrogant. Skorrogan répondit qu’il n’était pas fait pour cette mission. Le Valtam dit qu’il l’aait justement choisi parce qu’il était son meilleur diplomate. Le Valyam n’aurait plus confiance en lui. Il mit fin à ses fonctions et lui annonça que son échec serait connu sur Skontar. Malgré cela Skorrogan se permit de conseiller le Valtam en lui disant qu’il devrait prendre trois facteurs en considération : les soleils d’Allan l’évolution technologique et la langue et les vêtements du peuple de Skontar. Il dit que le Valtam viendrait le trouver dans 50 ans pour lui demander pardon.
Vahino se livrait à la sieste dans son jardin. Cela ne lui était pas arrivé souvent ces derniers jours. Ce n’était pas vraiment une sieste mais plutôt une récréation psychique, quelque chose que les Soliens ne comprendraient jamais. Les Soliens paraissaient éprouver des difficultés à comprendre une race de poètes. Il reçut la visite de Lombard, chef de la Commission Solienne de Reconstruction. Lombard demanda à Vahino de lui épargner les trois heures de repas et de discussions culturelles qui étaient les préliminaires traditionnels à toute négociation chez Vahino. Lombard voulait que les Cundaloiens abandonnent certaines de leurs traditions pour faciliter les échanges commerciaux avec les Soliens. A commencer par la sieste qui empêchait l’avancée du travail car les Cunadaloiens ne travaillaient que 4 heures par jour. Lombard lui expliqua qu’une société mécanisée ne pouvait s’embarrasser de toutes ces vieilles croyances, traditions et système monétaire basé sur l’argent-métal. La religion devait aussi être abandonnée car elle était contraire à la science. De plus, Lombard vouait que tous les Cundaloiens apprennent le solien. Il reprochait à la langue de Vahino son manque de précision. Vahino répondit que de son côté il ne saisissait pas toujours la pensée de Kant ou de Russell. Les jeunes Cundaloiens devenaient ce que Lombard souhaitait. C’était le prix à payer pour Lombard qui évoqua la situation de Skontar. Pourtant, Vahino admirait le relèvement de Skontar qui avait fait des miracles depuis trois ans. Lombard savait qu’un philosophe de Skontar, Dyrin, effectuait un travail de sémantique générale. Mais il ajouta que les Skontariens étaient une race de cerveaux dérangés.
Skorrogan avait sollicité Thordin IX, le Valtam, pour l’emmener sur Cundaloa. Skorrogan avait subi trente ans d’ostracisme. La réussite de Skontar avait fait oublier l’échec de Skorrogan et il n’était plus infréquentable. Il avait de nouveaux mandats. Skontar avait changé grâce à l’œuvre de Dyrin qui avait bouleversé toutes les sciences. Skontar était devenu un Etat libertaire doté d’un gouvernement non électif. Depuis ce jour où Skorrogan avait été banni, 50 ans plus tôt, le temps de la famine et de la désolation était très loin.
Cela faisait exactement 50 ans que Skorrogan était revenu de Sol quand il emmena Thordin sur Cundaloa dans son vaisseau. Le temps était venu de justifier son acte. C’était exprès qu’il avait éconduit les Soliens. Is arrivèrent sur Cundaloa. Ils se promenèrent dans la capitale. Skorrogan voulait montrer à Thordin ce dont il avait sauvé Skontar. Une partie non négligeable de la population présentait une apparence humaine mais la grande masse était naturellement constituée de Cundaloiens. Mais on avait parfois quelque difficulté à les distinguer des Humains. Les Cundaloiens portaient des vêtements soliens. La plupart parlaient solien. Les langues natales étaient en train de disparaître. Skorrogan méprisait les touristes et voulut montrer leur arrogance à Thordin. Il espérait que Skontar en serait épargné. Il montra une affiche à Thordin. Les Cundaloiens étaient devenus néopanthéistes ou agnostiques et leur ancienne religion étaient devenue un spectacle rapportant de l’argent.
L’ancienne société de Cundaloa était morte et l’amour de la terre natale n’existait plus. Thordin comprit que Cundaloa s’était aliénée au modèle solien. Mais il se demandait si la valeur sentimentale attachée à de vieilles institutions compensait des millions de vies perdues. Mais pour Skorrogan la science ne devait pas être la seule possible. Skorrogan voulait empêcher les siens de devenir les esclaves spirituels de Sol. Il avait réussi à sauver la culture de son peuple. Ils virent un vieux Cundaloien qui exposait de véritables vases antiques de sa civilisation qu’il refusait de vendre à des touristes. Thordin dit à Skorrogan qu’il avait raison et il lui ferait des excuses publiques.