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Le Crépuscule des singes, d'Alison Cosson et Louise Vignaud

Publié le 17 juillet 2022 par Onarretetout

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Le Crépuscule des singes, d’après les vies et œuvres de Molière et Boulgakov, d’Alison Cosson et Louise Vignaud, Mise en scène : Louise Vignaud, Avec : Thierry Hancisse – Coraly Zahonero – Christian Gonon – Pierre Louis-Calixte – Gilles David – Géraldine Martineau – Claïna Caveron – Nicolas Chupin

Boulgakov par Molière ou Molière par Boulgakov, ou peut-être vaudrait-il mieux écrire Boulgakov via Molière ou Molière via Boulgakov. Comment faire ? Louise Vignaud et Alison Cosson choisissent, bien sûr, le théâtre. À la fois tableau de la réalité et réalité du tableau. Il suffit de faire tomber les rideaux les uns après les autres (on pourrait presque y voir un hommage à Peter Brook qui vient de mourir), et nous voici en Union soviétique puis à Versailles, puis ici même, dans la salle du Vieux Colombier (qui a bien changé depuis que je n’y étais pas venu). Toute la profondeur du plateau, de l’intimité de l’auteur et le téléphone qui le relie à Staline, jusqu’aux portraits d’artistes dont on retire peu à peu les visages, croyant ainsi les faire oublier, croyant qu’il ne restera à l’avenir que les noms des tyrans ; mais c’est faire peu de cas de la poésie. Comment rendre compte de ces combats ? À l'exception de Pierre Louis-Calixte incarnant Boulgakov et Nicolas Chupin incarnant Molière, tou.te.s les autres incarnent plusieurs personnages. Un acteur, Thierry Hancisse, incarne les instruments du pouvoir, l’arbitraire, les partisans de la censure. Et, si l’on voit un Louis XIV (Géraldine Martineau), âgé alors d’une vingtaine d’années, seize ans de moins que Molière, manipulé par le clergé et la noblesse, on ne voit jamais Staline, qui a treize ans de plus que Boulgakov : il se contente de téléphoner… Le pouvoir s’absente pour ne pas répondre de ses actes. Mais ni Molière ni Boulgakov ne renoncent, malgré toutes les tentations, tous les obstacles, toutes les souffrances. Les femmes qui partagent leur vie les soutiennent, sont à leur côté contre le despotisme, l’injustice, et malgré tout. Ils mourront, certes, mais mourront aussi Louis XIV et Staline. C’est l'oeuvre qui demeure, leur théâtre, les romans et la poésie, qui crient encore au monde la vérité, et moquent les puissants, la violence du pouvoir, d’autant plus violent qu’il se cache désormais et s’acharne à falsifier les images et tordre le sens des mots.

J'ai vu ce spectacle au Vieux Colombier, à Paris, où il était à l'affiche jusqu'au 10 juillet 2022 (photo : Christophe Raynaud de Lage)


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