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Cunégonde en Antarctique 5

Publié le 11 août 2008 par Porky

Scène 4 (suite et fin) 

CUNEGONDE

Et bien voila ! Enfin !

DAKTARI

   Au fond, c’était facile.

LA LANGOUREUSE ARIELLE (A Fifi)

Je te hais, vieux corbeau ! Va donc, tu m’horripiles !

CUNEGONDE

Il nous faut réfléchir à un plan efficace.

Lequel a une idée ? Je lui cède la place.

LA MADONE

On se rend à la cour, on fait la révérence,

On tire dans le tas, on sauve la régence

Et puis on s’en retourne à nos occupations.

LANLAN

Plan très intéressant, mais sans cogitation.

FIFI

C’est inepte, ça oui !

CUNEGONDE

   Plutôt irréfléchi.

Peut-être ai-je bien l’air de faire des chichis

Mais il est discourtois d’arriver dans un lieu

Et de le transformer en cimetière à bœufs. 

LA MADONE

Et que proposes-tu pour finir nos ennuis ?

CUNEGONDE

D’attendre gentiment le rapport de Rosie.

Elle doit revenir après un court séjour

Auprès de la régente et auprès de la cour.

Elle nous décrira l’exacte situation

Et nous pourrons alors fomenter une action.

(Bruit de pas dehors. Une toux s’élève. Une clef tourne dans la serrure.)

Et d’ailleurs la voici.

(Rosie rentre, couverte de neige et de glace.)

Scène 5

Les mêmes, Rosie la Terreur

ROSIE

   Vraiment, quel temps pourri !

Un lieu si atroce devrait être détruit.

(Elle se secoue et envoie de l’eau sur tout le monde. Réactions variées.)

CUNEGONDE

Viens là, chère Rosie et fais-nous ton rapport.

ROSIE (stupéfaite en voyant les nouveaux arrivés)

Que font là ces vautours ? Ils ne sont donc pas morts ?

CUNEGONDE

Le chiendent, tu le sais, a la vie plus que dure.

ROSIE

Ca va être l’enfer.

LA MADONE (mielleuse)

   Juste une sinécure.

Mais remets-toi bien vite et dis-nous ton avis.

ROSIE

A quel propos ? La Cour  ? Ou bien sur ces débris ?

CUNEGONDE

Cesse de caqueter, tu me mets en colère.

Fais ce que l’on te dit. Va, parle, déblatère !

ROSIE

Et bien la cour, Madame, est dans un triste état.

La Régente enfermée n’ose plus faire un pas.

Elle a peur de tomber dans un des guets-apens

Que sa sœur a tramés avec d’affreux manants.

CUNEGONDE

La sœur dénaturée n’est donc pas dans le nord ?

ROSIE

Elle en est revenue malgré le désaccord

De sa bande de gueux. Sa cachant alentour,

Elle attend le moment de se montrer au jour.

Mais à la cour elle a de très puissants appuis

Prêts à intervenir au premier de ses cris.

Le danger, il est vrai, rôde autour de la reine :

Pour ajouter encore à ses affreuses peines,

Elle n’a pour amis que ses deux conseillers,

Car même sa suivante a la cour déserté.

Il ne lui reste rien, que les yeux pour pleurer.

Elle attend tout de vous, et n’a qu’un mot : « venez ».

CUNEGONDE (émue)

Que ton récit m’attriste et déplait à mon âme.

ROSIE

J’ai dit ce que j’ai vu. Evitez-moi le blâme.

CUNEGONDE

Rassure-toi, Rosie, tu n’es pas concernée.

Par cette affreuse sœur je suis très courroucée.

Comment ose-t-elle donc mettre un roi en péril ?

Il faut que son esprit soit devenu bien vil.

A la Cour de mon ex, on faisait des magouilles,

Des plans toujours foireux montés par des andouilles.

Mais jamais on ne vit pareille fourberie :

Du Président élu, on respectait la vie.

LA MADONE

Pourquoi donc l’imparfait ? La Cour n’a pas changé.

C’est bien le même lieu, je peux te l’assurer.

DAKTARI

Qu’en sais-tu ? Au palais, tu n’es jamais priée.*

LA MADONE

Je le sais, voilà tout.

LA LANGOUREUSE ARIELLE (montrant la Madone )

     Je suis de son côté.

CUNEGONDE (A Daktari)

Point n’est besoin vraiment de hanter le palais

Pour savoir les complots que là-bas l’on y fait.

Cet art de louvoyer qu’on nomme politique

Qui réclame un esprit des plus acrobatiques,

Cet art de gouverner qui nous vient de si loin

De belle hypocrisie a seulement besoin.

Pourquoi dire le vrai quand on peut bien mentir ?

Pourquoi des ennemis alimenter le tir ?

Pourquoi donc obéir quand on peut comploter

Et du feu les marrons savoir très bien tirer ?

Oui, je connais la Cour , je sais ce qu’elle vaut,

Je me souviens encor qu’autour de mon nabot

Gravitaient des crapauds bavant leur ambition

Et faisant feu de tout, même de leurs missions.

Ce désir de pouvoir que révélaient leurs actes

Annulait toute foi en la valeur des pactes

Qu’ils signaient sans trembler, sans une once de peur,

Et qu’ils trahissaient bien, parfois même sur l’heure.

LA MADONE

Te crois-tu, ma chère, la seule concernée ?

Aussi dans mon parti, les complots sont aisés.

Songe à mes éléphants qui trompent sans vergogne,

Songe à ces beaux jeunots qui sur moi-même cognent,

Songe à tous ces menteurs se disant socialistes

Et qui n’ont qu’une idée : être en tête de liste.

Ce grand jeu de la cour ne m’est pas inconnu 

Car je l’ai pratiqué, pensant bien être élue.

ROSIE

Et ton rêve a fini en beau tas de fumier.

LA MADONE

Mon rêve seulement. Pas la réalité.

FIFI

Comme je suis amer d’entendre ces discours !

Quel bien triste aperçu donnez-vous de la cour !

CUNEGONDE

Triste, mais vrai, hélas ! Car il est très courant

D’entendre blanc un jour et noir le jour suivant.

LA LANGOUREUSE ARIELLE

J’adore vos discours mais je n’y comprends rien.

Ne pourrions-nous ici être plus tacticiens ?

CUNEGONDE

Arielle est dans le vrai : il faut nous ressaisir,

Réfléchir à un plan et à la cour partir.

FIFI

La Reine nous attend ; rendons-nous donc sur place

En chemin nous verrons comment être efficaces.

DAKTARI

Bien parlé, ô Fifi !

LA MADONE

   Ca nous change, vraiment.

CUNEGONDE

Cessons donc les combats. Que cet apaisement

Soit pour nous le moyen de secourir la Reine

Et de mettre une fin à ses horribles peines.

(Tout le monde s’habille et sort dans une confusion indescriptible.)

(A suivre)


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