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Mort à Venise de Thomas Mann

Par Etcetera
Mort à Venise de Thomas Mann

Dans le cadre de mon « Printemps des artistes » j’ai eu envie de lire cette célèbre nouvelle (ou court roman) de Thomas Mann, puisqu’elle met en scène un grand écrivain, connu et reconnu, Gustav von Aschenbach, qui aurait été inspiré à Thomas Mann à la fois par Wagner (qui était mort à Venise en 1883) par Gustav Mahler (dont il reprend le prénom et la description physique) mais aussi par sa propre histoire personnelle, puisqu’il avait déjà ressenti des attirances pour des jeunes adolescents.

Note sur Thomas Mann (1875-1955)

Thomas Mann est un écrivain allemand, lauréat du prix Nobel de littérature en 1929. Il est l’une des figures les plus éminentes de la littérature européenne de la première moitié du XXᵉ siècle et est considéré comme un grand écrivain moderne de la décadence. Ses œuvres les plus connues sont La Montagne magique (1924), Mort à Venise (1912), les Buddenbrook (1901) et la nouvelle Tonio Kröger.
(Source : Wikipédia)

Présentation du roman :

Lors d’un voyage à Venise, un écrivain allemand vieillissant, célèbre et comblé d’honneurs dans son pays, se prend d’une folle passion pour un bel adolescent polonais qui séjourne avec sa famille dans le même hôtel que lui. Cette passion restera platonique et jamais les deux personnages n’échangeront un seul mot mais le vieil écrivain va endurer mille tourments. Parallèlement, une épidémie de choléra se répand insidieusement dans la cité, à l’insu des touristes et voyageurs de passage, auxquels les autorités cachent la vérité.

Mon humble avis :

Dans ce court roman, Thomas Mann cherche à démontrer, entre autres choses, que la passion dégrade l’homme et l’avilit. En effet, au début de l’histoire, Aschenbach est présenté comme un grand écrivain, un intellectuel respecté et comblé d’honneurs officiels puisqu’il a même été récemment anobli. A ce moment, il se comporte avec une dignité tout à fait exemplaire et semble porter sur autrui un regard assez sévère et intransigeant, comme sur ce « vieux beau » croisé sur le bateau qui l’amène à Venise, et qui lui inspire un profond dégoût.
Mais Aschenbach se retrouve dans le même hôtel que Tadzio, le bel adolescent, et il va ressentir pour lui une attirance si puissante qu’il ne sera plus capable de quitter l’hôtel, ce qui pourtant le sauverait à la fois de cette passion interdite et coupable mais aussi de l’épidémie de choléra qui se propage insensiblement à travers la ville.
Aschenbach se retrouve à partir de là dans des postures absurdes et honteuses, par exemple lorsqu’il poursuit à travers Venise la famille polonaise, durant les longues heures de leurs promenades, pour le seul plaisir d’entrapercevoir Tadzio de temps en temps, et au risque d’attirer sur lui l’opprobre et le scandale.
A la fin du roman, Aschenbach est devenu semblable au « vieux beau » qu’il méprisait au début de l’histoire : lui aussi se fait teindre les cheveux, soigner et maquiller chez le coiffeur, pour espérer atténuer la différence d’âge avec l’objet de ses fantasmes, et on sent que sa déchéance est pratiquement achevée.
Il faut remarquer que Tadzio apparait tout au long du roman comme un être particulièrement pur et lumineux, un idéal inaccessible et intouchable, dont le caractère est tout entier à l’image de sa beauté physique et que la passion du vieil écrivain ne peut pas souiller ou atteindre. Il s’aperçoit de l’attirance d’Aschenbach pour lui mais ne se montre ni hostile ni vraiment engageant. Et si, à un moment donné, Tadzio adresse un sourire au vieil écrivain, celui-ci est suffisamment conscient de la situation et de sa responsabilité pour prendre la fuite avec effroi.
Le roman est riche de références mythologiques et antiques et on parle toujours à son propos de Dionysos et d’Apollon – mais ce n’est pas l’aspect qui m’a le plus plu et intéressée, j’ai préféré réfléchir plutôt au rôle de la passion dans nos vies, à ce qu’elle nous apporte ou nous enlève.
Un livre très prenant, saisissant, d’une modernité frappante !

Extrait page 92

Ce fut le lendemain matin qu’au moment de quitter l’hôtel il aperçut du perron Tadzio, déjà en route vers la mer, tout seul, s’approchant justement du barrage. Le désir, la simple idée de profiter de l’occasion pour faire facilement et gaiement connaissance avec celui qui, à son insu, lui avait causé tant d’exaltation et d’émoi, de lui adresser la parole, de se délecter de sa réponse et de son regard, s’offrait tout naturellement et s’imposait. Le beau Tadzio s’en allait en flâneur ; on pouvait le rejoindre, et Aschenbach pressa le pas. Il l’atteint sur le chemin de planches en arrière des cabines, veut lui poser la main sur la tête ou sur l’épaule et il a sur les lèvres un mot banal, une formule de politesse en français ; à ce moment il sent que son cœur, peut-être en partie par suite de la marche accélérée, bat comme un marteau, et que presque hors d’haleine il ne pourra parler que d’une voix oppressée et tremblante (…)

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