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Werner Lambersy à la Halle Saint-Pierre

Publié le 17 avril 2022 par Onarretetout

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Le chant s’était tu
ou quelque chose dans le chant
on ne sait pas
quelque chose
qui n’avait plus sa place
et faisait du silence
une paupière sur une absence d’oeil

C’était sans importance
pour le commerce ou les rapports
de force
c’était sans importance
dites-vous bien qu’on pouvait
s’en passer : la parole sans miracle
avait encore de beaux jours

Sauf chez quelques-uns peut-être
pour qui les mots
restaient insupportablement vides
et l’âme
la partie la plus fine du corps
comme un drapeau
qu’on avait oublié au balcon

Sauf peut-être pour quelques-uns
plus mal en point
dans le grand lit des solitudes
où le coeur
est une goutte de mercure
ou de la gomme de résine
lentement sur l’écorce d’un tronc

Et l’univers qu’on croit indifférent
parce qu’il est loin
alors qu’on est dedans
l’univers qu’on croit connaître
parce qu’on y est né
alors qu’on sait si peu de soi
et du silence en soi

L’univers attendait sans rien dire
car le chant s’était tu
ou quelque chose dans le chant
on ne sait pas
mais quelques-uns pensaient
à ces oiseaux qu’un seul hiver
rendait muets pour toujours

Et nous étions ces « quelques-uns peut-être », il y a une semaine, le 10 avril 2022, à la Halle Saint-Pierre, pour un hommage à Werner Lambersy (photo Benjamin Teissedre) organisé par la Revue Météor. Quelques-uns autour de Patricia, et des proches. Et à Coïmbra où tu dois passer pour rencontrer Werner, Coïmbra entendu ce soir-là deux fois, par la voix de Seyhmus Dagtekin et celle de Werner. Coïmbra pour Orphée et Eurydice. Coïmbra, c’est d’une grande importance, cela finit et cela commence : c’est l’amour, c’est le même mouvement. Brigitte Dusserre-Bresson lit quelques « gymnopoèmes » dont, aujourd’hui, jour de Pâques, j’extrais ces vers : 

Samedi saint
Les cloches sont à
Rome

Castagnettes
Et crécelles dans la
Ruelle

Niches nichons
Nichées d’oisillons
Vivement Pâques !

C’est étrange comme la mort est à la fois départ et arrivée, comme « la poésie retourne toujours vers les origines et se méfie des mots ». Et nous revenons à Coïmbra, d’où le chant s’est levé.


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