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Il ne fait pas bon être russe en ce moment, particulièrement en France

Publié le 06 avril 2022 par Francisrichard @francisrichard
Il ne fait pas bon être russe en ce moment, particulièrement en France

La guerre est une spoliation et les sanctions économiques sont une spoliation légale. Elles privent des gens, qui n’y sont pour rien, de leur projet de vie, de leurs libertés, de leur propriété, de leur personnalité. « Personnalité, Liberté, Propriété, — voilà l’homme. » Frédéric Bastiat, La Loi (1850), écrivait Patrick de Casanove, dans Contrepoints le 17 mars 2022.

Les Russes et les Ukrainiens, qui ne sont pour rien dans la guerre engagée par Vladimir Poutine en Ukraine et à laquelle l'attitude de Zelensky n'est pas étrangère, sont atteints dans toutes ces dimensions humaines.

Il faut écrire les Russes et les Ukrainiens, car, en Occident, les larmes ne sont en effet aujourd'hui versées que sur le sort de ces derniers: les premiers appartiendraient au camp du Mal et les seconds à celui du Bien.

Les Ukrainiens qui fuient la guerre sont accueillis en Occident avec compassion et il n'y a rien à y redire. Mais les Russes seuls sont tenus responsables des décisions que prennent malgré eux les dirigeants de leur pays.

En l'occurrence on tient les Russes responsables de ce qu'ils sont et non pas de ce qu'ils font, alors qu'il n'existe pas de responsabilité sans enchaînement entre les actes commis et les conséquences qui en découlent.

Le mot russe suffit d'ailleurs pour susciter l'opprobre général dans les médias serves et chez les bien-pensants et pour pousser d'aucuns à des actes répréhensibles, qui sont à la fois punitifs et jusqu'à présent impunis:

- Le 28 février 2022, la Cathédrale orthodoxe russe a été découverte taguée;

- Dans la nuit du 6 au 7 mars 2022, le Centre culturel russe à Paris a été attaqué au cocktail Molotov (invention russe qui, par exception, ne soulève pas de réprobation).

Dans le domaine des arts et lettres, des patronymes russes sont devenus tabous:

- Dès les derniers jours de février 2022, les concerts du chef d'orchestre russe Valery Gergiev (l'un des plus sollicités au monde) ont été annulés à New-York, Paris et Milan, parce qu'il n'a pas fait son autocritique;

- Le 11 mars 2022, était connue la nouvelle de l'annulation d'un séminaire consacré à l'écrivain russe Dostoïevski, qui devait se tenir à l'université Biccoca de Milan;

- Le 19 mars 2022, des enseignants ont pétitionné pour que soit débaptisé en Vendée un collège Soljenitsyne (le grand dissident russe opposé au communisme), mais il n'est pas question de débaptiser dans la banlieue parisienne les nombreuses artères Lénine et Staline, pourtant russes.

N'échappent pas à l'ostracisme antirusse l'exclusion d'athlètes russes de rencontres sportives ou la fermeture de la chaîne russe RT France par la présidente non élue de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Les sanctions économiques contre la Russie, qui sont de véritables actes de guerre sans déclaration, sont sans efficacité, sinon contre les populations des pays qui les appliquent, et s'étendent aux simples ressortissants russes.

Sous prétexte de nationalité russe, ils sont des dizaines à avoir vu leurs virements bloqués ou leur ouverture de compte refusée par des banques telles que la Société Générale ou BNP Paribas (Le Figaro du 31 mars 2022).

Toutes ces mesures vexatoires relèvent d'une mauvaise stratégie. Car, comme le disait l'académicien franco-russe Andreï Makine dans un entretien accordé à Alexandre Devecchio dans Le Figaro du 11 mars 2022:

C'est le meilleur moyen, pour les Européens, de nourrir le nationalisme russe, d'obtenir le résultat inverse de celui escompté. Il faudrait au contraire s'ouvrir à la Russie, notamment par le biais des Russes qui vivent en Europe et qui sont de manière évidente proeuropéens. Comme le disait justement Dostoïevski: "chaque pierre dans cette Europe nous est chère".

Francis Richard 


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