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Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis, de Nétonon Noël Ndjékéry

Publié le 16 mars 2022 par Francisrichard @francisrichard
Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis, de Nétonon Noël Ndjékéry

Le prologue et l'épilogue d'Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis se situent en juin 2017, mois du Ramadan 1438 selon l'Hégire. Ils mettent en scène un homme qui se croit au paradis, le Jardin où coulent des ruisseaux de lait et des rivières de miel.

Cet homme est le descendant d'une lignée qui a commencé longtemps, bien longtemps avant que le mot de cinq lettres, Tchad, ne désigne la grande étendue d'eau qui se trouve au coeur de l'Afrique subsaharienne, la Baobabia(Terre du Baobab).

C'est l'histoire de cette lignée qui est la trame du roman de Nétonon Noël Ndjékéry. Longtemps, bien longtemps cela veut dire en l'occurrence quelque cent cinquante ans, où la caractéristique initiale et durable est l'esclavagisme arabo-musulman.

La traite négrière transsaharienne avait débuté bien avant son avatar atlantique et à la fin du XIXe siècle elle croissait et prospérait au coeur de l'Afrique dans les royaumes de Baguirmi, Bornou, Kanem et Ouaddaï dont les élites s'étaient islamisées.

L'eunuque Tomasta Mansour s'est enfui de Djeddah, pour mettre à l'abri une Yéménite, Yasmina, une jeune fille en fleur, dans les bras de laquelle son maître a rendu l'âme et qui, si elle ne s'en va pas, est promise à un mauvais sort par la parentèle.

De retour dans l'Afrique natale de Tomasta, après un long périple, le couple insolite découvre sur leur route Zeïtoun, un jeune garçon inanimé, qui, de son côté, vient de saisir, comme eux, une opportunité d'échapper à sa dure condition d'esclave.

Les trois parviennent à une île de la grande étendue d'eau où ils mettent en pratique la maxime qui a permis au peuple de Tomasta de résister aux aléas de l'existence, qui signifie l'individu n'est rien tout seul et la communauté, rien sans l'individu:

Une personne, toutes les personnes.

Sur cette île singulière, qui dérive longtemps sur le lac, cette maxime, pieusement observée au début du récit, sera mise à mal à plusieurs reprises, parce que le lieu sera disputé par les quatre pays avoisinants, le Niger, le Nigeria, le Cameroun et le Tchad.

Le récit est singulier et porte la marque du conteur qu'est l'auteur. Il est en effet jalonné des récits individuels des personnes qui composent la lignée, si bien qu'il progresse certes, mais ponctué de nombreux retours en arrière qui se révèlent justifiés.

C'est aussi l'occasion de raconter l'histoire originale et tumultueuse de cette région de l'Afrique qui a subi bien des vicissitudes, de l'esclavagisme aux indépendances et au djihadisme, en passant par la colonisation, chacune laissant bien des traces.

Les différentes croyances enfin, qui se basent sur des peurs ou des espérances, y sont autant de moyens que des hommes utilisent pour en soumettre d'autres. Elles font aussi partie du récit et montrent à quel point la crédulité nuit toujours à la liberté.

Francis Richard

Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis, Nétonon Noël Ndjékéry, 360 pages, Hélice Hélas

Livre précédent:

Au petit bonheur la brousse (2019)


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