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Premières zones d'ombre dans le cas Radovan Karadzic

Publié le 03 août 2008 par Francisrichard @francisrichard
Premières zones d'ombre dans le cas Radovan KaradzicDès l'"arrestation" de Radovan Karadzic j'ai écrit que je n'avais pas une bonne impression de la traduction de ce dernier devant le TPIY ( voir mon article Quelques considérations suite à l'arrestation de Radovan Karadzic  ). Cela tourne maintenant au malaise. En effet je pense que quand on veut être crédible il est important de respecter au moins les règles du jeu. Le gouvernement serbe actuel et le TPIY n'en donnent pas l'impression.

Dès le départ le cas est mal engagé. Radovan Karadzic a-t-il été enlevé ou a-t-il été arrêté ? La question est d'importance. La Serbie prétend être un Etat de droit. A-t-elle respecté les droits de Radovan Karadzic ? Car, fût-il reconnu coupable à l'issue de son procès, Radovant Karadzic a des droits, et notamment celui d'être présumé innocent. Ce que tout le monde a tendance à oublier.

L'avocat de Radovan Karadzic affirme que son client a été "arrêté" le 18 juillet et le gouvernement serbe qu'il l'a été le 21 juillet. Si son avocat a raison, que cherche à cacher le gouvernement ? Qu'a-t-il fait de son prisonnier pendant ces trois jours ? 

Pour retarder le "transfèrement" de Radovan Karadzic, son avocat a fait recours au dernier moment par voie postale. Le mardi 29 juillet, ce recours n'était pas arrivé au tribunal. Le soir même avait lieu la manifestation de soutien à Radovan Karadzic. Plus personne ne parle de ce reours sur lequel le tribunal avait trois jours pour statuer. Pourquoi ?

La manifestation de soutien s'est terminée par des heurts violents. Au petit matin qui a suivi, Radovan Karadzic, en catimini, a été transféré à La Haye. Pourquoi cette précipitation du gouvernement serbe ? Craignait-il que la présence du célèbre fugitif finisse par retourner la population contre lui ? Là encore les droits de ce dernier ont-ils été conservés ?

Enfin, lors de sa comparution initiale, que j'ai vue en direct sur Euronews, le jeudi 31 juillet, Radovan Karadzic a voulu s'exprimer, mais le président du tribunal l'en a empêché pour des raisons de procédure. Quand c'est au détriment de l'accusé pourquoi devient-on soudain aussi formaliste ?

Il y a deux points sur lesquels l'accusé voulait s'exprimer : l'accord qu'il prétend avoir conclu avec les Etats-Unis et qui devait le soustraire au TPIY, les conditions illégales de son arrestation, qui d'ailleurs selon lui serait plutôt un enlèvement. Le premier point fait heureusement maintenant l'objet d'un débat ( voir ici l'information publiée par 24 Heures ).

La déclaration de Radovan Karadzic tenait sur quatre feuillets. C'était tout au plus une affaire de dix minutes de lecture lente. Seulement, ne fallait-il pas, par tous les moyens, mêmes légaux, l'empêcher de s'exprimer sur ces deux sujets brûlants ? D'un côté, pour des raisons de transparence le TPIY a voulu que cette première séance soit publique et retransmise par les télévisions, de l'autre il a choisi l'opacité en refusant à l'accusé de parler de deux sujets apparemment tabous.

Tout cela commence sous de bien mauvais auspices. Et cela n'augure rien de bon pour tous ceux qui comme moi aimeraient bien que vérité soit faite.

Francis Richard 

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