Magazine Culture

Clickbait (Saison 1, 8 épisodes) : dangers superficiels

Publié le 13 septembre 2021 par Delromainzika @cabreakingnews

Christian White (Relic) et Tony Ayres (Nowhere Boys, Stateless) nous plongent dans l’histoire de Nick Brewer, kidnappé et menacé de mort si la vidéo de lui en ligne atteint les 5 millions de vues. Au début Clickbait est une série suffisamment mystérieuse pour intriguer et donner envie de voir au delà d’un seul épisode. Mais rapidement la série s’embourbe dans ses propres problèmes et tombe dans tous les pièges du thriller de seconde zone. A force de tirer sur la corde et d’enfoncer des portes ouvertes, Clickbait finit par ne plus ressembler à grand chose. Une fois la mécanique brulée dans les intrigues, la série devient prévisible et les retournements de situation aussi improbables que prêtant à rire. Pourtant le casting est bon et permet d’accrocher rapidement au début à ce que Clickbait veut nous conter mais une fois que la mécanique laisse entrevoir les problèmes alors la série perd totalement pied. Le fait que le point de départ soit intéressant joue clairement le rôle de « Clickbait ». La série porte très bien son nom et se veut aguicheuse dès le départ. Mais une fois que le château de cartes tombe, alors on tourne en rond et on piétine à chaque épisode…

Père aimant, mari dévoué et frère attentionné, Nick Brewer disparaît mystérieusement. Une vidéo diffusée sur Internet le montre couvert d'ecchymoses, tenant un carton sur lequel est écrit "Je maltraite les femmes. À 5 millions de vues, je mourrai". S'agit-il d'une menace ? D'une confession ? Des deux ? En cherchant à le sauver, sa sœur et son épouse découvrent une facette de Nick dont elles ignoraient l'existence.

Clickbait cherche donc les twists les plus « pute à cliques » (traduction française du titre de la série) afin de dire au téléspectateur de rester encore un épisode. La série ne prend jamais le temps de développer ses personnages et du coup des bonnes actrices comme Betty Gabriel et Zoe Kazan ont bien du mal à donner corps à ceux-ci. Même lorsque la série cherche à parler de sa propre thématique : les fausses informations, les groupuscules mafieux en ligne, la fraude par internet, etc elle échoue complètement car elle ne creuse jamais en profondeur le problème. Peut-être que la plus grosse erreur de Clickbait est d’avoir voulu raconter son histoire du point de vue d’un personnage en particulier à chaque épisode. Cela empêche de s’attacher ici à qui que ce soit même si le but est de poursuivre le récit au fil des épisodes. Il n’y a aucun épisode sur la perspective de Nick (ce dernier est kidnappé et il est retrouvé mort) donc tout ce que l’on apprend sur lui est vu par d’autres personnages. On ne peut pas vraiment s’attacher à Nick et c’est une vraie erreur narrative.

Au travers de son propre format, Clickbait cherche à parler de comment les gens peuvent juger les autres simplement sur des rumeurs, des gros titres ou tout ce qui peut être pris dans un sens (et jamais questionner l’autre sens). L’histoire de la vie secrète de Nick est prévisible et n’apporte finalement pas grand chose au récit. Il en va de même du point de vue de la « maitresse » de Nick qui est un des épisodes les plus ronronnant de tout Clickbait. La série cherche pourtant à créer l’urgence et le danger autour de chacun de ses personnages mais tout tombe à plat car il n’y a pas vraiment d’enjeux. Pia et Sophie ont beau être nos héroïnes ici, elles sont des personnages qui n’évoluent jamais. Tout est fait pour qu’elles restent dans leurs cases, sans proposer autre chose au téléspectateur. Dans l’épisode 5, j’ai vraiment cru que Clickbait allait enfin parler de ce qu’elle cherche à critiquer. Le point de vue du journaliste aurait pu être bien plus palpitant que l’on ne peut l’imaginer mais rien ne se déroule comme prévu.

Clickbait tombe aussi dans le piège des enfants dans les séries. Tout ce qui se passe autour du fils de Nick m’a rappelé les heures les plus sombres de Kim Bauer dans 24. Autant dire qu’il y a des claques qui se perdent et les scénaristes en méritent pas mal pour avoir rendu un personnage en apparence attachant en véritable torture pour le téléspectateur. Les décisions débiles de certains personnages affectent forcément la qualité du récit et à la fin rien n’est vraiment pertinent. Si Clickbait cherchait à envoyer un message fort sur les dangers des réseaux sociaux à l’ère digitale, c’est un échec total tant rien n’est fait pour nous envoyer réellement ce message.

Note : 3/10. En bref, un thriller fainéant qui tourne en rond pendant huit épisodes.

Disponible sur Netflix


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Delromainzika 18158 partages Voir son profil
Voir son blog