Magazine Culture

(Hommage) à Henri Deluy (25 avril 1931 - 20 juillet 2021) par Véronique Pittolo

Par Florence Trocmé


Henri Deluy, une lumière persistante.

Chaque hommage aux personnes qui nous ont marqués reflète la personnalité de celui qui écrit, mais ne doit pas épuiser la richesse de celui auquel il est destiné. Henri Deluy avait beaucoup d’amis, il reçoit des hommages. Comment choisir parmi les meilleurs moments, les phrases qui caractérisent le mieux Henri, comment retrouver sa voix ?
Je le rencontre au début des années 90 alors que je participe au comité de rédaction des Lettres Françaises, dont il est rédacteur en chef. Il y a là Jean Ristat, Bernard Noël, Christophe Marchand-Kiss, Jacinto Lageira, Jean-Pierre Han, Renaud Ego, une effervescence intellectuelle doublée d’une bonne humeur permanente. Je suis impressionnée par les poètes présents qui ont déjà écrit et publié une œuvre importante, je les vois en vrai, je les côtoie, nous buvons des verres ensemble, jusqu’au jour où Gilles Tiberghien, un collègue critique d’art, me suggère de proposer des poèmes à la revue Action Poétique. J’ignore alors qu’Henri en est le rédacteur en chef. Une longue amitié commence, qui comprendra les débuts des éditions de la Biennale de poésie en Val-de-Marne, la création de cette Biennale, puis ma participation au comité d’Action poétique où je me lie avec les poètes Liliane Giraudon, Yves Boudier.
Henri fut un grand fédérateur (de textes, de gens). Grâce à lui nous avons lu la poésie du monde entier. Il est important de rendre compte du grand poète qu’il fut, à côté de l’homme généreux qu'il était, l’un étant le reflet de l’autre. En relisant Premières suites (1991, éd. Flammarion), je comprends que le poète est seul, c’est vrai, mais que la poésie est également plusieurs, qu’elle nous rassemble :
« la solitude - la vitre (fragments)
La solitude n'offre aucune difficulté
Disais-tu.
Il suffit d'une vitre.
D'un fragment de vitre ».
« Moins les choses sont poétiques, plus elles sont vraies ». La poésie et la vie étaient à ce point confondues chez lui, que sa pédagogie créative (transmettre) fut doublée sans cesse d’une contamination heureuse (donner, faire lire).
Grâce à lui j'ai lu les poèmes de Marina Tsvétaïeva, une grande lyrique du XXème siècle. Henri nous a montré qu’on pouvait concilier les paradoxes, être à la fois lyrique et moderne,
bon vivant et taciturne.
« Les nuages se couvraient d’oiseaux. - Tu insistais.
Un peu de lumière était tout ce qui restait ».
Au lendemain de sa disparirion, beaucoup de lumière persiste.
Véronique Pittolo

(Les citations d’Henri Deluy sont issues de Premières suites, éd Flammarion, 1991)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Florence Trocmé 18683 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines