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"Le cerf-volant" de Laetitia Colombani

Par Cassiopea
cerf-volant

Le cerf-volant
Auteur : Laetitia Colombani
Éditions : Grasset (9 juin 2021)
ISBN : 978-2246828808
210 pages

Quatrième de couverture

Après le drame qui a fait basculer sa vie, Léna décide de tout quitter. Elle entreprend un voyage en Inde, au bord du Golfe du Bengale, pour tenter de se reconstruire. Hantée par les fantômes du passé, elle ne connait de répit qu'à l'aube, lorsqu'elle descend nager dans l’océan indien. Sur la plage encore déserte, elle aperçoit chaque matin une petite fille, seule, qui joue au cerf-volant.

Mon avis

Trois combattantes, trois rescapées, trois guerrières.

A cet exergue, j’aurais pu rajouter : trois destins de femmes.

Une fois encore, Laetitia Colombani met la condition féminine à l’honneur.
Son nouveau récit se déroule en Inde, où Léna est partie suite à un drame personnel. Elle est dans la ville de Mahäbalipuram dont elle découvre le côté sombre, où chacun lutte pour survivre. Elle veut panser ses blessures, oublier son métier d’enseignante et se faire oublier, essayer d’avancer… Mais la douleur la cloue, la mure, l’étouffe…jusqu’au jour où sur la plage, elle fait une rencontre. Une petite indienne qui, elle s’en aperçoit vite, travaille au lieu d’aller à l’école.

Dans certains pays, naître femme est un handicap, un obstacle majeur pour accéder au savoir et à la liberté. Malheureusement on ne choisit pas et dans ce cas-là, on se doit d’être obéissante et soumise sous peine de représailles.

Léna constate tout cela, se sent impuissante. Puis elle se « réveille », sort de sa torpeur, elle voudrait faire bouger les choses. Elle voit vite que le plus difficile, ce n’est pas l’extrême pauvreté mais le poids des traditions qui pèsent et qui empêchent les lignes de bouger. Bien que malheureux, les habitants n’envisagent pas de renoncer aux coutumes. C’est leur héritage, leur vie, leur essence.

Elle s’attache à la petite fille qu’elle a vue sur la plage et fait une autre rencontre : Preeti. Une jeune femme qui engagée avec les Red Brigades fondée en 2011 par Usha Vishwakarma (n’hésitez pas à aller lire son histoire personnelle). Elles se heurtent et finissent par s’apprivoiser.

Ces trois personnages féminins cheminent sous nos yeux. Chacune se construit pas à pas, hésitant, reculant, renonçant puis repartant en ne perdant pas espoir. Léna est une belle personne, elle a besoin de se raccrocher à la vie comme elle le peut et c’est en Inde qu’elle trouve une raison d’exister.

C’est avec une écriture au scalpel, lumineuse que l’auteur nous décrit leur quotidien, leurs luttes, leurs peurs, leurs espoirs. C’est empli d’une belle sensibilité nous rappelant l’importance de l’éducation. J’ai trouvé ce roman doux et beau, bien documenté (et ça, c’est vraiment intéressant !) et très réussi.


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