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"Les filles mortes ne sont pas aussi jolies" d'Elizabeth Little (Pretty as a Picture)

Par Cassiopea

Les filles mortes ne sont pas aussi jolies (Pretty as a Picture)
Auteur : Elizabeth Little
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Julie Sibony
Éditions : Sonatine (22 octobre 2020)
ISBN : 978-2355843211
410 pages

Quatrième de couverture

Au départ, elle n'a rien d'une enquêtrice. Timide, un brin asociale, elle s'efforce d'éviter les ennuis. Marissa Dahl est surtout une étonnante monteuse de films. Engagée sur un long métrage dont le tournage a lieu sur Kickout Island, elle fait la connaissance du metteur en scène Tony Rees, réputé pour son comportement tyrannique. Très vite, elle comprend que quelque chose ne tourne pas rond ….Le film reconstitue une histoire vraie, celle du meurtre non élucidé, pourquoi un tel projet ?

Mon avis

« Je suis dans le même monde que vous. C’est juste que je le regarde différemment. »

Marissa Dahl est une excellente monteuse de films. Elle est connue et reconnue dans sa profession pour ses qualités. Son agent s’occupe des relations aux autres et de lui trouver du travail car Marissa a des difficultés avec les personnes neurotypiques. On la dit gauche et un brin asocial, je crois surtout, après avoir refermé ce livre, qu’elle est autiste ou qu’elle a des traits autistiques. En effet, elle n’a pas les « codes » de la vie en société, elle a besoin de rituels et d’un espace personnel qui la rassurent, elle côtoie peu de monde, elle est mal à l’aise avec le contact physique et son principal centre d’intérêt est le cinéma. Il est nécessaire de temps à autre qu’on lui explique comment exprimer son ressenti en y mettant un minimum de forme pour éviter qu’elle froisse ceux à qui elle s’adresse. Il lui arrivé d’avoir peur et elle essaie de se raisonner, mais c’est compliqué. Tout cela en fait une jeune femme à la fois forte et fragile, très attachante. L’auteur a su montrer ses ambivalences, son caractère particulier et c’est très réussi.

Dans ce roman, c’est Marissa qui se raconte. Elle travaille depuis des années avec Amy, qui est également son amie. Mais cette fois-ci, elle va se lancer avec un autre réalisateur, quelqu’un de célèbre. Se disant que c’est une occasion qui ne se représentera pas, elle dit oui sans même avoir lu le scénario et en signant une clause de confidentialité de seize pages. La voilà embarquée sur un bateau afin de gagner une île isolée où se déroule le tournage et où elle sera logée. Du fait de son fonctionnement, elle a, sans cesse, tous ses sens en alerte et de ce fait, elle réalise rapidement qu’il y a une atmosphère étrange sur les plateaux. Bien sûr, elle a du mal à définir ce qu’elle ressent mais elle est certaine d’une chose : il y a eu de nombreuses démissions et ce n’est pas normal.

De plus, elle comprend que le sujet du film n’est autre que d’évoquer un meurtre non élucidé qui a eu lieu, au même endroit, vingt ans plus tôt. Pourquoi un projet comme celui-ci ? Que cherche à prouver le réalisateur ? Comment a-t-il choisi ses acteurs ? Qui sont les deux adolescentes de l’hôtel qui essaient de mener une enquête sur cet assassinat ? Beaucoup de questions se posent. C’est par le regard et les observations de Marissa que le lecteur va petit à petit cerner les personnalités, comprendre ce qui se déroule.

J’ai beaucoup aimé ce récit, Les références cinématographiques ne m’ont pas dérangées, au contraire, j’ai trouvé qu’elles étaient ciblées et astucieusement intégrées au texte. Le style et l’écriture d’Elizabeth Little sont agréables, fluides (merci à Julie Sibony pour la traduction), elle a de l’humour, un peu pince sans rire et de bon goût. La construction de l’histoire est intéressante, sans temps mort. Ce recueil a été une belle découverte et un bon moment de lecture !



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