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Covid: Anatomie d'une crise sanitaire, de Jean-Dominique Michel

Publié le 23 août 2020 par Francisrichard @francisrichard
Covid: Anatomie d'une crise sanitaire, de Jean-Dominique Michel Un anthropologue médical [...] n'est [...] pas un chercheur en sciences fondamentales ni un médecin, mais quelqu'un dont le métier est d'analyser la recherche et la pratique médicale pour en percevoir bien sûr la validité, mais aussi l'idéologie, les présupposés, les systèmes de croyances explicite et implicite.

C'est en tant qu'anthropologue médical que ( Jean-Dominique Michel, qui tient un blog hébergé par la Anthropo-logiques), publie Tribune de Genève Covid: Une anatomie de la crise sanitaire.

La crise sanitaire a été d'autant plus grande dans des pays comme la France, ou la Suisse (à un moindre degré), que les autorités se sont contentées de confiner plutôt que de dépister et de traiter.

DÉPISTER

Au moment où son livre est disponible en version numérique, le 21 mai 2020, alors que le dépistage n'a pas encore commencé à large échelle dans l'un et l'autre pays, ses propos sont prémonitoires:

C'est un classique en épidémiologie: si vous ne dépistez que les morts, vous parviendrez à 100% de taux de mortalité ! Si vous ne testez que les cas critiques, vous en aurez moins, mais toujours plus qu'en réalité. Si vous pratiquez des tests à large échelle, vous aurez beaucoup de cas, alors que si vous dépistez peu, leur nombre sera faible. TRAITER

Quand Jean-Dominique Michel apprend les résultats obtenus avec leur protocole par le professeur Didier Raoult et ses huit cents collaborateurs, il écrit sur son blog que c'est une bonne nouvelle:

top of the tops Au lieu de l'accueillir avec joie, les autorités et les scientifiques rivalisent de critiques. Ils concentrent leurs attaques sur le fait qu'on ne peut tirer de conclusions sur la base d'essais cliniques. [...] Une réplication par d'autres équipes est requise, sans même parler d'une étude randomisée en double aveugle, le des méthodes de recherche.

En attendant les répliques, il faut confiner, quoi qu'il en coûte , sans se soucier des conséquences économiques et sociales. Or, il s'avère dès avril, d'après de premières études, que le confinement a un coût humain très élevé:

Ce confinement vendu comme un pis-aller en l'absence de ce qui était nécessaire (tests de dépistage, suivi des chaînes de contamination, masques) aura, si l'on en croit ces premières études, été lui aussi toxique !

Les autorités et les scientifiques, incompétents face à la crise sanitaire, dramatisent donc pour justifier le confinement. Sinon, il y aura de nombreux morts, disent-ils, pour preuve les modélisations:

Ces modèles reposent [...] sur une amplification à l'extrême des variables possibles selon le scénario du pire. Si le pire par définition n'est pas impossible, il est improbable, en proportion du degré d'exagération des hypothèses.

(C'est la même technique de dramatisation qui est maintenant utilisée pour imposer le port du masque en tous lieux et circonstances, alors que la mortalité et les hospitalisations sont au plus bas, mais que les conséquences économiques et sociales vont devenir plus visibles)

L'EBM

L' idéologie dominante en matière de recherche médicale est l'EBM, evidence-based medecine , la médecine fondée sur des faits, des preuves tangibles , respectant certaines méthodologies de recherche:

L'EBM a été développée pour les maladies complexes, chroniques, pour l'essentiel non infectieuses. Ses méthodologies visent donc à objectiver certains traitements ou interventions thérapeutiques à large échelle dans des situations où il est difficile d'en prouver l'efficacité - ce qui justifie le recours à des statistiques souvent pointues. LES ESSAIS CLINIQUES

Dans le cas des maladies transmissibles , l'EBM peut venir en soutien et assurément apporter des informations pertinentes, mais non se substituer à la complexité de la clinique. L'épistémologie de recherche, fondée sur une démarche empirique , y est beaucoup plus simple:

Soit un remède est efficace, soit il ne l'est pas. S'il l'est ne serait-ce que sur trois puis trente premiers malades, alors il le sera (avec sans doute quelques exceptions statistiquement infimes) également sur les trois mille suivants. LA MÉDECINE EST UNE PRAXIS

Jean-Dominique Michel rappelle qu' un être humain ne se résume pas à une simple liste de variables biologiques - et c'est pourtant la seule chose que certains médecins savent envisager aujourd'hui.

Il ajoute: praxis Qu'une variable biologique puisse donner une information utile sur une situation clinique, bien sûr, mais la médecine, fondamentalement, est avant tout une , soit à la fois un art et une science .

Il précise plus loin: La médecine n'est pas là pour faire de la théorie, ou de savantes gesticulations, elle est là pour appliquer les meilleurs traitements disponibles et obtenir des résultats, qu'on sache les expliquer ou pas.

L'HYDROXYCHLOROQUINE

Au sujet de l'hydroxychloroquine, il trouve indéfendable que les autorités et les scientifiques aient risqué de laisser mourir des malades pour ne pas prescrire une substance parce que l'on n'était pas "absolument" certain de son efficacité.

Quant aux puristes, qui ne jurent que par l' essai randomisé en double aveugle , ils auraient sans doute voulu qu'on mette de côté des patients sans les soigner pour évaluer les dommages éventuels et disposer de meilleures données...

LA CORRUPTION SYSTÉMIQUE

En matière médicale, selon l'auteur, il y a une corruption systémique qui se caractérise par le fait que nul en particulier n'est pourri: le système l'est dans son ensemble, qui contraint chaque acteur à s'y résoudre, mais sans avoir à y participer activement.

N'est-ce pas tout simplement parce que les systèmes de santé sont étatiques, ce qui favorise les petits arrangements entre pouvoirs publics, industrie pharmaceutique et tous ceux qui reçoivent des bénéfices de celle-ci ?

LE "SERVICE MARKETING" DES PHARMAS

Il n'est pas étonnant dans ces conditions qu'il soit difficile pour nombre de médecins d' accorder leur confiance aux études financées par les pharmas, auxquels appartiennent d'ailleurs les grandes revues "scientifiques" qui en constituent en quelque sorte le service marketing .

Aussi, même quand une revue, que je sache, ne leur appartient pas, telle que The Lancet, cela ne veut pas dire qu'elle est fiable. Surtout depuis l'étude-bidon que celle-ci a publiée contre l'hydroxychloroquine, le 22 mai 2020, soit le lendemain de la parution de la version numérique du livre de Jean-Dominique Michel...

Francis Richard

Covid: Anatomie d'une crise sanitaire, Jean-Dominique Michel, 224 pages, humenSciences


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