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Nassim Lachelache : Fontenay-Sous-Bois dans son coeur

Publié le 14 mars 2020 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Actuellement adjoint au maire à la politique de la ville de Fontenay et à la réussite éducative, quel a été votre parcours pour en arriver là ?
Aujourd'hui j'ai 32 ans. Le début de mon parcours remonte aux révoltes urbaines de 2005 avec la mort de Zied et Bouna. J'avais considéré cette mort comme très révoltante et injuste. Ce sentiment s'est matérialisé en 2007, dans la lutte contre le contrat de première embauche (CPE). J'étais à la tête d'un groupement de lycées contre cette réforme imposée par le gouvernement. Après le lycée, j'ai fait un service civique qui m'a permis de m'impliquer davantage dans le monde associatif. Puis j'ai été à l'université en droit. Toutes ces expériences ont contribué à mon parcours politique. J'ai pris conscience et vu d'autres choses en allant sur Paris, en dépassant mon quartier. J'ai pu avoir des endroits de comparaison. En 2010 j'ai soutenu une candidate de mon quartier aux élections régionales. A 21 ans j'étais président de son comité de soutien, on avait fait un score historique de 15% sur la ville. A 22 ans, je me suis présenté à ma première élection aux cantonales de 2011. J'étais tout seul en tête de liste face à des ténors locaux. En 2012 j'ai apporté mon soutien à la candidate de gauche aux législatives. Pour la première fois dans l'histoire de la V e République, la circonscription de ma ville est passée à gauche. Elle a gagné à 500 voix de différence, toutes les forces impliquées avaient leur importance. En 2014, j'ai été candidat sur la liste de Jean-François Voguet, le maire sortant, avec une large union des forces de gauche citoyennes et écologiques. On a gagné et j'ai été nommé maire adjoint et conseiller territorial.

Quelles sont tes activités aujourd’hui ? En quoi consiste ton rôle de maire adjoint à la politique de la ville et à la réussite éducative ?
En 2014 on a réussi à maintenir deux quartiers de la ville de Fontenay aux quartiers prioritaires. Cela signifie que dans les quartiers populaires de ma ville on y met plus de moyens, notamment de l'argent de l'Etat, pour corriger les inégalités entre les différents territoires de la commune. En France on a 1300 quartiers prioritaires qui sont les plus pauvres du pays. Le taux de pauvreté est le seul et unique critère retenu par l'Etat pour désigner un quartier comme prioritaire. On a deux quartiers à Fontenay-Sous-Bois sur les 1300 de toute la France.

Ma deuxième mission a été de mettre en place des conseils citoyens. Ce sont des groupes de citoyens qui s'organisent et à qui on donne une place prépondérante dans les discussions avec l'Etat et avec la ville. La rénovation urbaine et le développement économique du quartier sont au cœur des discussions. L'idée est de redonner le pouvoir aux citoyens, le pouvoir d'agir.
Aujourd'hui au quotidien j'ai ma tâche d'adjoint. Je reçois des personnes sur des questions pas forcément liées à ma délégation. Je dois faire le lien entre les habitants de ma ville et les problématiques qu'ils peuvent rencontrer au quotidien. Je considère être le représentant des quartiers denses et populaires de ma ville. Ces gens-là m'ont porté jusqu'ici et c'est mon devoir de leur rendre la pareille. Quand ils ont des difficultés sur des places en crèche, un logement ou des inégalités, je me dois d'être à leurs côtés. Je fais des permanences et je fais beaucoup de terrain, je vais dans des manifestations, je vais rencontrer des associations sportives, des associations socio-culturelles etc. Je me suis engagé pour les plus démunis et les plus précaires. Mon objectif est de rééquilibrer les inégalités c'est pour ça que la politique de la ville me convenait.


A trois semaines des municipales comment envisages-tu ton avenir si votre parti perd les élections ?
Si on perd les élections, je serai élu d'opposition. Je continuerai à m'investir dans l'opposition et à dénoncer ce que je considère injuste. Je me battrai contre les politiques qui seront mises en place avec des contres projets. J'ai également mon avenir professionnel qui continue. Parallèlement à mon mandat d'élu, j'ai fait une reprise d'études. Je suis en train de valider mon Master 1 en droit et gestion des collectivités territoriales. J'envisage dès septembre de finir sur un Master 2 en droit public. Avec mon diplôme et mon expérience en poche j'aurai le champ libre pour faire ce qui m'intéresse.

Comment prépares-tu les municipales, fais-tu campagne ?
La préparation s'est faite dès l'année dernière. Dès la rentrée scolaire 2019, j'ai eu des premières rencontres, des premiers échanges pour préparer la liste. Il a fallu attendre et on a réussi à se mettre d'accord qu'en janvier. J'ai signé le protocole d'accord qui unit l'ensemble des forces et des organisations politiques engagées. Je me suis vraiment lancé en campagne dès janvier. Il y avait la crainte de se faire avoir, de faire campagne et de pas obtenir gain de cause sur les idées programmatiques qu'on souhaitait imposer, sur le nombre de sièges qu'on souhaitait occuper, sur le type de délégation qu'on souhaitait mener etc. Sans ces réponses on ne peut pas s'engager. Lors de la campagne on fait des réunions d'appartement dans des immeubles ou des pavillons. On y présente le programme et on défend le bilan. On essaye d'avoir le plus de proximité possible avec les habitants.

Que souhaites-tu apporter à la ville de Fontenay ? Quels projets ont déjà été réalisés et quels projets sont prévus ?
Je considère vraiment être un représentant des quartiers populaires. En particulier de mon quartier qui représente 1/5e de la population totale de la commune. Le but est de mettre en place des politiques publiques inclusives qui vont permettre aux gens les plus précaires, ceux pour qui je me suis engagé, d'avoir recours à leurs droits et de pouvoir bénéficier de politiques qui vont rééquilibrer les choses. Il y a énormément de projets qui ont été réalisés. Notamment la mise en place de repas végétariens dans les cantines et la construction d'une éco-école en plein cœur de mon quartier. On va très prochainement construire un théâtre, un centre médical de santé sur la crête de Fontenay Sous-Bois pour permettre au plus grand nombre de pouvoir bénéficier de ce service, une nouvelle médiathèque, une crèche, et on continue de construire du logement en incluant 40% de logements sociaux dans toutes les constructions de plus de 20 habitations. Quand on parle de logements sociaux on parle de trois types de logements : le PLAI, PLS et PLUS. On continue de favoriser la mixité sociale et à côté on a des logements privés où les gens sont propriétaires de manière assez classique.

Quelles sont les qualités nécessaires pour travailler dans la politique ?
La qualité que je pense nécessaire est tout d'abord la proximité. Il faut être proche des gens. Il faut avoir dans son âme la volonté de se battre pour certaines choses. A mon sens la politique c'est vraiment se battre pour les plus précaires. La deuxième chose importante c'est d'être impliqué, avoir un terrain et une base sur laquelle te reposer, vers laquelle tu pourras te retourner en cas de besoin et à qui tu rendras des comptes. Je parle d'une base de personnes qui ont pu te faire confiance à un moment donné, une base de personnes qui vont pouvoir t'agiter si tu dévies de ta trajectoire, une base de personnes qui te soutient et pour laquelle tu es engagé. Il peut y avoir plusieurs bases. Il est nécessaire de bien travailler ses dossiers, être motivé et prêt à tout donner pour une cause qui nous dépasse.

Quels sont les avantages et les inconvénients de la politique au niveau local ?
Il n'y a pas beaucoup d'avantages si ce n'est d'avoir la satisfaction de mener des actions à bien, de voir des sourires, et d'aider les gens à s'en sortir. Mais j'y vois beaucoup plus d'inconvénients, ça m'empêche de mener des projets personnels. Par exemple je suis très engagé dans le cadre associatif et c'est difficile de m'engager sur des missions associatives alors que je suis élu sur le même territoire. C'est très compliqué voire impossible. Un autre inconvénient est d'être tout le temps interpellé dans la rue, sur les réseaux, par téléphone. Pour mener à bien une vie de famille il faut trouver un équilibre et un juste milieu. Il ne faut pas s'oublier soi-même.

Quel conseil donnerais-tu à un jeune voulant se lancer dans la politique ?
Il faut qu'il soit sur qu'il veut se lancer en politique. Il doit se poser les bonnes questions et réfléchir sur les raisons qui le poussent à s'engager en politique. Si c'est le poste, le statut, la notoriété, il faut laisser tomber. Par contre si tu sais pourquoi tu te bats, c'est important. Il faut s'engager pour les bonnes raisons, il faut rester intègre, garder les pieds sur terre. Par exemple, avec ma famille on allait aux restos du cœur, chez l'assistante sociale et les huissiers venaient à la maison. Toutes ces choses-là m'ont forgées, m'ont construites et m'ont amenées là où je suis aujourd'hui. Si j'ai pu en arriver là c'est parce qu'il y a eu des politiques ambitieuses au niveau local qui m'ont permises de partir en vacances, partir en colonie et faire du sport. Je suis conscient de tout ça et la meilleure des manières de le rendre c'est de s'engager soi-même. D'essayer de recréer la même chose auprès d'autres populations aussi pauvres qu'on a pu l'être. La politique ça va ça vient, aujourd'hui t'es élu demain tu peux être personne. Les gens y voient souvent leur propre intérêt. Il faut surtout bien s'entourer.
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