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Indigne

Publié le 05 novembre 2019 par Jean-Emmanuel Ducoin
Indigne En confirmant les futures mises en place de quotas et d’un délai de carence pour l’accès aux soins, le pouvoir vient de franchir un pas supplémentaire dans l’indigne, ne reculant devant rien pour stigmatiser une partie de la population, diviser les citoyens et négliger l’essentiel – la crise sociale.
«Quand l'éthique déserte la politique, il n'y a plus de démocratie», nous confessait Costa-Gavras, notre «rédacteur en chef d’un jour». Il évoquait la Grèce, le Chili, les États-Unis… mais pas seulement. Il se disait aussi «atterré» par les décisions d’Emmanuel Macron sur l’immigration. En confirmant les futures mises en place de quotas et d’un délai de carence pour l’accès aux soins, le pouvoir vient de franchir un pas supplémentaire dans l’indigne, ne reculant devant rien pour stigmatiser une partie de la population, diviser les citoyens et négliger l’essentiel – la crise sociale. L’«immigration choisie» façon Macron, c’est à la fois créditer les pires projets de Nicolas Sarkozy en son temps, mais c’est surtout choisir et assumer la politique migratoire de la droite extrême.
La stratégie mortifère du président se confirme. En vue de 2022, il a choisi son assurance-vie: Le Pen. Dans sa volonté de rester en tête-à-tête avec les nationalistes, Macron dresse un marchepied au Rassemblement national. Comme si nos malheurs sociaux et tous les maux de la société venaient des migrants et débarquaient des bateaux perdus de la Méditerranée. En banalisant la réaction identitaire, Macron porte à son tour une responsabilité historique. Il flétrit la République.
Quant aux mesures annoncées, elles s’avèrent cyniques et honteuses au regard de la protection des droits humains, et même irresponsables du strict point de vue de la santé publique. Considérer le migrant comme «l’ennemi», la «menace», n’est-ce pas instrumentaliser le peuple, le renvoyer à des peurs fantasmées et, surtout, tenter de faire oublier que le vrai ennemi s’appelle la finance, et qu’elle se moque des frontières! Ainsi, 28 pays et 500 millions d’Européens seraient dans l’incapacité d’accueillir dans la dignité quelques dizaines de milliers d’êtres humains? Pire, en France, il conviendrait de les trier en fonction des besoins du Medef? Macron se présente comme l’ultime fortification contre l’extrême droite : il en est le pont-levis. 
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 6 novembre 2019.]

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