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Marie Dubois entre douceur et courage

Publié le 15 octobre 2019 par Sylvainrakotoarison

" [Elle] a été longtemps l'incarnation de la jeune femme jolie mais accessible, solaire et sympathique. " (Dominique Besnehard, France Inter le 27 avril 2019).
Marie Dubois entre douceur et courage
L'actrice Marie Dubois (Claudine Huzé) est morte, près de Pau, il y a exactement cinq ans, le 15 octobre 2014, elle avait 77 ans (née le 12 janvier 1937 à Paris). À l'âge de 23 ans, une cécité à l'œil gauche lui a révélé la présence d'une maladie qui l'a tuée à petit feu et pour laquelle elle a voulu communiquer (à partir de 2001), la sclérose en plaques. Heureusement pour elle, pendant une vingtaine de ses jeunes années, la maladie l'a laissée tranquille, lui donnant la possibilité de jouer au cinéma avec les plus grands réalisateurs et les plus grands acteurs français. Aurélie Filippetti, alors Ministre de la Culture, est venue chez elle en 2013 pour lui remettre la Légion d'honneur.
Peut-être à cause de sa maladie, ou peut-être par son esprit anti-star, elle n'a pas eu la carrière qu'elle aurait méritée, malgré la notoriété qui en a fait l'une des jeunes stars du cinéma de la Nouvelle Vague. Elle était belle, et elle n'était pas une simplette, elle avait du tempérament d'acier : " Ma blondeur, mon air tendre m'ont figée sur un emploi d'ingénue alors que je suis une violente, une vraie. Quelle erreur ! ".
Elle a souvent joué les seconds rôles, ceux de l'éblouissante femme prête à s'effacer derrière des premiers rôles plus importants. Après une apparition dans un film d'Éric Rohmer, elle fut recrutée par François Truffaut qui en tomba amoureux. Son petit test de rôle réalisé par François Truffaut est à cet égard très intéressant (voir vidéo plus loin, le réalisateur cherche à lui faire dire des insultes), ce qui l'a amené à l'adopter pour "Tirez sur le pianiste" (1960), dans un grand rôle avec Charles Aznavour, et pour "Jules et Jim" (1962). De François Truffaut, elle a avoué bien plus tard : " Je l'ai aimé comme on chaparde le fruit de l'arbre défendu, dans un jardin qui ne vous appartient pas. ".
Elle a multiplié les rôles dans les années 1960 et 1970, avec notamment "Une femme est une femme" de Jean-Luc Godard (1961), "Le monocle noir" de Georges Lautner (1961), "Week-end à Zuydcote" d'Henri Verneuil (1964), "La Chasse à l'homme" d'Édouard Molinaro (1964), "La Ronde" de Roger Vadim (1964) avec Jane Fonda et Jean-Claude Brialy, "L'Âge ingrat" de Gilles Grandier (1964) avec Jean Gabin dont elle joue la fille rebelle, "Les Grandes Gueules" de Robert Enrico (1965) avec Bourvil et Lino Ventura, "Le Voleur" de Louis Malle (1966), "Gonflés à bloc" de Ken Annakin (1969) avec Bourvil, Peter Cook, Mireille Darc et Tony Curtis, "La Maison des Bories" de Jacques Doniol-Valcroze (1970) pour certainement le plus beau rôle de sa carrière, "Vincent, François, Paul... et les autres" de Claude Sautet (1974) avec Gérard Depardieu, Michel Piccoli dont elle joue l'épouse, Yves Montand, Serge Reggiani, etc., "L'Innocent" de Luchino Visconti (1976), "Nuit d'or" de Serge Moati (1976), "Mon oncle d'Amérique" d'Alain Resnais (1980) avec Roger Pierre et Nicole Garcia, "L'Ami de Vincent" de Pierre Granier-Deferre (1983), "Rien ne va plus" de Claude Chabrol (1997), etc.
Le film qui lui a apporté une célébrité accrue fut évidemment "La Grande Vadrouille" de Gérard Oury (1966) où elle a joué le rôle de la belle Juliette, l'amour de Bourvil, l'acteur principal du film avec Louis de Funès. Mais elle a brillé aussi dans l'excellent film d'Alain Corneau, "La Menace" (1977) où elle joue le rôle de l'épouse malheureuse et jalouse d'Yves Montand, se suicidant après s'être disputé avec sa rivale Carole Laure, suicide qui devient rapidement un meurtre pour la police (et pour l'inspecteur Jean-François Balmer). Elle a reçu pour l'occasion le César de la meilleure actrice dans un second rôle féminin en 1978. Marie Dubois a reçu aussi le Prix d'interprétation de l'Académie nationale du cinéma en 1972 pour son rôle dans "Les Arpenteurs" de Michel Soutter (1972).
Marie Dubois entre douceur et courage
Ce fut après le tournage de "La Menace" que la sclérose en plaques a repris le dessus sur sa vie. Marie Dubois a réduit alors ses participations dans les films (et aussi à la télévision et au théâtre) jusqu'à pratiquement arrêter en 1995. Elle expliquait en 1998 à la télévision : " J'ai eu un répit de dix-huit ans où j'ai pu faire normalement mon métier. Après cela, je l'ai fait avec des problèmes dans mes jambes et puis, maintenant, j'ai de plus en plus de mal à marcher. ". Après les béquilles, le fauteuil roulant lui a été nécessaire jusqu'à la fin de sa vie pour se déplacer.
Courageuse et souriante malgré la maladie, elle s'est engagée publiquement à partir des années 2000, notamment en participant à un film de campagne de lutte contre la sclérose en plaques réalisé par Alain Corneau en 2001 : " Ce témoignage, c'est ma manière à moi d'être solidaire avec tous ceux et celles qui sont dans mon cas ; si cette campagne peut aider les chercheurs à trouver des traitements qui guérissent la sclérose en plaques, alors... quelle victoire ! (...) Jusqu'à maintenant, cette maladie qui touche 70 000 malades reste mystérieuse à plus d'un titre. (...) Rappelons qu'une personne sur mille est atteinte en France et deux malades sur trois sont des jeunes femmes. (...) Très invalidante, cette maladie est la seconde cause de handicap chez les jeunes adultes après les accidents de la route. " (propos recueillis par David Bême, Doctissimo, le 12 février 2003).
Dans son ouvrage autobiographique sorti en 2002, "J'ai jamais menti, j'ai pas tout dit..." (éd. Plon), Marie Dubois a confié : " La mort de ne me fait pas peur. La foi m'est naturelle. ". Marie Dubois, discrète et plaisante, n'est jamais entrée dans le "star system". Et elle s'est effacée aussi discrètement qu'elle est apparue sur le grand écran. Heureusement, il reste les films...
1. Entretien de recrutement ("crash test") par François Truffaut (1959)
2. "La Grande Vadrouille" de Gérard Oury (8 décembre 1966)
3. "Vincent, François, Paul... et les autres" de Claude Sautet (2 octobre 1974)
4. Chanson "15 juillet à 5 heures" avec Serge Lama le 10 avril 1976
5. "La Menace" d'Alain Corneau (28 septembre 1977)
6. "Mon oncle d'Amérique" d'Alain Resnais (21 mai 1980)
7. Quelques minutes biographiques le 16 octobre 2014 sur France 3
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (13 octobre 2019)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Marie Dubois.
Brigitte Bardot.
Charlie Chaplin.
Marie Dubois entre douceur et courage
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20191015-marie-dubois.html
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2019/10/13/37708860.html


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