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Apulée n°2 - août 2019

Publié le 18 août 2019 par Onarretetout

Cette revue annuelle de littérature et de réflexion initiée par Hubert Haddad s’engage à parler du monde d’une manière décentrée, nomade, investigatrice, loin d’un point de vue étroitement hexagonal, avec pour premier espace d’enjeu l’Afrique et la Méditerranée.

C’est autour du nom prestigieux d’Apulée – auteur berbère d’expression latine qui, avec l’Âne d’or ou les Métamorphoses, ouvrit au IIe siècle une extraordinaire brèche de liberté aux littératures de l’imaginaire – que se retrouvent ici écrivains et artistes venus d’horizons divers. Romanciers, nouvellistes, plasticiens, penseurs et poètes des cinq continents ont la part belle pour dire et illustrer cette idée de la liberté, dans l’interdépendance et l’intrication vitale des cultures.

C’est avec le numéro 2 de cette revue, paru en 2017, que nous aurons, cette année, notre rendez-vous mensuel. 

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Jeanne Benameur

Imaginaire émotion pensée (dernier paragraphe)

(…)
Celui qui écrit se tient sur une crête périlleuse de solitude et d’empathie à la fois, incarné et mettant en jeu, parfois à grand péril, cette incarnation qui mène à la pensée. Celui qui lit accepte de s’embarquer dans l’aventure. Car bien sûr la pensée ainsi conçue est une aventure. Périlleuse aussi. Dont on ne sort pas indemne. Nous aurons pris du temps de notre vie mortelle pour aller, ensemble et sans rien laisser de nous au vestiaire, engagés corps et âme, véritablement, au plus profond de l’aventure de notre pensée. Et nous ne sommes pas ignorants du rôle essentiel qu’y jouent l’imaginaire et l’émotion qu’il suscite. Nous avons engagé notre capacité visionnaire dans l’aventure. Cet engagement, ce choix du temps passé à cela, c’est notre liberté d’être humain. Nous savons à quel point la liberté humaine est limitée. Dès la naissance nous sommes déjà déterminés par le lieu où nous sommes nés, le climat, la langue maternelle et tant d’autres paramètres de nos vies singulières. Mais le choix de notre temps passé à imaginer, s’émouvoir et penser, c’est notre liberté. Et nous pouvons la cultiver et l’agrandir au cours de notre vie. Nous pouvons ne pas nous laisser bercer par les vendeurs d’idées vite faites, réactions toujours à chaud d’un monde brûlant. Nous avons en nous cette puissance humaine de la pensée qui s’origine au plus profond de notre être, dans cet intime inviolable et c’est ainsi que nous pouvons  garder et approfondir cette humanité qui nous lie.
Si l’imaginaire ne sert pas à « changer le monde », il sert à changer notre rapport au monde. Son rôle est impalpable et intime. Ses effets ne sont ni visibles immédiatement ni spectaculaires. Mais il nous permet de nous mettre en mouvement jusqu’à la pensée. Et c’est immense.


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