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L'été circulaire de Marion BRUNET

Par Lecturissime

L'été circulaire de Marion BRUNET

Céline, 16 ans et Jo sa sœur de 15 ans sont assez dissemblables : Céline sait jouer de sa séduction quand Jo reste sur la défensive, plus lucide sur les attentes des garçons que sa sœur. Néanmoins les sœurs sont très proches l'une de l'autre, partageant sorties, confidences, bagarres et pleurs. Mais quand Céline tombe enceinte, elle refuse de dire à quiconque qui est le père de l'enfant, et son mutisme exacerbe les passions, les rivalités et rancœurs. La tension monte dans ce petit village du Sud exacerbée par la chaleur et les non dits.

Dans les remerciements, l'auteure précise devoir ce titre à Nicolas Mathieu, auteur du remarquable Leurs enfants après eux, et effectivement les similitudes entre les deux romans sont frappantes : même regard pointu sur la jeunesse et les classes populaires, entre désœuvrement et rêve de liberté, même sentiment de tourner en rond, d'être englué dans une vie qui se répète, mêmes couples désabusés entre compromissions et mensonges... Chez Marion Brunet, la mère de Céline est tombée enceinte jeune également, prise au piège d'un mariage brinquebalant. Jo quant à elle, pourrait trouver une porte de sortie, mais elle comprend rapidement que son avenir reste bouché, avec cette "impression de passer à côté de sa vie sans avoir quelle vie on voudrait à la place. ". La violence couve, éclate, pour finalement laisser place à une accalmie, pour mieux recommencer son cycle infernal, peut-être, plus tard, après, à une autre occasion.

Mais pour l'instant, la lumière éclaire le lien fort qui unit les deux sœurs, l'espoir palpite malgré tout, la beauté se dessine, quelquefois, fugace...

" En attendant Céline qui passe par la fenêtre, elle observe une ondée de pipistrelles qui rasent la cime des cerisiers, s'engouffrent sous les toits des maisons émiettées le long des champs. On dirait le vol des cendres au-dessus d'un brasier de papiers. Jo aime bien, ça la rend un peu triste sans qu'elle sache pourquoi, et sans que ce soit désagréable. Un espace de douleur et de plénitude - la beauté lui fait souvent cet effet-là. Elle est encore jeune : il lui faudra avec identifier l'indicible, ces îlots de sublime au milieu du chaos, ces fugacités qui sauvent."

Vous aimerez aussi : Leurs enfants après eux de Nicolas Matthieu, D'acier de Silvia Avallone


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