Magazine Culture

Le commerce des regards, de Marie-José Mondzain

Publié le 09 juin 2019 par Onarretetout

90691

Marie-José Mondzain commence par s’interroger sur l’origine de l’interdiction de l’image. Et elle relit l’histoire de Noé, que son fils Cham voit ivre et nu sous sa tente, ce qu’il s’empresse de raconter à ses frères qui couvriront la nudité de leur père d’un manteau. À partir de ce récit de la Bible, elle tire plusieurs conclusions. D’abord que voir n’est rien sans la parole. Que l’image n’est pas pure ou impure, que c’est le regard qui l’est ou non. Que le voile, la toile montrent l’image en respectant l’invisible.

Puis elle montre dans les épîtres de saint Paul comment celui qui eut la révélation en étant aveuglé sur le chemin de Damas a utilisé l’image comme un moyen de conquête du monde, dépassant les différences des langues, et que, pour cela, il a utilisé la langue grecque, où il a trouvé le corps que l’hébreu ne connaît pas. Le corps c’est l’enveloppe et c’est aussi le corps de l’Église.

Et, puisque Paul choisit la langue grecque, Marie-José Mondzain ira voir aussi du côté des Grecs, et, bien sûr, de Platon. De cette étude, elle conclut :

« Décider de ce qu’on voit, de ce que l’on aime voir et de ce qu’on ne veut pas voir, est affaire de parole partagée dans l’espace commun d’un sens à construire; (…) Que voulons-nous voir, que voulons-nous donner à voir, qui en décide et dans quel dessein ? Quand on ne veut plus voir sur ordre, alors commence le libre débat. »

Puis elle poursuit avec les contes où le roi est nu, ou Le retable des merveilles, un conte écrit par Cervantès, où il est question du « rapport de trois termes entre eux : le regard, la parole et la vérité, et de leur rapport avec un quatrième : la liberté ». C’est tout le politique qui se joue là : « Qu’est-ce qu’une communauté choisit ensemble de croire et pour construire quoi ? »


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Onarretetout 3973 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine