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L’interview: Karl Wendlinger, pilote de l’écurie #IWCRacing au départ de l’Arosa ClassicCar

Par Jsbg @JSBGblog

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Professionnels et aficionados de l’automobile se retrouvaient fin août à la 14ème édition de l’Arosa ClassicCar pour vivre une compétition des plus excitantes. Pluie, brume et 9° C. au compteur de l’événement, qu’à cela ne tienne ! Nous y étions pour découvrir la belle mécanique ailée du Team IWC Racing, la Mercedes 300 SL Gullwing. Sans oublier son pilote de renommée, l’autrichien Karl Wendlinger, qui a décroché la 7ème place.

C’est un petit côté « drama » qui se dessine au-dessus de la station d’Arosa, entre les pics des montages et les falaises, le brouillard s’étalant lentement, avalant le paysage sous nos yeux. Tentant de ne pas prendre en compte cette atmosphère d’hiver rude approchant, les pilotes automobiles se préparent déjà. Tôt. Faire et refaire le circuit de 7,3 km qui relie Langwies à Arosa, avec un timing le plus minime possible. « La petite Monaco des Montagnes », comme s’amusent les organisateurs à nommer l’événement, nécessite l’installation de glissières de sécurité et de grilles de protection supplémentaires, car ce sport, aussi excitant qu’extrême, peut s’avérer dangereux. La pluie a rendu la route périlleuse, mais qu’importe, les pilotes s’élancent ! Lors des essais, quelques dérapages, un phare gauche en moins, une roue qui se fait la malle, un ou deux aquaplanings. Mais personne ne se laisse abattre, encore moins notre Karl Wendlinger, brillant pilote pour la Team IWC Racing.

#IWCRacing

Car oui, la maison horlogère IWCSchaffhausen dispose aujourd’hui de sa propre écurie automobile et s’investit dans l’univers de la voiture historique depuis plusieurs années. Partenaire de Mercedes-AMG depuis 2004 et de l’écurie Mercedes AMG PETRONAS Formula 1 depuis 2013, la marque de Schaffhouse soutient également depuis trois ans plusieurs courses historiques dans le cadre du Goodwood Members’Meeting. IWC Schaffhouse perçoit de nombreux points communs entre la discipline automobile et la haute borlogerie, tels que le pouvoir d’attraction, la passion, la technologie, l’ingénierie de précision et le travail d’équipe. C’est ainsi qu’en mars dernier, la marque lançait sa propre écurie de course, sous le nom d’IWC Racing Team (nous vous en parlions ici). Et pour brûler les gommes sur l’asphalte de façon remarquable, quoi de mieux qu’une Mercedes 300 SL Gullwing ? C’est chose certaine, la Sport Leicht de 1955 a de quoi faire rugir. Avec un moteur 6 cylindres en ligne de 3.0 litres à injection directe (mécanique Bosch), la bête dispose de 240 ch (contre 115 ch au même moteur en version carbus), pour une vitesse de pointe de 235 km/h. Le coupé aux portes papillon s’est vue produite à seulement 1’400 exemplaires. Un must pour l’IWC Racing Team que de l’avoir comme digne représentante.

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La Mercedes 300 SL Gullwing Sport Leicht de l’écurie #IWCRacing, un modèle de 1955 équipé des fameuses portes papillon (photo Mathieu Bonnevie).

Et un pilote de renommée

Karl Wendlinger. Autrichien de cinquante ans. Pilote de course professionnel. Quelques mots suffisent pour donner le ton ! Ayant grandi auprès d’un père passionné d’automobile, revendeur de belles carrosseries et pilote de course à ses heures perdues, Karl Wendlinger a très vite su qu’il s’élancerait dans cette voie-là. La course automobile est son destin. Dès l’âge de quinze ans, il débute le karting, et passe très vite à l’automobile où il devient champion d’Autriche de Formule 3 dès sa première saison dans la discipline, ce en 1988. Il n’a alors tout juste que vingt ans. Ainsi lancé sur la bonne route, il gagne l’année suivante le championnat d’Allemagne, devant notamment un certain Michael Schumacher. L’objectif de Mercedes est à ce moment-là de former de jeunes talents en vue d’une prometteuse arrivée en Formule 1. Leur choix s’est notamment porté sur Karl Wendlinger, alors plus que prodigieusement prometteur sur le circuit. Les dés sont lancés : dès 1991, Wendlinger accède à la catégorie reine.

Puis sont arrivés les essais du Grand Prix de Monaco. 1994. Freinage raté. 19 jours de coma.

A son réveil, le pilote ne se souvient de rien. Fort heureusement. L’envie de reprendre la course automobile est plus que présente. Et la convalescence se passe alors plus rapidement que prévu. Moins d’un an plus tard, il est de retour dans les starting blocks, sans pour autant perdurer dans la Formule 1. Certes, il y a quelques séquelles perceptibles. Ce sont donc les épreuves d’Endurance, de DTM et de GT qui verront Karl Wendlinger briller à nouveau sur les circuits.

Aujourd’hui, digne ambassadeur d’IWC Schaffhouse, le pilote autrichien se plait à conduire la Mercedes 300 SL Gullwing de 1955, démontrant sa maîtrise parfaite de cette bête de route lors de l’Arosa ClassicCar 2018, et atteignant la 7ème place de sa catégorie.

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Karl Wendlinger pose avec sa montre IWC Ingenieur Chronograph au poignet (photo Isabelle Guignet).

L’interview

Isabelle Guignet – Dites-nous, qu’est-ce qui vous a poussé à la compétition automobile ?

Karl Wendlinger– Mon père ! Il était concessionnaire automobile et faisait de la course pour son plaisir. J’étais toujours là pour le regarder, l’aider, nettoyer la voiture. Impressionné par ce sport, c’est devenu mon rêve. Je souhaitais devenir pilote de course, et ce depuis que j’avais quatorze ans!

Vous avez eu été plus rapide qu’un certain Michael Schumacher, notamment lorsque vous avez gagné la Formula 3 face à lui en 1989. Quels souvenirs en avez-vous ?

C’était une course très serrée, je n’avais que deux points d’avance sur lui. Nous roulions très vite effectivement. Mais à cette époque, chacun passait tout son temps avec son team, les voyages, les weekends, le temps-libre, et le circuit. Nous n’avions pas beaucoup de contact avec les autres pilotes malheureusement…

Quelles sensations ressentez-vous quand vous êtes à pleine vitesse sur le circuit, à la limite du possible ?

Mmmm, difficile à dire, car j’ai pris l’habitude de la vitesse. C’est plus émotionnel lors de qualifications par exemple ; et surtout lorsque quand on passe la ligne d’arrivée. Là, c’est un superbe sentiment ! Cela vous procure bien plus d’émotions que la vitesse!

Et la conduite en général….

J’aime conduire bien sûr. C’est beaucoup de plaisir. Mais parfois, c’est également de la pression, de la nervosité, et dans ces moments très intenses, voire stressants, ce n’est pas aussi fun que l’on pourrait imaginer…

Monaco, 1994. Qu’avez-vous pensé lorsque vous vous êtes réveillé ? Avez-vous eu en tête la question « Vais-je pouvoir retourner sur le circuit un jour ? » ?

Non, pas du tout. Je me suis réveillé, j’étais à l’hôpital, ma femme et ma mère à mes côtés. Mais je ne me souvenais de rien. Le médecin a pris le temps de m’expliquer mon état, mon entourage celui de me raconter l’accident. N’ayant aucun souvenir, pas d’émotions choquantes de cet accident, je n’ai pas ressenti de peur à retourner sur le circuit. Au contraire, je voulais m’y remettre au plus vite.

Vous avez piloté dans toutes les disciplines automobiles possibles, de la Formule 1 au DTM, passant par le GT. Quelle catégorie vous a procuré le plus de plaisir ?

La Formule 1 ! Tout simplement car tout jeune garçon, je rêvais de faire de la Formule 1, et quand j’y suis arrivé, c’était une grande fierté et joie. J’ai apprécié conduire dans toutes les disciplines, mais le plaisir le plus intense que j’aie éprouvé est très spécifiquement lié à la conduite d’une F1!

Donc, si vous deviez en choisir une seule, laquelle serait-ce ?

Sans hésitation, la Formule 1 !

Vous roulez pour l’IWC Racing Team. Quelle est votre relation avec la marque, leurs montres et le concept du temps ?

On se connait depuis plusieurs années, et j’ai eu la chance de visiter leur manufacture à Schaffhouse, ainsi que d’être leur invité pour divers événements comme l’Arosa ClassicCar. C’est une marque de qualité que j’apprécie tout particulièrement.

Collectionnez-vous les garde-temps ?

Je suis intéressé par les montres bien sûr, j’aime cet univers. Mais je ne suis pas un collectionneur à proprement parler. Quant au temps, il est extrêmement crucial pour moi, il est d’une importance sans nom une fois sur le circuit!

Lors de cette 14ème édition de l’Arosa ClassicCar, vous pilotez une superbe Mercedes 300 SL Gullwing de 1955. Quelles sont les différences que vous constatez dans votre approche de l’automobile, entre une voiture vintage et une voiture moderne ?

J’adore conduire les voitures dites vintage ! Il y a une histoire et un ressenti que je ne retrouve pas pareillement dans une voiture moderne. La Mercedes 300 SL Gullwing est extraordinaire et très confortable pour une voiture de course de 1955 ! Et elle a une superbe tenue de route : il pleut et les risques d’acquaplanning sont énormes, mais elle tient la route. Avec une voiture moderne, c’est différent, plus aseptisétant sur le plan du confort que de la sécurité. Cela influence évidemment sur le plaisir de la conduite.

De toutes les voitures que vous avez conduites, laquelle avez-vous préféré ?

La Mercedes Sauber C11, une voiture d’endurance du Groupe C que j’ai conduite en 1990.

Et nuance : si vous ne deviez choisir qu’une seule voiture à conduire le reste de votre vie, laquelle serait-ce ?

Je dirais l’AMG C63. Elle est grande, spacieuse, très agréable à conduire pour de longues distances, et en mode sport, elle est extrêmement puissante!

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Karl Wendlinger en 1994 au volant de sa Formule 1 Sauber-Mercedes C13 (photo DR)

UN PERTINENT QUESTIONNAIRE SELON JSBG

Quel est votre plus grand vice ? L’impatience

Qu’est-ce qui vous effraie ? La maladie

Vivre au 21ème siècle ; plus simple ou plus difficile qu’avant ? Ni l’un ni l’autre

Facebook or Twitter ? Facebook

Quelle est la chose la plus précieuse que vos parents vous aient légué ? Une superbe enfance

Quelle serait la bande-son de votre vie ? Plus qu’une bande-son, un concept : « Keep Going »

Où vous voyez-vous dans dix ans ? Sous les palmiers, au soleil

Dernière question spéciale : Les Alpes, Suisses ou Autrichiennes ? Autrichiennes ! (Rires)

Merci Karl!

– Isabelle Guignet

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La Mercedes 300 SL Gullwing après les essais de l’Arosa ClassicCar, prête pour la course du lendemain (photo Isabelle Guignet).

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