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Focus sur la nouvelle génération d’agents de football

Publié le 31 août 2018 par Etvsport @etvsport

En ce dernier jour de mercato français, l'équipe de Beside Sport a décidé de vous présenter Côme Moudenner et Kevin Amegnaglo, deux nouveaux agents, tout juste diplômés de l' école des Agents de Joueurs de Football (EAJF). Nous les avons rencontré lors du barbecue de fin d'année de l'un des centres de l'EAJF, qui est situé à Neuilly, et ils ont évoqué avec nous leur vision du métier, leurs objectifs et leur premier mercato.

Côme et Kevin, pouvez-vous nous parler de votre cursus scolaire avant le diplôme de l'EAJF ?

Côme : J'ai 22 ans et j'ai une licence en Management/Bac+3. L'objectif par la suite était d'intégrer un métier en lien avec ma passion, à savoir le football. Le lien management et football m'a orienté assez naturellement vers le métier d'agent.

Kevin : J'ai 27 ans et j'ai un parcours un peu atypique. Après mon bac, j'ai fait un BTS NRC (Négociation Relation Client), ensuite j'ai fait un bachelor 3 dans le management, option marketing. Puis je suis parti 2 ans à l'étranger car je voulais apprendre l'anglais. Et quand je suis revenu, je me suis mis sur le management des organisations sportives et enfin le concours pour obtenir ma licence d'agent.

Quel était votre regard sur le rôle d'agent de joueur ? A t-il changé depuis l'école ?

Kevin : Pour moi, le regard sur le métier ne changera pas. Il ne faut pas se mentir, la plupart du temps, on n'a pas la meilleure des réputations. Du coup je pense que c'est un combat à mener dans le futur afin de faire comprendre au grand public que c'est un métier qui est très important dans le monde du foot. Il faut que les gens réalisent que les footballeurs ont besoin des agents.

Côme : Je suis complètement d'accord avec Kevin. Une chose est sûre, c'est que c'est un métier très important, que les joueurs doivent être conseillés. Concernant ma vision du métier d'agent, elle n'a pas changé depuis l'école mais j'ai été conforté dans le fait qu'il faut être formé, que c'est un vrai métier notamment d'un point de vue juridique.

Pourquoi vouloir devenir agent de joueur ?

Côme : Franchement, c'est la passion, le football ! C'est l'envie d'exercer un métier qui me permet d'être en lien avec le foot. Et puis le foot, c'est sûrement ce que je connais le mieux donc j'imagine que c'est là où je peux être le meilleur. Je parle de foot tout le temps, je regarde du foot toute la journée donc autant en profiter dans son métier.

Kevin : Déjà, comme Côme, je suis un passionné de football. Je fais du foot depuis que j'ai 5 ans et donc vu que j'ai 27 ans, cela fait donc 22 ans que je pratique ce sport. Ensuite, je suis arrivé à un âge où j'ai compris que je ne pourrais pas être footballeur professionnel donc je me suis dit que j'aimerais tout de même travailler dans ce milieu. Et ensuite pourquoi agent ? Car quand j'étais jeune, je jouais dans un club de foot de région parisienne (92), Clichy-la-Garenne, et franchement on avait une génération très très forte. Et à l'époque, j'ai été marqué par un de mes coéquipiers, qui était vraiment au-dessus du lot, et qui a rapidement intégré un centre de formation. Mais il n'a pas percé...enfin pas eu la carrière que moi je voyais en lui. Et c'est lui qui m'avait dit que dans le métier de football, il était important d'être bien conseillé, bien accompagné, par des personnes bienveillantes. Et honnêtement, cela m'a fait un déclic pour aider les footballeurs à avoir la carrière qu'ils méritent.

Quel est le vrai rôle d'un agent ? A la différence d'un agent d'image, attaché de presse ou avocat.

Côme : Il y a deux versants : Tout d'abord la partie agent de joueur avec le conseil club etc...et la partie que l'on peut mettre à part, agent d'image. C'est également très important de mettre en place des stratégies d'images autour des joueurs. Et la formation à l'EAJF est parfaite car l'on touche à tout notamment au niveau juridique où l'on voit le droit à l'image mais également le droit des contrats.

Est-ce qu'agent dans un autre sport, cela pourrait vous intéresser ?

Kevin : Cela pourrait mais honnêtement pour ma part je reste dans le foot car je sais que si je parle foot avec quelqu'un du milieu, j'ai une bonne connaissance de ce sport. Si on parle rugby, je ne connais même pas toutes les règles donc je n'aurais pas les compétences pour déceler le talent ou le potentiel chez un joueur. Je parle pour le côté sportif après en ce qui concerne le juridique/image, il suffit d'apprendre les statuts propres à la fédération et cela peut s'apprendre.

Côme : D'accord avec Kevin. Les meilleurs conseils que j'apporterais, c'est dans le foot et pas ailleurs. Et honnêtement, il y a largement à faire dans ce milieu avant d'aller explorer d'autres disciplines. Après, cela peut être intéressant, à terme, dans la partie développement d'image des joueurs, pourquoi pas se lier avec des marques qui peuvent nous amener dans d'autres sports.

L'argent est-il un moteur vu les sommes dans le foot ?

Côme : C'est sûr que cela incite beaucoup de gens à se lancer dans ce métier. Lorsque l'on voit le nombre de personnes qui passent l'examen, ce n'est que par amour du foot (rires). Franchement, il y a une logique financière qui est intéressante pour les agents. Après, il n'y a pas que l'aspect financier dans le métier mais également beaucoup d'autres choses positives comme le fait de travailler dans un milieu que l'on aime et de conseiller les joueurs. Les relations humaines sont primordiales dans notre boulot.

Kevin : C'est évident que le côté financier est important, surtout lorsque l'on voit certaines sommes, cela motive. Mais pour moi, cela passe en deuxième. Ce qui m'intéresse, c'est le sportif. Quand je vois des grands joueurs à la télé, cela me donne envie de découvrir des talents équivalents voire meilleurs et de leur permettre d'avoir des carrières exceptionnelles, c'est un réel objectif.

N'avez-vous pas peur de la concurrence énorme entre agents mais aussi de l'entourage des joueurs de plus en plus présent ?

Côme : Il est vrai qu'il y a de la concurrence dans le métier mais la relation agent/joueur est bien spécifique. C'est-à-dire que cela se joue tout le temps au feeling et du coup cela laisse une chance à tout le monde. C'est à l'agent d'arriver à tisser la meilleure relation humaine avec son joueur.

Kevin : Cela m'est déjà arrivé que je puisse créer une bonne relation avec un joueur mais moins avec la famille. Du coup, cela peut être un problème. En général, quand cela se passe bien avec la famille alors c'est pareil avec le joueur. La vraie question, c'est de savoir quel type de joueur. Si c'est un jeune joueur alors la famille a un rôle prépondérant car on parle de l'avenir de leur enfant. Après, si à partir d'un certain âge, la famille est toujours très voire trop présente alors cela devient problématique car nous ce que l'on souhaite, c'est faire notre métier correctement pour le bien de notre client. Si pour satisfaire notre joueur, il faut satisfaire tout l'entourage, cela complique irrémédiablement les choses.

Quelles sont vos qualités, à l'un et à l'autre, pour convaincre un joueur de signer avec vous ? Être jeune, c'est un défaut ou une qualité dans ce métier ?

Côme : Tout est question de professionnalisme. C'est-à-dire qu'être jeune, cela a des avantages car on peut nouer des liens assez forts avec le joueur qui permettent d'avoir une vraie relation de confiance. Après il est important de ne pas faire trop copain-copain avec le joueur car c'est avant tout une relation de travail. Le fait d'être jeune, cela peut être valorisé mais il existe certains freins notamment vis à vis des clubs. Mais à nous de démontrer notre professionnalisme, nos méthodes de travail afin de les convaincre de travailler avec nous. Et puis travailler avec les clubs très tôt, cela permet de créer une relation sur du long terme.

Votre licence d'agent, c'est votre crédibilité quand vous rencontrez un joueur ou un club ?

Kevin : Dans le monde du foot, avoir notre licence, c'est ce qui nous permet d'être crédible. En effet, si quelqu'un veut savoir qui je suis et vérifier que je ne dis pas n'importe quoi, il n'a qu'à vérifier sur la liste des agents certifiés par la FFF. Cela démontre que l'on est sérieux et professionnel. Ensuite, certains arrivent à signer des joueurs sans la licence mais nous on est pro.

Côme : Cette carte d'agent, elle rassure énormément de personnes notamment les familles surtout en Île-de-France où beaucoup de gens travaillent sans la licence. Il ne faut pas hésiter à mettre la carte en avant.

Quels sont les terrains propices pour découvrir les pépites de demain ?

Kevin : Je suis issu de l'Île-de-France qui est un vivier énorme en terme de joueurs et donc de talents potentiels. Après, il faut cibler. Je sais que moi, je cible entre 14 et 16 ans et donc je vais dans des centres de formation. Mais je fais aussi des seniors, de la CFA, de la N2, N3 maximum. Il peut arriver que l'on tombe sur un petit match régional et être attiré par un joueur. C'est ce qui est arrivé à N'Golo Kanté ou Riyad Mahrez par exemple. Après, ce sont des cas isolés car la plupart du temps, les clubs ont fait un bon ciblage au préalable concernant les meilleurs profils en devenir.

Côme : Il y a également des outils qui permettent de repérer des talents comme Wyscout, leader mondial du scouting.

Comment se créer son réseau ?

Côme : C'est un réseau de personnes de confiance qui donnent des infos sur ce qu'ils se passent dans telle régions en fonction des matchs qu'ils voient. Wyscout permet aussi d'avoir de la visibilité au niveau des matchs mais aussi des statistiques des joueurs. Après c'est important d'être présent en Île-de-France, comme disait Kevin, car c'est le plus grand vivier mais ce n'est pas là où sont tous les clubs. Il faut donc avoir le réseau de clubs à l'extérieur d'Île-de-France afin de pouvoir faire éclore ailleurs les joueurs que l'on a repéré dans la région.

Dans le style, tu préfères Jean-Pierre Bernès, Mino Raiola ou Jorge Mendes ?

Côme : Vu l'image médiatique de ces gens-là, je ne sais pas si c'est forcément ce que l'on souhaite.

Kevin : Ce que je veux, c'est être moi-même en fait. Bien sûr que je m'inspire de certaines techniques de Mendes, de Raiola, de Bernès, voir comment ils fonctionnent. Après, les imiter n'a aucun intérêt, il faut faire son truc à sa façon et on créera nos histoires nous-même.

Y a-t-il un joueur que vous rêveriez de signer ? Et pourquoi ?

Kevin : Il y en a beaucoup. Mais si j'avais pu à l'époque, avoir un Cristiano Ronaldo, cela aurait été incroyable. Car il représente ce qu'un footballeur doit être pour moi, c'est-à-dire, avoir du talent et toujours chercher à s'améliorer afin de vouloir devenir le meilleur.

Côme : Pour rebondir sur ce que vient de dire Kevin, ce que j'aime aussi, c'est l'aspect travailleur. Mais également, collaborer avec des joueurs avec lesquels, on peut développer une stratégie d'image. Ronaldo est le meilleur exemple.

Que pensez-vous des nouveaux arrivants sur le marché comme Jay-Z, par exemple, qui est également agent de sportifs avec Roc Nation Sport ?

Côme : Plus localement, il y a un rappeur français qui s'est lancé. Honnêtement, je ne suis pas contre car ils travaillent avec des gens compétents juridiquement.

Kevin : Moi non plus, je ne suis pas contre. De toute façon, en tant qu'agent licencié, on a déjà énormément de concurrence avec les conseillers sportifs ou les intermédiaires qui n'ont pas de licence. On est dans un milieu où il faut se battre et essayer de tirer son épingle du jeu.

Votre premier mercato, vous le vivez comment ?

Côme : Je suis agréablement surpris par le fait que la porte est assez ouverte de la part des clubs et qu'ils sont ouverts à la discussion et à nos propositions de profils. On est en capacité de répondre à leur besoin.

Kevin : C'est évident ! Depuis que l'on a cette carte, on peut proposer des profils et commencer à entretenir un relationnel avec les clubs. Pour ma part, ce mercato se passe tranquillement et sereinement.


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