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La dame de compagnie, de Bessa Myftiu

Publié le 12 juin 2018 par Francisrichard @francisrichard
La dame de compagnie, de Bessa Myftiu

La narratrice de Bessa Myftiu est trentenaire. Diplômée en Philosophie et en Littérature anglaise, elle a exercé toutes sortes de petits jobs pendant ses études, mais à leur issue elle n'a pas trouvé d'emploi correspondant à ses compétences.

Alors elle répond à une annonce parue dans le journal. Contre toute attente, elle est choisie parmi les trente-cinq candidates pour être La dame de compagnie de l'annonceur, un vieil aveugle, monsieur Bachmann, séduit par ses diplômes.

Elle croyait que ce job serait temporaire, en attendant de trouver une place convenable dans l'enseignement public ou privé, mais, en fait, elle commence à partir de là une carrière à plein temps dans ce métier connoté aristocratie et privilèges.

Ce job consiste à apporter un peu de présence à des âmes esseulées et à faire semblant d'être une amie et ça marche. A un point tel qu'elle se limite à quatre clients: monsieur Bachmann, le jeune Arthur, la vieille Fanny et mademoiselle Droz.

Arthur est un suicidaire qui, à la suite d'un accident de moto, se trouve en chaise roulante. Fanny est une vieille actrice qui a perdu son dernier amant. Mademoiselle Droz est une vieille fille qui a connu l'amour tardivement, mais brièvement.

La narratrice est qualifiée pour le job:

Il paraît qu'à ma naissance, les fées m'ont dotée d'une aura à même de soulager la peine des autres. C'est ainsi que ma présence rend le temps agréable; le ton de ma voix atténue les animosités, et le contenu de mes paroles parcimonieuses apaise la rancune.

Ainsi donne-t-elle pleine satisfaction à ses clients, tous reconnaissants de ce qu'elle fait pour eux, même si, parfois, la tournure que prennent les choses a de quoi la surprendre et que, si elle fait le bonheur des autres, elle ne fait pas le sien.

Peut-être, pour faire le sien, devrait-elle s'approprier pour elle-même ce que la quinquagénaire mademoiselle Droz lui dit de l'amour dont elle sait tout, alors qu'elle n'a aimé qu'un seul être et qu'à son âge, elle n'a jamais couché avec un homme:

C'est être heureux simplement parce que l'autre existe. Accepter de souffrir du manque et de l'indifférence, sans se venger. Ne pas demander de comptes. Laisser l'autre libre comme l'air sans rien réclamer. Ne pas exiger à recevoir, mais donner...

Francis Richard

La dame de compagnie, Bessa Myftiu, 206 pages, Éditions Encre Fraîche

Livres précédents:

Amours au temps du communisme, Fayard (2011)

Dix-sept ans de mensonge, BSN Press (2017)


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