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L’oiseau, le goudron et l’extase d’Alexander Maksik

Par Artemissia Gold @SongeD1NuitDete

L'oiseau, le goudron et l'extase d'Alexander Maksik

L’oiseau, le goudron et l’extase d’Alexander MaksikNombre de pages : 464 pages
Éditeur : Belfond
Date de sortie : 1er février 2018
Collection : Romans
Langue : Français
ISBN-10 : 271447599X
ISBN-13 : 978-2714475992
Disponible sur liseuse : Oui, à 14€99
Prix éditeur : 21€50

De quoi ça parle ?

Après La Mesure de la dérive, finaliste du prix du meilleur livre étranger et traduit en une dizaine de langues, Alexander Maksik nous revient avec un roman qui ébranle, porté par une psychologie fine et une écriture à fleur de peau. Aussi puissant que sincère, un morceau de bravoure sur ces élans d'amour, de rage et de liberté qui nous bousculent tous.

L'oiseau l'attaque violemment et la douleur lui perfore les poumons.
Le goudron s'infiltre dans chacun de ses pores et tétanise ses membres, jusqu'à l'étouffement.
Et l'extase le rend fou, l'électrise pour lui donner des ailes.

Quand il a rencontré Tess Wolff au cours d'un été pluvieux, Joe March a été saisi d'une violente transe amoureuse, un désir qui le dévore. Cette première déflagration sera suivie d'une seconde, encore plus forte : en ce même été, sa mère, son adorée, commet l'irréparable.

L'oiseau, c'est l'existence de Joe qui explose en mille morceaux.
Le goudron, c'est la peur qui l'engloutit.
Et l'extase, c'est cet élan vital, qui chaque jour va lui donner la force d'avancer...

L'oiseau, le goudron et l'extase est un titre qui m'intriguait grandement à cause de son titre justement, mais aussi de son résumé. Si je ne connaissais pas Alexander Maksik avant de lire ce roman, autant vous dire qu'il a su me donner envie de découvrir plus encore son travail. En effet, j'ai trouvé ce roman tout simplement incroyable. Il représente tout ce que j'aime dans la littérature et nous entraîne dans sur des sentiers tellement sinueux que j'apprécie d'autant plus la prise de risques de parler de sujets aussi difficiles de cette manière. Préparez-vous à lire un roman plein de métaphores où l'oiseau, le goudron et l'extase représente chacun une émotion dans la vie de Joe...

Dès le début du roman, j'ai été impressionné par la prose d'Alexander Maksik et cette façon, sans commune mesure, qu'il a de nous emporter avec ses mots. Cette façon qu'il a de prendre des chemins détournés pour ne pas mettre des mots brutaux sur les choses. L'oiseau et le goudron pour la dépression et l'angoisse qui vous tuent à petit feu, l'extase pour l'amour qui donne la force de se battre pour s'en sortir. Le tout est tellement incroyable et beau qu'il est difficile de sortir du roman tant on est captivé par les mots de l'auteur, par la vie de Joe, par Tess et son amour pour lui. Plus d'une fois, je me suis sentie à la fois loin et proche de Joe tant ses émotions sont brutales, violentes, dictées par ce qui le dévore de l'intérieur. Et pourtant, tout se résume à deux moments dans la vie de Joe : celui où sa mère va tuer un homme à coups de marteau et celui où il va rencontrer Tess.

Je ne sais pas comment vous décrire ce roman tant il est unique. En plaçant la famille et les émotions qui entourent au cœur de son roman, Alexander Maksik réussi un véritable tour de force : nous faire vivre ce que ses personnages vivent. En effet, on a envie de se mettre à leur place, on imagine leurs motivations, ce qu'ils ressentent, comment on vivrait la situation à leur place. On s'interroge sur cet oiseau et ce goudron qui paralysent Joe, sur cette loyauté qui pousse son père à tout quitter pour vivre près de la prison où est enfermée sa femme, sur les raisons des actes de la mère de Joe et sur son mutisme, mais aussi sur Tess avec qui il vit une romance dissolue et qui érige la mère de Joe en véritable héroïne.

Rien n'est simple dans ce roman et si le récit, parfois décousu, peut troubler le lecteur, il nous montre la réalité de la dépression : les jours où ça va mieux et ceux où sans qu'on s'y attende, tout est soudain pire. Les "trous noirs" de Joe, ces instants où il se perd dans ses pensées et ses angoisses jusqu'à en oublier le monde qu'il entoure, l'amour de Tess qui reste malgré tout, mais aussi la folie douce d'un père qui essaie de convaincre son fils de rester quand sa mère lui dit de partir. La rancœur aussi vis-à-vis de Claire qui a préféré tourner le dos à sa famille après son mariage. Tout se bouleverse, se mélange et nous offre un cocktail explosif d'émotions acerbes, pures et dures.

Finalement, Alexander Maksik nous met face à nous-même comme il met ses protagonistes face à leurs contradictions et leurs émotions. Loin d'être un roman moralisateur ou optimiste, il est juste réaliste et brutal. Il n'y a pas de réponse évidente, pas de recette miracle, juste un récit tourbillonnant qui nous pousse à l'introspection et qui nous fait vivre un voyage aussi unique qu'incroyable.

L’oiseau, le goudron et l’extase d’Alexander Maksik

L’oiseau, le goudron et l’extase d’Alexander Maksik


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