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Le crépuscule des Baby Dolls

Publié le 27 juin 2017 par Mainsdoeuvres

Le Crépuscule des Baby Dolls
Le Corps collectif / Nadia Vadori-Gauthier

« Notre monde crée des icônes, des images, des idoles, des play boys, des baby dolls… Ces modèles scintillent sur les écrans de nos représentations. En 1888 Nietzsche écrivait Le Crépuscule des idoles. Il s’agirait, aujourd’hui pour nous, de connecter ces images apolliniennes à une part Dionysiaque. Dionysos se cache sous Apollon, il le répète pour mieux le déplacer. De même, nous jouons à investir des images lumineuses en apparence pour les doubler d’une puissance mouvante. Dionysos joue avec le rayonnement, la clarté, la beauté d’Apollon, pour les entrelacer à une part obscure. Obscur, ne veut pas dire terrible, démoniaque, dangereux. Obscur se rapporte au cœur informulé des choses, des idées, des images. C’est une intensité de vie, un fourmillement de puissances. Il s’agirait alors peut-être d’obscurcir les baby dolls, de les mener à leur crépuscule afin qu’elles s’animent d’une vie et d’une intensité qui les rendent plus lumineuses. Mais cette luminosité ne serait ni le soleil de midi ni les feux de la rampe. Elle serait une oscillation, un scintillement, une intensité, une douceur. Il s’agirait de faire en sorte que la représentation soit poussée jusqu’à la différence, qu’elle conquière l’obscur. Il est nécessaire pour vivre un tel processus, de renoncer à des habitudes ou à des formes établies, connues, référencées, pour produire quelque chose qui n’a pas encore de visage et qui investit le chaos. Il nous semble nécessaire d’accepter pour un temps l’incertain, le provisoire, le bancal, et de renoncer à un sens qu’on aurait posé à l’avance ; accepter également d’être mu autant que de mouvoir pour voir jusqu’où les intensités que l’on convoque nous mènent. Dionysos s’agence à Apollon, le chaos se compose avec le cosmos. C’est un coup de dés, chaque fois réitéré, un processus de production à la fois aléatoire et maîtrisé. Il ne s’agirait plus alors d’opposer chaos et cosmos ou encore Dionysos et Apollon, ni même de les agencer, car ils coïncident. »

Nadia Vadori-Gauthier

Distribution
Le Corps collectif : Jeanne Alechinsky, Margaux Amoros, Isabelle Chemin, Stéphanie Dufour, Véronique Dréau, Christophe Gaussent, Gael Giraud, Lucas Hérault, Arthur Navellou, David di Paolo, Damien dos Santos, Nadia Vadori-Gauthier.

Chorégraphe
Nadia Vadori-Gauthier.

Durée : 45 min

Création 2017


Le Corps collectif est un laboratoire de performance, composé de 13 performers-chercheurs.
Le principal enjeu de ses recherches est avant tout relationnel : connecter, entrer en résonance, habiter les intervalles entre une chose et une autre, une personne et une autre, comme lieux de transformation et de rencontre potentielles. Il s’agit de contribuer à questionner et à repenser les notions de corps, d’image du corps, d’image scénique et de proposer des alternatives à la représentation, système dominant de nos sociétés contemporaines qui peut tendre à nous séparer de nous-mêmes, comme de la vie.
Le travail se base sur l’exploration très spécifique de modalités de perception et d’états modifiés de conscience. Les membres du Corps collectif composent avec un champ énergétique-vibratoire au sein duquel ils s’intéressent davantage aux flux d’énergie, aux charges intensives (énergie, émotion, rythme, inconscient, affect…) et aux potentialités de prise de forme, qu’aux formes elles-mêmes. Les propositions performatives et chorégraphiques ainsi générées sont par conséquent continuellement transitoires, elles se dissolvent, se fissurent, implosent, fondent ou tremblent.


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