3 romans sur la guerre
Publié le 12 juin 2017 par Enigma
3 romans sur la guerre
Les rumeurs du Mississippi de Louise Caron
On ne peut pas exécuter un innocent. Tel est le titre d'une lettre reçue par la journaliste Sara Kaplan de la part de Niko Barnes, un vétéran de la guerre d'Irak. Ce dernier s'accuse du meurtre d'une jeune gitane. Pour confirmer ses dires, Sara se rend dans le Mississippi, état américain dans lequel a vécu Barnes afin de rencontrer ses proches - ses anciens voisins, son ex-femme, sa mère,...-. Par tous, Niko est perçu comme un homme gentil, intelligent mais détruit psychologiquement par la guerre.
En acceptant de couvrir l'affaire, Sara Kaplan souhaite par la même occasion rendre justice à son père, également un vétéran de guerre (du Vietnam cette fois-ci) qui s'est suicidé à cause des horreurs perpétrées au nom de l'armée américaine.
Mais comment s'attaquer à une institution inattaquable ?
" l'armée est une usine à broyer les hommes, une machine à déshumaniser " p 245.
Grâce à ce roman, j'ai pu découvrir une face sombre de l'Amérique, celle des laissés-pour-compte.
Tout d'abord, par une armée rigide qui n'hésite pas à envoyer au casse-pipe des jeunes hommes qui reviennent anéantis psychologiquement (syndrome post-traumatique) et physiquement. Aujourd'hui encore, plus de 120 vétérans se suicident chaque semaine en Amérique.
Un autre point révoltant abordé par l'autrice est le racisme toujours omniprésent en Amérique envers les minorités ethniques et plus particulièrement envers les afro-américains. Elle montre qu'il existe encore des privilèges réservés aux personnes blanches en matière d'éducation, d'emploi, de logement et dans les procédures pénales.
En bref, j'ai aimé découvrir les deux approches du livre, à la fois l'enquête journalistique sur Niko Barnes, dont on ne connaîtra le point de vue qu'à l'extrême fin et en parallèle, l'histoire personnelle et familiale de la journaliste qui a également subie les affres de l'armée américaine. Malheureusement, les puissants resteront toujours au dessus des lois, contrairement aux minorités que l'on peut détruire d'un claquement de doigts...
Retour à My Lai de Dominique Legrand
Retour à My Lai se concentre sur le personnage de Frank Palmer, un vétéran de la guerre du Vietnam souffrant de symptômes de stress post-traumatique (cauchemars, dépression, idée suicidaire ou encore trouble de la personnalité).
Ce court roman montre comment la guerre change à jamais un homme. Il y a un avant et un après le Vietnam pour Franck Palmer. Il n'arrive pas à oublier, ni à se pardonner les actes commis au nom de l'armée américaine et plus particulièrement pour sa contribution involontaire au massacre de plus 500 civils dans la ville de My Lai (tueries et viols d'enfants et de femmes). Ces carnages seront dévoilés à la terre entière seulement un an et demi plus tard. Une lecture émouvante également sur la thématique de la recherche de la rédemption.
La chambre des officiers de Marc Dugain
Court roman, La chambre des officiers, parle d'un sujet peu abordé en littérature, celui des gueules cassées.
Dès les premiers jours de la guerre de 14-18, Adrien F., lieutenant du génie est fauché par un éclat d'obus. Défiguré, il se retrouve à l'hôpital de Val-de-Grâce où il y séjournera durant 5 ans avec d'autres officiers.
A travers le parcours d'Adrien, nous assistons au début de la chirurgie réparatrice, à l'acceptation de soi et à la réinsertion de ces vétérans dans la société d'après-guerre.
Deuxième roman que je lis et que j'apprécie de Marc Dugain, La chambre des officiers est écrit d'une manière sobre et sans pathos avec des personnages bienveillants.
Merci à et aux éditions Aux Forges de Vulcain pour la lecture Les rumeurs du Mississippi.
Publié dans Tagué littérature contemporaine amérique, armée, Défiguré, guerre, gueules cassées, journalisme, massacre, racisme, vietnam