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Les vignettes Crit’Air, une mesure environnementale contestée

Publié le 06 février 2017 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Recherche par tags (mots-clés) Recherche d'évènements (agenda) Les vignettes Crit'Air, accolées sur les pares-brises, classent les véhicules en six catégories graduelles, des voitures les plus "propres" aux plus polluantes, en fonction de l’année d’immatriculation. La première catégorie concerne les voitures électriques, la dernière concerne les vieilles voitures, qui dégagent davantage de particules fines dans l’air.

Ainsi, les véhicules immatriculés avant le 1er janvier 1997, qui ne peuvent bénéficier de cette "certification de propreté", ne sont pas autorisés à circuler dès le 5e jour d’un pic de pollution. Ces véhicules représentent environ 8% du parc automobile de la région grenobloise. À partir du 7e jour, les automobiles de certification 4 et 5, qui représentent 26% des véhicules, sont également interdits de circulation. En tout, 34% du parc automobile grenoblois est directement concerné par ces interdictions.

Cette politique publique, qui a pour objectif de réduire le nombre d'automobiles en circulation, vise également à inciter les individus à investir dans des voitures "propres", afin de limiter l’usage du diesel. Ce dispositif permettrait une diminution des particules fines dans l’air de 8% au bout du 6e jour d’un pic de pollution et de 37% les jours suivants.

Grenoble a été la première ville de France à expérimenter ce dispositif en novembre 2016. L’usage de la vignette est obligatoire depuis le 1er janvier 2017, pour les 49 communes de la métropole, sous peine de pénalités. Au regard des pics de pollution historiques, la ministre de l’écologie a décidé, le 10 décembre dernier, d’élargir cette mesure en région parisienne. Elle devrait prochainement se généraliser à Lyon et dans la vallée de l’Arve.

Une très grande partie des grenoblois est néanmoins hostile à cette réforme. Beaucoup jugent cette mesure discriminatoire: avoir une vieille voiture ne résulte souvent pas d’un choix, mais d’un manque de ressources financières. Cette mesure "pénalise les ménages aux revenus les plus faibles, qui n’ont pas les moyens d’investir dans une voiture plus récente. En ce sens elle représente une forme de discrimination sociale et entretient les inégalités", estime Sonia, 41 ans, mère au foyer, qui ne pourra pas circuler lors d’un pic de pollution. Avec des enfants en bas âge, l’usage de son véhicule est souvent "indispensable", surtout "quand on habite loin du centre-ville", assure-t-elle.

D’autres considèrent que le taux de rejet de particules fines dans l’air n’est pas nécessairement lié à l’année de construction, mais plutôt au modèle du véhicule. Pour Christophe, expert automobile de 32 ans, "une voiture récente comme un 4x4 qui consomme du 20 litres aux 100 est-elle moins polluante qu’une petite essence? Je ne crois pas", affirme-t-il ironiquement, avant d’ajouter: "on a décidé de pénaliser les individus en fonction de l’année du véhicule, mais pas en fonction des rejets de gaz". Il semblerait en effet que les anciennes voitures ne soient pas la principale source de pollution. Selon une étude du journal L’Obs , ce sont d’abord les voitures de luxe qui polluent le plus avec en première position l’Aston Martin (one-77); puis la Lamborghini (Aventador), et enfin la Mercedes (classe G). Même en se référant uniquement au classement de milieu de gamme, sur les 20 voitures les plus polluantes, sept d’entre elles sont des 4x4.

Néanmoins cette base de donnée classe les véhicules selon l’émission de CO2; pas en fonction du taux de rejet de particules fines, qui sont les plus néfastes sur la santé. Les vignettes ont pour principal objectif de dissuader l’achat des voitures diesel, source de nombreuses maladies pulmonaires.

Il semble pourtant que les populations n’aient pas réellement compris l’enjeu des vignettes, bien qu’elles ne soient qu’une solution partielle au problème de la pollution atmosphérique. Le rejet de particules fines dans l’air est pourtant la cause d’environ 48.000 décès par an.

Cette politique publique, pour être efficace, devra être accompagnée d’un travail de sensibilisation. La municipalité d’Eric Piolle (EELV) devra également œuvrer pour le développement des transports en commun, afin que les habitants des communes excentrées ne soient pas désavantagés par cette mesure. Enfin, "l’éco-conduite" est un enjeu majeur pour la diminution de la pollution atmosphérique. Les arrêts et redémarrages fréquents des véhicules sont une source de pollution non négligeable. Les agglomérations devront ainsi améliorer l’aménagement urbain afin que le trafic soit fluidifié.


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