Magazine Culture

(anthologie permanente) Bernard Chambaz : "joindre - dans la phrase - ce qui se disjoint"

Par Florence Trocmé

Bernard Chambaz publie Etc. aux éditions Flammarion. Etc. est le premier livre de poèmes que Bernard Chambaz a voulu construire après l’achèvement d’Eté en 2010. Il réunit cinq séquences autonomes mais qui se font écho et déclinent leurs variations, dans la lumière mélancolique d’un seul et même automne. Qu’il s’agisse de la méditation lexicale qui ouvre le ban, sur cet etcetera dans lequel l’auteur perçoit la lente dissolution de son été ; de la mort de Verlaine (traversée par celle de Mathieu Bénézet, l’ami disparu) ; d’un retour aux sources américaines ; d’un éloge de Robert Desnos ; ou d’un nouveau tombeau aux sonnets déconstruits, ironiquement intitulé « Du Bellay Du Balai » – le livre déroule ses strophes scandées avec une liberté et un sentiment d’inquiétude surmontée qui donnent à ces poèmes leur tonalité particulière. Ce qui n’empêche pas, bien au contraire, cette danse de l’intellect parmi les mots chère à Pound, dont Bernard Chambaz semble dans ce livre avoir retrouvé le secret. (Présentation de l’éditeur)
Après Été puis Été 2,
les mille et une séquences qui les composent
à la suite d’Échoir et d’Entretemps
le tour était venu d’Etc.
par une espèce d’amenuisement des lettres et du temps
qui nous reste ici
     bas
Etc. puis Et
conjonction de coordination et d’accélération
pâquerettes de givre et clarinette
   juste au-dessus
joindre – dans la phrase – ce qui se disjoint
– dans l’existence –
Et suivi par
e bientôt muet
qui s’impose et viendra – un jour – si ne je suis pas pris de vitesse
*
Et quoiqu’il en soit –
de toute chose de tout poème
toute nouvelle qui n’est jamais tout à fait la dernière
tant que nous serons là –
au bord de l’océan
il fera jour et il fera nuit
– Oceano nox
« le corps se perd dans l’eau, le nom dans la mémoire »
le vers avant la chose – l’élan
qui nous maintient un peu encore
en l’air – comme
un feu d’artifice un nouveau-né le panier de jacinthes
entre tes bras
*
Il écrit pour donner rendez-vous
à Youki
– Desnos – et si cette lettre
arrive avant lui
« ce sera de peu » -
tout ce qu’il y a de banal merveilleusement
banal – pour quoi il donnerait
tout Webre
et tous les mystères de l’algèbre –
« il y a partout du givre
et pas de neige
c’est merveilleusement beau »
puis neuf fois – baisers –
Robert
comme Weber.
*
Et même si Rome n’était plus
Rome nous sommes de retour à Rome
par envie
et vérifier qu’on n’est pas mort
ouyr le long du Tybre
le mistère des oiseaux du pont Milvio les passereaux
qu’on reconnaît à leur chant –
tsziuuuuuu –
le métro du pont Matteoti
sa stèle de granit rose dédiée
à Matteoti avec les bouquets de roses
rouges qui ont dépéri
et les vingt martins-pêcheurs recensés
c’est écrit – je l’ai lu
Bernard Chambaz, Etc., Flammarion, 2016 ; pp. 33, 129, 145 et 187.
Bernard Chambaz dans Poezibao :
bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2, extrait 3, le compte rendu d’une lecture, extrait 4, fiche de lecture de Eté (Flammarion 2005), extrait 5 (Eté), extrait 6, au lundi des Poètes, mai 07 extrait 7, ext. 8, notes sur la poésie, Eté II (par F. Trocmé), ext. 9, ext. 10, Eté II(par M. Gosztola), ext. 11, (revue Sur Zone) n° 18, Bernard Chambaz, cinq poèmes


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Florence Trocmé 18683 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines