La (dernière) danse du Diable ?

Nous venons d’apprendre le licenciement de notre Mister, Mihajlovic, avant même la fin d’une saison marquée une nouvelle fois par l’irrégularité, l’instabilité et le manque de magique dans une équipe à la dérive. Pouvait-il faire autre chose ? Pouvait-il tenir plus longtemps ? En avait-il envie de toute façon ? Rien est moins sûr… Mais nous lui souhaitons bonne chance et nous ne le blâmerons pas pour cette saison une nouvelle fois compliquée. Nous souhaiterons surtout bon courage à Brocchi pour lui éviter d’être une victime de plus de ce diable de Berlusconi.

Revenons à l’été 2015, lorsqu’un investisseur thaïlandais souhaite racheter l’AC Milan pour le faire redevenir grand à nouveau. Les tifosi retrouvent espoir et un nouveau souffle pour retrouver une Ligue des Champions déjà trop longtemps absentes de nos semaines. Les quelques investissements effectués apportent également un bel espoir dans la communauté milanista : Bertolacci, Romagnoli, Bacca, Luiz Adriano, Kucka (à défaut de Witsel) viennent renforcer les rangs rossoneri et des indésirables s’en sont également allés. Saison de transition ? Saison de renouveau ? Difficile encore de savoir mais l’effectif nous offre plusieurs promesses à venir. Nous nous mettons même à rêver d’un niveau semblable à la Juventus, multiple tenante du titre, qui perdait Pirlo, Vidal et Tevez. Bien évidemment, quelques ombres restaient encore dans le décor avec notamment des dirigeants toujours aussi flous et dépassés. Une part d’ombre que nous avons peut-être eu envie de minimiser au début de la saison… A tort.

8 mois plus tard le constat est sévèrement amer pour tout le monde. Rien n’a changé ou presque… Le jeu est morose pour ne pas dire inexistant, l’entraineur est limogé et a surtout traversé toute la saison sans réel soutien de la part de la direction ni des joueurs. Les cadres ne prennent par leurs responsabilités sur le terrain ni en dehors… Mais les cadres ont-ils les épaules pour le Milan ? Beaucoup en doute. Les renforts de l’été ne sont pas des dépenses inutiles et d’ailleurs le terrain nous montrent que tout n’est pas si mauvais mais il fut un temps où les grands champions nous expliquaient que la différence de l’AC Milan, c’était que le club faisait absolument tout pour mettre les joueurs dans les conditions idéales pour s’exprimer. Aujourd’hui la faillite est totale et les responsables n’assument rien.

La fracture est totale et le divorce semble consommé mais Berlusconi et Galliani continuent de s’accrocher à leur jouet. Nous ne pouvons oublier tout ce qu’ils ont apporté depuis 30 ans avec autant de victoires, de trophées et de moments épiques. Quelle est la plus grande qualité d’un dirigeant ? Savoir s’entourer des personnes les plus compétentes et talentueuses dans leur domaine et les faire travailler ensemble. Mais aujourd’hui, les dirigeants milanais pensent surtout à être omnipotents avec leur club. Consumé par leur propre orgueil, ils s’enferment dans leur gloire passée, leur musée à trophées. Quand on entend aujourd’hui qu’une victoire dans une modeste coupe d’Italie (toujours boudée par Milan) peut tout changer, cela peut nous faire rire jaune. Le poids de San Siro, orphelin de ses supporters, pour des joueurs aux épaules trop frêles est aussi un véritable problème.

Le cercle vicieux s’est refermé sur la société AC Milan. Des dirigeants médiocres ont recruté des joueurs médiocres tout en espérant conserver le lustre d’autant quand les champions aux personnalités charismatiques arboraient la pelouse de San Siro. Ces joueurs, trop faibles pour une enceinte et une histoire trop imposantes n’ont pu faire face aux critiques des tifosi. Et maintenant ce club semble à l’abandon. Le navire est à la dérive, le capitaine croit garder le cap et demande à tout ses lieutenants de sauter du navire. Voici la triste réalité…

Quelques motifs d’espoir pourtant persistent mais peuvent-ils durer ? Des étincelles sortent de ce marasme ambiant à Milanello et ils ne sont pas à ignorer mais plutôt à protéger pour leur permettre de s’embrasser et à nouveau enflammer une communauté, une famille qui n’attend que cela car l’amour porté à ce club est éternel. Si les cadres sont défaillants (aux différents niveaux du club), les jeunes peuvent nous laisser espérer qu’un jour des jours meilleurs arrivent s’ils gardent l’humilité que leurs ainés ont perdu. Donnarumma, Romagnoli, Bertolacci et Niang ont montré qu’ils pouvaient faire de bonnes choses si les conditions s’améliorent autour d’eux. D’autres sont aussi pleins de promesses comme Mauri ou Locatelli. Reconstruire sur des cendres ne pourra être possible si et seulement si nos dirigeants montrent l’exemple en s’effaçant (ce que nous devons oublier) ou en partant tant qu’il y a un quelconque héritage à léguer.

La marque Milan est maintenant trop grande pour l’équipe en place et toute la société doit se redimensionner. Honnêtement parler de Ligue des Champions en est presque devenu ridicule pour les prochaines années tant le retard accumulé est important. En Italie, le classement est très représentatif de la concurrence et chaque équipe est globalement à sa place. La Juventus, le Napoli sont clairement au-dessus de nous et la Roma a aussi montré plus d’identité et de jeu que ce Milan. En Europe, de nombreux clubs ont prouvé être au niveau exigeant de cette compétition et Milan ne se démarque plus. Même en Europa League, Milan serait à la peine dans cette compétition si elle ne la prenait pas au sérieux.

l’AC Milan est dos au mur, face à ses contradictions et ses illusions brisées. Le chemin de la rédemption sera quoiqu’il arrive long avant de revenir au sommet mais nous reviendrons, nous pouvons en être certain. Beaucoup « d’indésirables » ont quitté le groupe ces dernières saisons et l’effectif est globalement de qualité. Le club doit se séparer enfin de ses derniers indésirables… Les derniers mais probablement les plus compliqués à se séparer quand on voit tout le cirque fait autour du rachat du club.

Restons fort et unis, Milan reste et restera toujours dans nos coeurs.