Les gravats de la rade

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Dans la littérature dite de genre, j'ai toujours été attiré par les romans noirs, sociaux, historiques. Chez les anglo-saxons, j'ai une prédilection pour Ellroy et Lehane. Pour moi, ce dernier a composé un véritable chef d'œuvre avec " Un pays à l'aube " décrivant, au travers d'une véritable fresque, les convulsions de l'Amérique de l'après-première guerre mondiale, mais non pas du point de vue des élites ou de leurs polices, comme le fait avec talent Ellroy. Il se situe au niveau des différents visages des classes laborieuses bostoniennes de l'époque. Ce qui est ambitieux et je trouve parfaitement réussi, dans ce cas précis. Chez les français, je dirais que pour le polar engagé c'est justement dans le roman historique à l'instar de " La Lune d'Omaha " d'Amila, de " Meurtre pour mémoire " de Daeninckx que j'ai éprouvé le plus de plaisir, en tant que lecteur.
Par ailleurs, finistérien d'origine, il m'arrive de dévorer, occasionnellement, ce qu'on appelle communément des polars régionaux, comme si le fait de situer une intrigue en dehors de la capitale constituait un genre en soi. Je ne partage pas la condescendance de certains esthètes autoproclamés du Noir à l'égard de ce type de romans car comme partout il y en a de très bons.
J'avais déjà écrit un premier " Breizh Polar ", comme on dit, " Concar'Noir ", édité en numérique. J'avais eu des retours vraiment enthousiastes, plus qu'à l'accoutumée, de lecteurs. Aussi, j'ai voulu renouveler l'expérience mais en construisant mon scénario un peu comme celui de " Meurtre pour Mémoire " où un fait social historique dissimulé remontait à la surface à l'occasion d'une enquête contemporaine.
Je me suis souvenu, alors, que dans plusieurs de mes lectures, j'étais tombé sur cet épisode de la Résistance où des ouvriers trotskystes de l'arsenal de Brest avaient réussi à gagner politiquement des sous-mariniers allemands en 43, avant d'être dénoncés et fusillés.
Une chose demeurait dans les documents et écrits que j'ai pu regrouper, par la suite : le silence assourdissant laissé sur cet évènement, à la Libération, voire encore plus tard. L'union entre De Gaulle et la direction du PCF imposait l'allemand comme ennemi héréditaire en 1945, en effet.
Je me suis dit, donc, là que j'avais la matière pour une intrigue locale, historique et qui, en même temps, constituait une petite réflexion sur qui faisait un Roman National, pour reprendre certaines formules ministérielles, quitte à taire certains faits parfois.