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Où Babelio vous donne rendez-vous à Angoulême pour le festival international de la bande dessinée

Par Samy20002000fr

Dans le cadre de son tour de France des festivals littéraires, l’équipe de Babelio se rend en cette fin de mois de janvier à Angoulême à l’occasion du célèbre festival de bande dessinée, incontestablement le plus important du genre.

Armés de nos appareils photos et carnets de notes, nous alimenterons cet article au  fur et à mesure de nos pérégrinations au sein du festival. Interviews, expositions, comptes-rendus, nous vous proposons de vivre Angoulême, comme si vous y étiez.

Bien sûr, n’oubliez pas de nous suivre également sur le twitter de Babelio qui nous permettra de vous diffuser les informations en direct.

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Le festival en quelques mots

L’édition 2016

Du 28 au 31 janvier 2016 se tiendra la 43 ème édition du festival d’Angoulême, le plus grand festival européen dédié à la bande dessinée sous toutes ses formes : mangas, comics, bande dessinée franco-belge, bd italienne… Angoulême est, l’espace de quelques jours, le rendez-vous incontournable de tous les amateurs de BD.

Cette édition sera l’occasion de souffler les bougies de Lucky Luke qui fête son 70 ème anniversaire avec la publication d’un nouveau tome et une importante exposition qui permettra aux visiteurs de contempler pour la première fois certains dessins originaux de Morris. Hugo Pratt sera cette année également à l’honneur avec une exposition centrée sur les inspirations littéraires du dessinateur italien. Lauréat du Grand Prix d’Angoulême en 2015, Katsuhiro Otomo sera également l’objet, comme le veut la tradition, d’une exposition célébrant son art. En tant que grand gagnant, il a également  réalisé la très belle affiche ci-dessous.

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Qui sera d’ailleurs son successeur cette année ? Et en aura-t-il seulement un du fait de la récente polémique ? Il faudra suivre nos actualités ici même !

Retrouvez le programme complet du festival en heure par heure sur le site

Retrouvez la liste complète des auteurs présents

Vos critiques

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Comme nous le faisons dorénavant pour de nombreux salons comme la Foire de Brive, le Salon de la littérature et de la presse jeunesse de Montreuil ou encore le Salon du Livre de Paris, nous proposons, lors du festival, de nombreux avis de lecteurs sur les stands des éditeurs. En partenariat avec une vingtaine d’éditeurs, c’est ainsi près d’une centaine d’extraits de critiques issues de Babelio qui seront affichés sur les stands.

Notre Revue de presse du festival

Comme tous les ans depuis de nombreuses années lors de l’ouverture du festival d’Angoulême, Libération propose une édition spéciale BD avec, à la place des photos illustrant les articles, des dessins signés de quelques plumes bien connues de la BD ou bien des talents en devenir.

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La Bd est également au cœur de cette édition avec notamment un portrait du nouveau Grand prix d’Angoulême, Hermann, dessinateur belge de 77 ans qui remporte donc la distinction qui aura fait une nouvelle fois polémique. Un choix justifié pour le journal : «C’est avant tout un grand dessinateur réaliste, à la production foisonnante , inspiré à ses débuts par des artistes comme Jijé et Jean Giraud qui est récompensé ».

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La venue – presque surprise- de Katsuhiro Otomo à Paris est l’objet d’un autre article de Libération qui a assisté à la conférence de presse de celui qui a remporté le Grand prix d’Angoulême l’année dernière : « Katsuhiro Otomo a toujours été économe de ses apparitions médiatiques. Une discretion qu’il ne faut pas prendre pour un manque d’assurance. A 61 ans, l’artiste sait sa place dans l’histoire. » Une place que compte bien rappeler le festival avec une grande exposition dédiée au mangaka.
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En plein débat sur la place des femmes dans la bande dessinée, un dossier revient sur l’absence remarquée de super-héroïnes dans les comics : « L’invisibilité du deuxième sexe dans la BD ne date pas d’Angoulême. A l’exception notable de Wonder Woman, les femmes aux superpouvoirs sont souvent de pâles avatars de leurs collègues masculins » avance les auteurs de ce dossier qui reviennent sur quelques figures marquantes qui sont tout de même apparues cs dernières années : She-Hulk, Kamala Khan ou encore Jessica Jones.

Chez Télérama, ci-dessous, un dessin de Soulcié qui nous a fait rire !

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SI la BD est à l’honneur pendant quelques jours,  Frédéric Potet revient dans un article du Monde sur la précarité des auteurs de BD. « Il ne fait pas bon être auteur de bande dessinée en ce moment, précise l’auteur d’entrée ». De fait, une étude qui sera publiée lors du festival d’Angoulême montre que « plus de 50% des professionnels du 9ème art gagnent moins que le smic ».

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De la même manière que Libération, Le Huffington Post propose une édition tout en Bd pour illustrer ses articles. Dans l’édito de cette édition du jour Adrien Oster précise ainsi que « la une et tous les articles du HuffPost seront illustrés par les élèves du Cesan (Centre d’études spécialisé des arts narratifs), première école de bande dessinée à Paris et déjà partenaire du HuffPost en 2015 ».

Expositions

Morris, l’homme qui inventa Lucky Luke

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A l’occasion des 70 ans du plus célèbre des cow boys du Far West, le festival propose une grande exposition dédiée à Morris qui a consacré toute son oeuvre à son cow-boy. Pour la toute première fois, les visiteurs auront la chance de découvrir pas loin de 150 planches de l’auteur dont des originales, jusqu’à présent gardées exclusivement privées selon les souhaits de leur créateur. Cette exposition, “L’art de Morris”, a vocation à retracer l’évolution du trait du créateur de Lucky Luke et dévoilera plusieurs facettes de son oeuvre grâce à la présentation de journaux rares, d’esquisses, d’objets, d’interviews ainsi que de manuscrits provenant de collections privées ou de prêts particuliers. Conçue pour le grand public,activités ludiques et pédagogiques seront également proposées aux visiteurs, de manière à rappeler que, 70 ans après sa naissance, Lucky Luke demeure l’un personnage absolument transgénérationnel.

Nos impressions

On a peut-être lu un peu vite les aventures de Lucky Luke. Oh, ne nous méprenons pas, on a toujours aimé les aventures du cow-boy qui tire plus vite que son ombre. Cependant, l’exposition qui est consacrée à Luky Luke et à son créateur Morris ( Maurice de Bevere pour l’état civil), constituée de nombreuses planches originales, nous montre à quel point il y avait du génie chez ce dernier quand on ne voulait peut-être voir que son talent à raconter, avec le scénariste René Goscinny, des histoires humoristiques autour de son héros et de son cheval.
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Un génie du noir et blanc par exemple. Alors que ses aventures apparaissent comme très colorées, l’exposition rappelle à quel point Morris fut un « praticien expert du noir et blanc qui sait construire un dessin sur de forts contrastes entre le clair et l’obscur ». Pour appuyer cette analyse, de nombreuses planches ne laissent aucune place au doute et montrent la beauté de ses contrastes. Un coloriste de Morris, Vittorio Leonardo, témoigne : « Pour Morris, un bon dessin était obligatoirement parfait en noir et Blanc ».

Un génie du cadrage également. Le western est un genre cinématographique et l’exposition rappelle là encore à quel point  Morris maîtrisait à la perfection les différentes techniques de cadrage. Une même planche peut multiplier les mouvements de caméra pour plonger le lecteur directement dans l’action. Ce n’est un secret pour personne, Morris rêvait de cinéma et avait même travaillé, à ses débuts, dans un atelier de dessins animés en compagnie de Franquin. L’épisode fut de courte durée mais illustre les accointances de Morris avec le 9ème art. Il est d’ailleurs amusant de noter que le dessinateur est souvent comparé à des génies du cinéma. C’est le Hitchcock de la BD pour Bibliobs, ou un Buster Keaton pour Lyonne.fr .

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Un génie du mouvement. Si Les aventures de Lucky ne semblent pas avoir pris de rides, c’est que Morris fut très novateur dans les mouvements. Certains gestes des personnages sont ainsi découpés en plusieurs cases, du jamais-vu en 1946, date de la parution du premier album de Lucky Luke. De même, le dessinateur utilise peu les « traits de mouvements », les traits utilisés par les dessinateurs pour souligner les mouvements de ses personnages : « Dans un geste, l’image qui passe le mieux, en statique, c’est celle où le mouvement est le plus lent. Sur la rétine de l’œil, il y a une espèce de persistance qui fait que les phases les plus lentes restent le mieux imprimées » disait ainsi Morris cité par Télérama.
Enfin, comme on peut le voir sur la planche reproduite ci-dessus, si Morris est un grand adepte du gaufrier, il ne se prive jamais de présenter certains dessins importants et parfois remplis de détails savoureux sur des demi-planches. Jean-Pierre Mercier et Stéphane Beaujean, les auteurs du livre L’art de Morris, rappellent que ce dernier « est le premier à introduire ce principe dans la bande dessinée franco-belge dès 1948 dans Grand Rodéo ».
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Evidemment, tout cela n’aurait aucune importance s’il n’y avait pas derrière ces innovations fulgurantes de grandes histoires dans lesquelles se côtoient des personnages haut en couleur. Ce sont eux, avant tout, qui ont fait le succès de cette série de BD qui aura occupé toute la vie de son créateur.

L’exposition revient ainsi sur l’évolution du physique de Lucky Luke, assez rondouillet au départ, lorsque Morris le dessine dans ses carnets ; la place de Jolly Jumper, qui est progressivement doté de la parole à la déception de certains lecteurs ; ou encore celles des Daltons qui plaisent énormément aux enfants.

Une expo qui donne envie de se procurer tous les albums de Lucky Luke et de les redécouvrir immédiatement.

Hugo Pratt, rencontres et passages

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L’oeuvre d’Hugo Pratt a toujours baigné dans la littérature. Des citations qui parsèment son oeuvre aux images de Corto lisant un livre, il a toujours été question de littérature et de livres dans l’oeuvre du génial dessinateur italien. C’est ce lien entre la littérature et son oeuvre que nous fait découvrir cette exposition qui se tiendra Espace Franquin, salle Iribe.

Nos Impressions : 

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Quiconque a lu un jour une bande dessinée d’Hugo Pratt sait que la poésie y tient une place importante, des lectures de Corto -pour ne citer que son héros le plus illustre- aux récits parfois fantasmatiques que le dessinateur met en scène.

L’exposition consacrée à Hugo Pratt à l’Espace Franquin d’Angoulême nous permet de mieux percevoir les influences littéraires et poétiques du dessinateur Italien. On découvre quels sont ses premières lectures et parmi celles-ci il n’est pas étonnant de voir que ce sont les écrivains d’aventure qui ont marqué le jeune Hugo. Robert Louis Stevenson, par exemple, a eu une influence prépondérante sur l’oeuvre et la vie même d’Hugo. C’est son père qui lui a remis L’île au trésor au moment de son départ pour un camp de concentration :

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« Maintenant va à la recherche de ta propre île ». Ce sont les dernières paroles que mon père m’ait dites. Après il est mort et moi, je suis resté avec ce petit livre L’île au Trésor de mon père ».

Cette recherche occupera une partie de la vie d’Hugo Pratt : « Mon père avait raison, j’ai trouvé mon île au trésor. Je l’ai trouvée dans mon monde intérieur, mes rencontres, dans mon travail ».
Hugo Pratt n’oubliera pas Stevenson dont il illustrera plusieurs histoires dont la plus célèbre. Il ira également visiter sa tombe.

Si Stevenson a été une grande influence dans son oeuvre, l’exposition

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revient sur l’importance toute aussi importante d’auteurs tels que William Shakespeare ou Jack London mais également les poètes Arthur Rimbaud ou Yeats dont il apprécieparticulièrement la poésie ésotérique.

« Dans la littérature, ce qui me touche le plus, c’est la poésie, parce qu’elle est synthétique et qu’elle procède par images » dit Hugo Pratt.

Une exposition à découvrir Espace Franquin durant la durée du festival.

Interduck

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Belle et drôle d’expo au Musée d’Angoulême avec Interduck, un exposition de peintures célèbres revisitées avec des canards ressemblants à Donald Duck ! Oui, vous avez bien lu, des palmipèdes comme tout droit issus des ateliers Disney ont remplacé, dans les tableaux exposés, les personnages et paysages peints par Leonard de Vinci, Rembrandt, Monet, entre autres peintres.

Le résultats est des plus réussis, chaque toile provoquant

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le sourire et l’admiration tant les tableaux respectent les tableaux d’origine en remplaçant simplement le sujet principal par un canard. La grande force de cette exposition et de ce travail repose principalement dans la variété des genres abordés : c’est toute l’histoire de la peinture qui a été revisitée avec un talent égal, de l’époque classique à l’époque contemporaine. La plupart des tableaux sont accompagnés, comme il se doit, d’une petite notice très drôle qui revient sur l’origine du tableau et explique aux moins attentifs ce qui s’y trouve ou ce que l’artiste voulait exprimer.

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Derrière Interduck se cache un collectif allemand qui agit depuis les années 1980 dans cette grande entreprise de détournement d’oeuvres d’art. Ils se présentent,sur leur site internet comme » un groupement d’artistes qui maîtrisent aussi bien les techniques traditionnelles de peinture figurative que les formes contemporaines, le dessin ou les techniques traditionnelles d’impression graphique ». Une maîtrise impressionnante qui surprendra et amusera chaque visiteur de l’exposition et lui permettra de revisiter avec humour les grandes étapes de l’Histoire de l’Art.

Musée d’Angoulême ; Du 28 janvier au 15 mars 2016.

Jean-Christophe Menu

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Il avait l’année dernière été désigné pour recevoir le prix attribué à Charlie Hebdo. Il est cette année l’objet d’une riche exposition qui revient sur l’ensemble de sa carrière de dessinateur.

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Lui, c’est Jean-Christophe Menu, figure importante de la Bande dessinée qui a co-fondé la célèbre maison d’édition indépendante l’Association avant de la présider lui-même de longues années durant. C’est cependant surtout sur sa production graphique que s’intéresse cette exposition au sein du superbe hôtel Saint-Simon d’Angoulême.

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On retrouve dans cet hôtel particulier de nombreuses planches de la plupart des ses oeuvres :  Livret de phamilleLocke Groove Comix, Chroquettes ou encore Donjon Monsters, incursion réussie dans le Donjon de Joann Sfar et Lewis Trondheim avec lesquels le dessinateur et théoricien de la BD s’est depuis fâché, malheureusement. Le noir et blanc domine une production sans grande concession avec les exigences du grand public. La musique y tient naturellement une place très importante, Jean-Christophe Menu étant un grand amateur de rock. Quelques visiteurs auront d’ailleurs pu remarquer une interview donnée pour le magazine Rock&Folk au sein des objets présentés. Outre les planches de ses oeuvres, de nombreux objets et ouvrages écrits ou édités par l’auteur sont en effet présentés. Son travail de théoricien et essayiste de la bande dessinée n’a pas non plus été oubliée avec l’exposition de ses ouvrages consacrés à la bande dessinée et ses essais souvent polémiques.

L’équipe de l’Obs a suivi Jean-Christophe Menu pendant le festival d’Angoulême etc’est très savoureux à lire !

Coyote, 20 ans de bulles et de motos et de pin up

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Il nous quittait en une triste journée d’août, laissant orphelin son Litteul Kévin dont les aventures faisaient la joie de tous ses lecteurs, amateurs de moto ou non. Le festival a décidé de rendre hommage à Coyote dans les rues de la ville, quelques unes de ses meilleures images seront en effet affichées sur les panneaux électoraux implantés dans les rues et sur les places d’Angoulême.

C’est par surprise et devant le Conservatoire que

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nous sommes tombés devant deux panneaux municipaux affichant des dessins de Coyote. On reste un peu déçu sur ce point parce que, si on n’a peut-être pas été assez attentif, on n’en a pas vu d’autres. Il est vrai aussi que la pluie qui est tombée presque sans discontinuer tout au long du festival a limité nos pérégrinations dans les rues de la ville.

Conférence sur les super-héros dans les comics français

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Une chose est sûre, Jean-Michel Ferragatti a du en lire des comics. C’est avec une anecdote qu’il ouvre sa conférence : “Souvent les gens pensent que les comics ont commencé à se répendre à partir du moment où eux ont commencé à en lire”. Evidemment, l’expert est là pour nous prouver le contraire et souligner la diversité de la production française de comics, bien avant l’arrivée des superproductions américaines.

1939 – 1961 : L’âge d’or des super-héros en France

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L’histoire des superhéros débute en France en 1939 avec la publication de la première planche montrant celui qui aux Etats-Unis s’appelle Superman, sous le nom bien hexagonal de Marc Hercule moderne et publié dans le journal de Spirou. Le format est à l’époque celui du strip, qui convient beaucoup mieux aux pages de nos journaux qui sont, en ces années, le canal de diffusion des bandes dessinées pour enfants. Au même moment, un autre personnage aux caractéristiques très proches apparaît également sous le nom de Yordi, du nom d’un proche de son éditeur Italien. Evidemment, ce Superman connaît un énorme succès en France et surtout chez le jeune public. En effet ,l’Eglise voit d’un mauvais oeil cette créature volante. Cette célébrité soudaine vaut à Super Hercule d’être maintes fois copié par les éditeurs, qui en proposent des variantes multiples comme L’homme prodige, Le grand Yarko son homonyme magicien, ou encore le Surhomme et le Fantôme d’acier. On trouve également à l’époque les précurseurs de certains héros connus à l’heure actuelle comme un certain Fantôme justicier qui deviendra plus tard Daredevil.

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1940 signe l’arrivée de Batman sous le nom du Masque Rouge qui connaîtra contre toute attente une célébrité très courte due malheureusement au démarrage de la guerre, responsable de la fin de la production de la majorité des journaux dessinés. La majorité des éditeurs de bandes dessinées émigrent donc vers le sud, en direction de la zone libre afin de pouvoir conitnuer leur production. Ayant pour la plupart abandonné leur imprimeur, les planches de cette époque sont caractérisés par leur bichromie, plus facile à maîtriser pour les imprimeurs locaux non habitués aux palettes de couleurs des éditeurs spécialisés de la zone occupée. Le Condor Noir, l’Eclair, Judax, les héros continuent de naître malgré ces difficultés. Jusqu’alors présenté sous format traditionnel, entre le A2 et le A3, les comics n’adopteront le format du Comic Book, dit format à la française qu’en 1979. La lanterne verte, ancêtre de Green Lantern fait son apparition à cette époque, à la fin des années 40.

L’occupation et la censure accrue de la Kommandantur est la majeure raison de la francisation de tous ces héros : les bandes dessinées ne doivent pas montrer leur influence américaine et c’est pourquoi des héros comme le The Voice, une sorte de Tarzan américain, s’est transformé en Monsieur Elixir à son passage en France. Car ces séries de comics ne sont que des productions américaines, rachetées par des éditeurs français dont le rôle n’est pratiquement que de retoucher les planches afin de les faire accepter par les censeurs. Le masque par exemple, synonyme de mensonges est quasiment systématiquement effacé sur les planches françaises et n’arrivera que bien plus tard sur notre territoire, incarné en tout premier par The Clock ou en français Le masque rouge.

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Après la guerre, les nouveaux héros préfigurent peu à peu nos supers héros actuels, se dotant progressivement de supers pouvoirs de plus en plus exceptionnels, comme la capacité de voler ou l’invincibilité, ce qui n’était pas le cas auparavant ou leurs capacités hors normes se résumaient souvent à des pistolets laser ou encore du mentalisme. La guerre fait bien entendu son entrée au sein des aventures de ces comics, qui ont pu par exemple mettre en scène des superrésistants ou encore des supersousmariniers. On aurait pu penser que les autorités de la Libération eurent été plus clémentes envers le modèle Américain mais il en fut tout autrement. Les bandes dessinées américaines importées sont encore moins chères que les productions françaises, ce qui est mal vu par le marché exagonal qui cherche donc encore une fois à s’en démarquer.

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Peu à peu, la culture comics, grâce à son fulgurant succès, s’ouvre peu à peu à d’autres supports afin de toucher de nouveaux publics et en premier lieu les adultes. Rappelons que les premières aventures de Superman s’adressaient normalement aux enfants de 5 à 8 ans. C’est France Soir qui, en premier, commencera à diffuser des comics sur ses pages, avec des héros plus adultes comme Wonder Woman, jugée un peu trop “osée” pour les enfants.

L’année 1949 signe l’arrêt total de la production de comics jusqu’en 1954, qui fera son grand retour avec le personnage de Big Boy, un petit magasine édité par DC Comics et présentant le personnage de Tomahawk par exemple ainsi que les premières histoires de science fiction, comme le taxi de l’espace.

Rex wonderdog, Tommy Tomorrow, Océo Rex ou encore The Silent Knight, la production s’américanise et devient progressivement ce que nous en connaissons aujourd’hui. 1962 est l’année de l’arrivée de Flash, toujours sans son masque, et c’est là l’entrée du comics français dans son âge d’argent.

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Nos entretiens avec les grandes figures de la BD

Mises à jour quotidiennement, vous retrouverez ici le résumé de nos divers entretiens avec auteurs et éditeurs présents lors du festival.

Entretien avec Rémi Farnos, l’auteur d’Alcibiade :

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Alcibiade est un jeune garçon, parti à la recherche d’un grand sage censé lui révéler son destin. Son aventure, très homérique, ainsi que l’univers graphique font référence à l’époque de la Grèce antique. Pourquoi avoir choisi cette période et non pas le monde contemporain ? L’Odyssée vous a-t-elle inspirée cet album ?

Ça fait référence à la Grèce antique sans pour autant s`y passer franchement. Je voulais faire un récit de fantaisie qui traite , en toile de fond, du passage de l`inconnu qui accède au rang de légende. Je voulais un décor, plutôt une période, qui coïncidait avec l`image collective quand on parle de mythe. J`avais également très envie de me lancer dans une aventure épique. Tout ça fait que la Grèce antique paraissait d`emblée plus appropriée que le monde contemporain. Par conséquent, que ça renvoie au texte d`Homère me semble logique, c`est en quelque sorte un repère fiable, une valeur sûre. Ce qui me paraissait important pour pouvoir me permettre de « déstabiliser » sur d`autres plans, par exemple la façon de raconter l`histoire.

Retrouvez l’intégralité de l’interview sur Babelio

Entretien avec Pozla, l’auteur de Carnet de santé foireuse :

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Carnet de santé foireuse illustre votre combat contre la maladie de Crohn, diagnostiquée sur le tard. Cet album est tiré d’un carnet sur lequel vous avez travaillé lors de votre traitement hospitalier. Quel rôle a joué le dessin pendant votre maladie ?

J`ai toujours un ou plusieurs carnets sur moi pour dessiner en toutes situations, c`est donc naturellement que mon petit matériel m`a suivi à l`hôpital. J`ai fait le premier dessin la veille de l`opération, pour passer le temps. Puis après l`intervention lorsque j`ai eu la force de redessiner, le dessin m`absorbait à tel point que la douleur passait au second plan, et chaque page noircie m`offrait une respiration inespérée. La douleur était quasi omniprésente, avec des pics très aigus que seule la morphine pouvait soulager… ou le dessin! Je couchais sur papier mes sensations, la hachure me faisant approcher des états de méditation ou de transe salvateurs. J`ai donc entretenu cet exutoire pour avancer. Deux ans après, lorsque je me suis penché sur le récit, j`ai dû re-digérer tout ce qui m`était arrivé pour pouvoir le raconter, une autre étape de ma thérapie par le dessin.

Retrouvez l’interview complète sur Babelio

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Entretien à venir avec Yoshitoki Oima, l’auteur de The silent voice.

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Entretien avec Nicole J George, l’auteur de Allo, Dr Laura :

Allo Dr Laura est une autobiographie romancée. Comment en vient-on à publier une autobiographie ? Pourquoi décide-t-on de rendre public des moments si intimes de sa vie ?

Je rédige et publie des travaux autobiographiques depuis mon adolescence. Lorsque j’étais au lycée, ma vie a été complètement chamboulée lorsque j’ai découvert l’existence d’autobiographies d’illustratrices féministes. Quelque chose dans leur honnêteté m’a poussé à auto-publier mes travaux. Je n’ai, depuis, jamais cessé de raconter mes propres histoires…

Retrouvez l’interview au complet sur Babelio 

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Entretien à venir avec Allan Barte, l’auteur de Allan Barte contre les zombies.

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Entretien à venir avec Sébastien Gnaedig, directeur éditorial chez Futuropolis.


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