Magazine Santé

Sida fais-moi peur

Publié le 09 novembre 2015 par Antoinemoulin @medecinsurinter

Effrayant n’est-ce pas ? C’est pourtant un fait que moult sondages et autres témoignages confirment : le Sida ne fait plus peur, à plus forte raison chez les jeunes de moins de 25 ans. Pourtant le virus tue toujours et depuis 15 ans on lui doit plus de 25 millions de morts dans le monde. Alors comment peut-on expliquer que ce fléau soit aujourd’hui aussi banalisé ?

De fausses idées

La première explication concerne sans aucun doute la mauvaise information. Si tout le monde le connait, le Sida reste aujourd’hui mal connu… D’après une récente enquête datant de 2014 menée sur internet réalisée via un questionnaire, 27 % des jeunes âgés entre 15 et 24 ans croient en effet qu’un médicament existe pour se soigner du virus et sont par conséquent beaucoup moins prudents. A titre de comparaison, 5 ans plus tôt, en 2009, seulement 13 % pensaient cela.

Tout aussi inquiétant, 37 % d’entre eux croient à tort qu’il y a moins de contamination chez les 15/24 ans (contre 25 % en 2009). En réalité, depuis 2003 la proportion reste la même : sur les 6220 personnes qui ont été diagnostiquées séropositives en France durant 2013, 13 % d’entre elles avaient entre 15 et 24 ans. De plus, comme le précise Christian Andreo, responsable de la communication chez Aides, « l’épidémie continue de progresser ».

Des traitements plus efficaces

Les traitements contre le Sida sont aujourd’hui plus efficaces mais cette efficacité a un revers, de taille : le Sida est de plus en plus perçu comme une maladie banale avec laquelle on peut vivre presque normalement. Les français, et plus encore, les jeunes, ont tendance à moins s’en préoccuper : aujourd’hui le Sida est plutôt vu comme une maladie chronique que comme une maladie mortelle.

S’il est vrai que le taux de mortalité lié au Sida a considérablement diminué en France et dans les pays riches depuis la découverte de la maladie et que l’espérance de vie des personnes séropositives a considérablement augmentée, le traitement n’en reste pas moins très lourd, difficile à supporter et ne permet que de ralentir le processus de la maladie. Ses effets secondaires sont d’ailleurs très importants et le traitement pour toute la vie. Ajoutons que son efficacité est grandement conditionnée à la précocité du diagnostic et varie d’une personne à l’autre.

Paradoxalement, si la maladie fait moins peur en soit, la crainte d’être contaminé serait en augmentation. Une étude menée en Ile-de-France démontre ainsi que plus de 70 % des franciliens auraient déjà effectué au moins un test de dépistage en 2014, il n’était que 59 % en 2004. Cette crainte d’une contamination est certainement liée à des pratiques sexuelles qui ne sont pas systématiquement protégées : seulement un quart des hommes et 17 % des femmes de la région déclarent avoir utilisé un préservatif lors de leur précédent rapport. La peur d’un cancer, d’un accident de la circulation ou d’une grossesse non désirée serait d’ailleurs plus importante que la crainte du Sida

Enfin, le Sida demeure toujours un sujet tabou et peu de partenaires l’abordent lors d’une première rencontre.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Antoinemoulin 1140 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine