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[Critique] Sicario

Par Wolvy128 @Wolvy128

4-étoiles

Affiche sicario
Environ deux ans après les sorties, presque coup sur coup, des excellents Prisoners et Enemy, le réalisateur québécois Denis Villeneuve nous revient ce mois-ci avec Sicario, un thriller policier sur fond de cartels de drogue. Pour l’occasion, plus de Jake Gyllenhaal en tête d’affiche mais une actrice tout aussi talentueuse en la personne d’Emily Blunt. Elle incarne Kate, une jeune recrue idéaliste du FBI, qui est enrôlée pour aider un groupe d’intervention d’élite dirigé par un agent du gouvernement (Josh Brolin) dans la lutte contre le trafic de drogue. Menée par un consultant énigmatique (Benicio Del Toro), l’équipe se lance dans un périple clandestin, obligeant Kate à remettre en question ses convictions pour pouvoir survivre.

Sans être forcément un grand amateur de films traitant du thème du trafic de drogue, le réalisateur de celui-ci avait tout de même de quoi attiser méchamment ma curiosité, ses deux dernières réalisations comptant parmi mes œuvres favorites de ces dernières années. Et globalement, je dois reconnaître que j’ai à nouveau pris une petite claque devant son cinéma.

Un cinéma qui pourrait facilement s’inscrire dans la tradition des genres qu’il exploite mais qui sort en fin de compte nettement des sentiers battus. Ainsi, Sicario s’avère finalement bien plus qu’un simple thriller policier sur fond de trafic de drogue. Bien sûr, le scénario, lui, n’a rien de fondamentalement original, mais la maîtrise du réalisateur est telle qu’elle transcende littéralement le long-métrage pour en faire un film extrêmement puissant visuellement. En témoigne par exemple l’incroyable séquence du tunnel qui, combinée à la photographie fantastique de Roger Deakins, nous prend littéralement aux tripes. Le directeur de la photographie signe d’ailleurs un travail somptueux sur le film, peut-être l’un de ses meilleurs, et nous offre, pendant 2 heures, des plans d’une beauté inouïe. Dès l’ouverture, le ton est donné. Ville impersonnelle, violence macabre, visages fermés, le bien semble avoir complètement disparu du monde de Villeneuve. La tension est palpable et ne nous lâche pas jusqu’à l’apparition du générique final. Un exploit de taille si on considère que le film ne se contente pas d’aligner bêtement les scènes d’action mais développe aussi brillamment son trio de personnages.

Photo sicario
Un trio de personnages formidablement bien incarné par Emily Blunt, Benicio Del Toro et Josh Brolin. La première impressionne effectivement en recrue du FBI bouleversée par le plongeon cauchemardesque qu’elle effectue dans l’univers des cartels. Tandis que les deux autres en impose dans la peau de collaborateurs intraitables aux objectifs pas si semblables que cela. En particulier d’ailleurs Benicio Del Toro, qui éclabousse la pellicule de tout son charisme à chacune de ses apparitions. En outre, par le biais du personnage de Kate, le long-métrage questionne aussi intelligemment les méthodes du gouvernement et explore habilement les tréfonds de la nature humaine. Une exploration sans concession qui a, pour une fois, le mérite de ne pas offrir un regard manichéen. Alors certes, la vision proposée s’avère infiniment pessimiste mais elle n’en demeure pas moins d’une justesse inquiétante. En cela, le film se révèle diablement intéressant, d’autant plus qu’il a la bonne idée de ne jamais imposer une morale, mais plutôt de la mettre en doute au gré des décisions des personnages. Enfin, la composition musicale sombre et puissante de Jóhann Jóhannsson accentue magnifiquement l’atmosphère anxiogène du film.

Pour toutes ces raisons, Sicario s’impose donc comme un thriller aussi intense et violent que cynique et réflexif. Porté par un trio d’acteurs exemplaire, le film peut s’appuyer sur un visuel époustouflant et un scénario loin du manichéisme inhérent au genre pour embarquer le spectateur dans un raid oppressant. A ne pas manquer !



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