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Les projets d’unités de tri mécano-biologique sont-ils obsolètes ?

Publié le 11 octobre 2015 par Blanchemanche
#trimécanobiologique #transitionénergétique
En région parisienne, en Charente-Maritime, en Corse, des projets d’usines de tri mécano-biologique sont remis en cause. A Angers, à Montpellier, les dysfonctionnements de TMB-méthanisation s’accumulent. Enfin, la loi de transition énergétique, qui programme la généralisation du tri des biodéchets pour 2025, juge en conséquence « non pertinente » la création de nouvelles unités de tri mécano-biologique de déchets collectés en mélange. Obsolète, le TMB ?Les projets d’unités de tri mécano-biologique sont-ils obsolètes ?
Sans formellement les interdire, la loi de transition énergétique pour la croissance verte  (LTECV) du 17 août 2015 dissuade de recourir aux usines de tri mécano-biologique (TMB)  et impose aux collectivités de mettre à disposition des citoyens une solution de collecte séparée  de leurs biodéchets  d’ici 2025 (art. 70-4). Si la solution de tri amont est privilégiée, le tri en aval conserve-t-il un quelconque intérêt ?
A quoi BO’M ?
Sur le territoire du Syctom (agence métropolitaine des déchets, 80 communes, 5,7 millions d’hab.), le projet d’usine de TMB-méthanisation de Romainville (Seine-Saint-Denis)  a capoté en 2013, du fait de l’opposition de riverains. C’est aujourd’hui celui d’Ivry (Val-de-Marne) qui est à la peine. En février dernier, le conseil municipal
d’Ivry a voté à l’unanimité contre le projet d’usine de méthanisation , associé à un risque d’explosion. La crainte se fonde notamment sur un incendie, survenu dans l’usine de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) en novembre 2013.
Le bien-fondé même du projet est mis en cause par un collectif d’associations et certains élus écologistes. Ainsi, Antoinette Guhl, adjointe (EE-LV) à la maire de Paris, a déclaré, le 14 septembre : « Il va falloir retravailler le projet du Syctom. Le TMB  n’a plus de sens par rapport à la LTECV. »
D’autant que la capitale, qui représente 50% des déchets traités par le Syctom, embrasse la démarche « zéro déchet » et lance une étude sur la collecte en porte-à-porte des biodéchets dans les 2ème et 12ème arrondissements, appelés à être terrains d’expérimentation. Pour l’élue chargée de l’économie circulaire, le plan alternatif B’OM (baisse des ordures ménagères), défendu par Zéro Waste et le Collectif 3R (réduire, réutiliser, recycler), « mérite d’être étudié ». Le Syctom ne souhaite pas réagir aux propositions alternatives des associations. Selon le Parisien, il aurait lancé une étude de faisabilité sur la collecte séparée des déchets organiques.
Ratés et cafouillages
Manifestation d'ARIVEM en novembre 2012Manifestation d'ARIVEM en novembre 2012
Si la philosophie du « zéro déchet  » a l’oreille du gouvernement, les associations qui la portent sont nettement moins bien accueillies par les élus locaux, qu’il s’agisse du Syctom dans l’agglomération parisienne, du Syvadec de Haute-Corse (Corte) ou du Syndicat intercommunautaire du littoral (Rochefort). Nicolas Garnier, délégué général d’Amorce accuse l’association Zéro Waste d’être « à la limite de la démagogie » quand elle refuse tout incinérateur.
Comme le Cercle national du recyclage (CNR), Amorce  refuse de faire un procès à la technologie du TMB en tant que telle. Pour Bertrand Bohain, délégué général du CNR, « celle-ci s’est améliorée depuis ses débuts et peut être pertinente si on met les moyens pour parvenir à un compost de qualité ».
Pourtant, les incidents et cafouillages de nombre d’usines tendent à donner raison à leurs détracteurs. Selon les chiffres d’Amorce, dont une quarantaine de membres sont équipés en TMB, « une douzaine de sites sont très performants et livrent 100 % de compost conforme, une quinzaine ont des résultats moyens et variables, les autres sont en réglage… ». Soit une minorité produisant un compost respectueux des normes de qualité.
Quant à la valorisation énergétique via méthanisation des résidus à fort contenu énergétique après isolation des fermentescibles par TMB, elle s’illustre par des ratés à répétition, de l’usine d’Angers qui a fermé à l’été  à celle de Montpellier, dont « 85% du compost va en décharge car il n’est pas aux normes », selon Anne Connan, du Collectif 3R. « Les gens payent deux fois (méthanisation et stockage) … et se plaignent des odeurs », rapporte la militante.
42% du gisement sous consigne de tri
Le projet d’usine TMB-méthanisation d’Ivry, qui doit entrer en service en 2023, inclut aussi la production de combustibles solides de récupération (CSR), devant alimenter le four de l’usine d’incinération attenante. Ces CSR sont issus de plastiques et cartons à haut pouvoir calorifique. Là encore, ce choix du début des années 2000 ne colle plus avec le contexte actuel : la loi sur la transition énergétique prévoit la collecte sélective de l’ensemble des emballages en plastique (et non plus des seuls plastiques rigides) d’ici 2022, avec pour objectif prioritaire le recyclage (art. 70-5).
« Ce projet est incohérent avec les progrès déjà réalisés sur le territoire et les évolutions réglementaires nationales », selon Zéro Waste et le Collectif 3R. Celles-ci ont déposé un recours juridique contre le marché public, signé en février 2015 entre le Syctom et le groupement IP13 (Suez-Environnement), mettant en cause la durée de 23 ans du marché d’exploitation ainsi que le coût global du projet (2 milliards d’euros TTC, intégrant la reconstruction de l’incinérateur et un centre de tri des emballages).
« Selon les chiffres du Syctom, 42% des ordures ménagères résiduelles (OMR ) font l’objet d’une consigne de tri », relève Flore Berlingen de Zero Waste. A la place de l’actuelle usine d’incinération (350 000 t/an) et de l’usine de TMB-méthanisation attenante programmées, les associations plaident pour la création d’un centre de tri de pointe. Les biodéchets seraient envoyés sur une plateforme de compostage  hors zone urbaine, à proximité des agriculteurs utilisateurs du compost. Le plan B’OM met en avant les économies d’une telle solution (« 23 millions/an sur le traitement de déchets en 2023 ») et la création d’au moins 734 emplois. Mais n’évoque pas d’exutoire pour le résiduel.(Difficile de reprocher à l’alternative B’OM d’être plutôt modérée , non ? D'autant que les déchets "résiduels" d'aujourd'hui vont en décharges en gros volumes. Ndlr.)
Publié le 30/09/2015 parHélène Huteau
http://www.lagazettedescommunes.com/394971/les-projets-dunites-de-tri-mecano-biologique-sont-ils-obsoletes/ »


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