Ce qui se passe en Tunisie, suite aux derniers évènements, nous interpelle à plus d’un titre : rapatriement de touristes, annulation en masse, état d’urgence, interdiction pour les moins de 35 ans de quitter le territoire, menaces imminentes, le foreign office qui met en garde ses ressortissants sur les risques réels à se rendre en Tunisie…..Une situation intenable pour une destination qui a fait du tourisme une priorité, pour un peuple connu pour son hospitalité et sa gentillesse, pour une démocratie naissante qui a cru avoir fait sa mue et dépassé les affres du printemps arabe.
L’Egypte qui n’en finit pas de régler ses comptes suite à l’après Moubarak et à l’après Morsi avec des attentats à répétition contre la police, contre l’armée, contre la justice et dernièrement le consulat d’Italie. Une destination touristique par excellence, avec une civilisation millénaire, une histoire, une culture et récemment un positionnement balnéaire de qualité, qui se trouve confrontée à un bouillonnement qui ne dit pas son nom et voit ses investissements griller au soleil du Sinaï au grand dam de ses professionnels.
En Grèce, et sur un tout autre registre, ce n’est guère mieux pour une population soumise à l’austérité depuis plusieurs mois et à laquelle on demande encore de faire plus. Un Gouvernement qui après un bras de fer et un référendum a cru pouvoir faire plier L’Europe pour finalement se retrouver a faire plus de concessions que ce qui lui était exigé. Des professionnels du tourisme qui se trouvent affrontés à un manque de liquidités et très certainement une flambée de prix avec en prime une image d’ « opportunistes » qui après avoir profité des largesses de l’Europe, refusent aujourd’hui d’honorer leur dette.
Chez nous, rien de tout cela et pourtant, nous subissons le contrecoup de tous ces évènements qui influent indirectement sur la prise de décision des vacanciers qui ne peuvent s’empêcher de faire un lien là où il n’y en a pas. Et face à cela, malheureusement il n’y a pas grande chose à faire si ce n’est de baisser la tête et laisser passer l’orage. Ce n’est ni le moment de faire des promotions, ni celui de vouloir à tout prix prouver au monde entier que nous ne représentons aucun risque, que la situation est maitrisée et qu’il fait bon de venir au Maroc. Nous ne sommes tout simplement pas audible en cette période trouble. Et ni le Ministre, ni l’ONMT et encore moins la CNT ne pourront rien faire en l’état sans être taxés au mieux d’opportunistes et au pire d’alarmistes.
Chez nous, des événements sont venus flouter l’image d’une nation qui se veut progressiste, dans son temps, en phase avec sa jeunesse, assumant son arabité et son islam. L’image qui a fait l’exception marocaine au lendemain du printemps arabe. Ces événements qui touchent aux libertés individuelles et qui sont l’œuvre d’une frange de la société qui se dit conservatrice ont été amplifiés par les réseaux sociaux et une presse en quête de sensations qui faute de grives se contente de merles.
Chez nous, chaque Ramadan à son lot de faits divers qui aident les jeûneurs à passer le temps, surtout au moment où on décide de basculer les chaines nationales de l’analogique vers le numérique avec une rupture de stock des décodeurs sensés leur permettre d’avoir accès à la TNT en HD.
Résultat, plus de la moitié des foyers n’ont plus accès aux chaines nationales et se rabattent sur les réseaux sociaux, la presse électronique gratuite et les chaines satellitaires où conservateurs et progressistes trouveront chacun leurs comptes.
Dans quelques jours, nous allons fêter la fin du Ramadan et le début d’une saison estivale qui s’annonce malgré tout prometteuse mais insuffisante pour combler les retards accumulés depuis le début de l’année. Encore une fois, c’est le tourisme interne qui contribuera à améliorer les taux de remplissage et les durées de séjour dans les unités hôtelières.
En espérant qu’avec la rentrée et un climat apaisé, au propre comme au figuré, le tourisme pourra reconquérir ses parts de marché surtout au départ de la France qui reste notre premier client. Et il y a lieu aujourd’hui de l’appréhender autrement que de par le passé partant du principe que c’est celui que nous connaissons le mieux et dans lequel nous avons beaucoup investit.
Il sera le plus facile à pénétrer au moyen d’outils web 3.0 : portail national décliné par marques territoriales, applications digitales, géolocalisation, notifications push et marketing drive to web. Cela a bien sûr un cout, qui a lui tout seul justifie une augmentation du budget de l’ONMT.
Les professionnels ne doivent pas être en reste, la stratégie digitale c’est 360°, ce qui suppose une implication totale de tous les acteurs privés qui sont aujourd’hui face à leur destin : innover ou disparaître. C’est une véritable révolution qui doit être opérée dans le secteur avec une mise à niveau de nos entreprises, une refonte de nos structures associatives et un climat de confiance au sein de nos organes de concertation.