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[critique] la tétralogie mad max

Publié le 18 mai 2015 par Djack17 @Djack_la_flemme

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Mad Max. 1979. 1981. 1985. 2015. Quatre dates clés, pour quatre films radicalement différents, mais ayant une chose en commun : le talent indéniable d’un visionnaire, George Miller, a faire entrer le spectateur dans son univers de fou furieux, d’une brutalité féroce, agrémenté de séquences d’action époustouflantes. Si, dans les trois premiers épisodes, c’est un Mel Gibson convainquant et grandiose qui déambule en héros presque toujours désabusé, la quatrième opus laisse place à un Tom Hardy d’une prestance indéniable. De là à ce qu’il nous fasse oublié le Martin Riggs originel, ça, c’est une question de point de vue. En attendant de voir si Miller nous gratifiera d’un cinquième volet, retour sur une saga culte qui mélange violence extrême, western post-apocalyptique, spectacle grandiose, et Tina Turner (!).



MAD MAX

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Percutant serait peut-être le mot qui qualifierai le mieux Mad Max, sorti en 1979. George Miller, ce jeune réalisateur de 34 ans, dont c’est le premier long-métrage, débarque sans prévenir avec une pellicule des plus folles, maîtrisant parfaitement ce qui va s’avérer être l’ultime point fort de sa saga : son univers.

L’ambiance néo-western cataclysmique que dégage Mad Max est d’une cruauté morbide, et même dans les moments calmes ou légers, on ressent toujours une tension macabre, un danger prêt à éclater d’un instant à l’autre. Ce monde terrifiant et barbare ne laisse aucune place à la pitié ou la faiblesse. Les flics sont barges, les bandits psychotiques, les quelques habitants qu’on aperçoit inconscients, seul Max semble être quelque peu saint (avec un grain quand même), comme sa femme et son gamin.

Le récit suit justement Max Rockatansky et ses collègues qui, au volant de leur bolides destructeurs, font la chasse aux tarés de la route. Mais quand un groupe de motards débarque pour venger la mort d’un de leur frère, la guerre éclate.

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Le film s’ouvre sur une course-poursuite démente, d’une durée de dix minutes, qui instaure dès le début ce côté spectaculaire qu’on verra pendant les scènes d’action. Les voitures tombent en miettes dans des crashs impressionnants, les cascades sont filmés avec une fluidité et une clarté parfaite, et même si parfois ces scènes peuvent s’avérer vieillottes (l’utilisation abusive de l’accéléré pour donner une impression de vitesse, des coupures nets pour cacher la misère), l’impact n’est en aucun cas amoindri, bien au contraire. L’emballage est assez convaincant pour suivre cette descente aux enfers avec toute l’horreur qu’il se doit.

C’est d’ailleurs dans ce film qu’on découvrira le jeune Mel Gibson. L’acteur est loin d’être une quiche, et déjà pour ses débuts nous achève par une prestation très convaincante. L’avenir nous confirmera que ce petit avait un talent fou, et que, grâce à lui, on aura vu des films incroyables.

On peut trouver beaucoup de défauts à Mad Max, c’est certain. Le rythme se ramollit un temps, le scénario reste très pauvre, les bad-guys sont trop caricaturaux (mais franchement flippants), seulement, tout ça fait partie d’un tout qui, justement, amène Mad Max à son statut de culte. Car le choc qu’on éprouve lors du mémorable acte final est d’une puissance incroyable. Une vengeance crue, brutale et triste qui nous laisse béat.

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POUR LES FLEMMARDS : La cruauté de l’ambiance et la puissance de la réalisation arrivent à faire oublier les quelques défauts de rythme et de vide scénaristique. 


NOTE : 3,5/5


Bande-annonce de Mad Max :



MAD MAX 2 : LE DÉFI

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A la différence du premier volet, Mad Max 2 : le défi peine à démarrer. L’introduction explique mieux dans quel univers évolue le Guerrier de la Route, univers où tous les personnages sont prêts à s’entre-tuer pour de l’essence – une denrée devenue très rare -, mais un terrible passage à vide nous fait presque décrocher tellement l’intérêt ne captive pas.

Presque. Pendant de longues minutes, on assiste à un Max bourru, toujours interprété impeccablement par Mel Gibson, prenant en otage un solitaire comme lui, et se planque en examinant une réserve de pétrole, protégé par une communauté. Alors qu’une bande de pillards tente par tous les moyens de s’approprier cette raffinerie, Max trouve la solution pour y pénétrer.

Peu réjouissant dans certains aspects (Max mange une boîte de pâté pour chien, la relation entre lui et son otage n’intéresse pas du tout), il se trouve malgré tout que certaines scènes valent leur pesant d’or (Max assiste au viol et au meurtre d’un couple via ses jumelles, terrifiant).

D’autant plus que l’ambiance poussiéreuse retranscrit ici force le respect. Car si Mad Max premier du nom exploitait un peu l’univers du western post-apocalyptique, Mad Max 2 : le défi transcende encore plus cette notion. Des paysages vides, désolés, peu de dialogue, un monde impitoyable et violent : George Miller créé une fresque dantesque, précurseur de l’univers néo-punk ravagé. C’est pourquoi on est vite remis dans le droit chemin, et la suite du métrage récompense nos attentes.

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Au moment où Max débarque dans la communauté, plus précisément. Tous ces gens apeurés, sur le point de se diviser à force des attaques incessantes de la barbarie extérieure, n’attendaient qu’un espoir pour trouver le courage de continuer. Et si, au début, ils voient en Max une menace, ils se ravisent vite tant ils sont démunis. Tous sont persuadés qu’il est l’homme de la situation. Sauf que Max n’est pas un héros. C’est un homme détruit, tragique, qui ne cherche qu’à sillonner les routes sans réel but. Un cow-boy solitaire chevauchant sa monture mécanique.

Si ce personnage est aujourd’hui élevé au rang de culte, c’est pour bien des aspects, fortement érigés dans ce deuxième volet. Le but ultime de Max n’a jamais été révélé, et il est clair que lui-même ne sait pas ce qu’il doit faire. L’atrocité qu’il a vécut dans le premier volet, la profonde blessure émotionnelle qu’il a subit, est toujours grande ouverte. Et s’il doit peu à peu retrouver son humanité, ce sera par bribes. Même si c’est peu de choses (il offre un petit jouet musical à un enfant, il a recueillit un chien auquel il tient), Max est sur la bonne voie. Car cette bonté, enfouie en lui derrière cette carapace de violence, est toujours bien présente. 

Et puis, George Miller ne vole pas son statut de visionnaire. Car si son futur pessimiste n’est pas si éloigné que ça de la vérité, il nous balance en plus une scène finale de presque un quart d’heure, aussi monumentale que sauvage, devenue culte à juste raison. Ces sensations de vitesse, ces plans à ras du sol, ces chocs frontaux déments, ce timing maîtrisé : c’est du caviar pour fans d’action.

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POUR LES FLEMMARDS : Entre un début mou et une scène finale épique, on entre dans l’univers terrible d’un visionnaire, un western mécanique brutal et sans pitié. 


NOTE : 3,5/5


Bande-annonce de Mad Max : le défi :



MAD MAX : AU-DELÀ DU DÔME DU TONNERRE

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Pourquoi existe-t-il une haine farouche envers la troisième aventure de Max Rockatansky ? Pourquoi la majorité du public catalogue-t-il Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre dans l’univers des nanars ? Est-ce du au changement radical de ton qu’adopte George Miller pour son nouveau film ? Au manque de rythme qu’il inflige pendant cette longue heure quarante cinq ? Ou encore à la mauvaise prestation de Tina Turner ? Il se trouve que le dernier volet de la trilogie est tout simplement mauvais pour toutes ces raisons, et bien plus encore !

Et la première chose qui frappe (et qui fâche vraiment), c’est le non-respect qu’à Miller pour son personnage principal, cet anti-héros qu’est Max, toujours magistralement joué par Mel Gibson. Si les deux premiers opus démontraient qu’il n’avait que ses propres intérêts en vue, le brusque revirement de sa psychologie est à vomir. Depuis quand doit-il être le défenseur des opprimés ?

La première partie du film nous montre qu’il ne désire que récupérer ses affaires qu’on lui a volé au début (et c’est peut-être la seule partie valable de ce métrage, sans être foncièrement intéressante), mais la suite gâche absolument tout. Max essaye de faire son rebelle devant cette grande bande de gamins, ces Enfants Perdus tout droit sorti de Hook ou la revanche du Capitaine Crochet (oui, même si ce Mad Max est sorti six ans avant, c’est pas grave), mais ne parvient qu’à être pitoyable, et nous prouve une fois de plus que, finalement, le baby-sitting, c’est chiant. Du coup, le film lorgne dangereusement vers Les Goonies, et on se demande carrément si on est bien devant un épisode de Mad Max.

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La conséquence de tout ce bordel a pour effet la chose la plus déplorable : l’absence de violence. Max ne tue absolument personne, il n’a jamais la rage qui le caractérisait si bien, et tout est édulcoré pour un magnifique film familial. Les méchants sont affreusement caricaturaux et insipides, là où les antagonistes de Mad Max 2 : le défi étaient juste cinglés à faire peur. Zéro tension pour 100% d’Ewoks-style (Le retour du Jedi est sorti deux ans avant). Ajoutez à cela une musique insupportable et omniprésente, et vous avez la quintessence de l’épopée enfantine des années 80 par excellence (ce qui n’est bien sûr pas un compliment pour cette franchise).

Pire, l’univers tant réussi dans les deux précédents chefs-d’oeuvre est ici très mitigé. La bonne idée, c’est peut-être de montrer qu’il y a un espoir dans tout ce fond dramatique. Barter Town, la ville dirigée par le personnage de Tina Turner, est en pleine croissance. L’évolution ne se fait pas sans mal, mais nous sommes dans une reconstruction du monde, et ça change. Mais d’un autre côté, certains rajouts plombent totalement ce plaisir : une prophétie à deux balles, des combats ringards, des enjeux foutrement ridicules et vides de sens…

Et le comble du comble, l’apothéose parmi les apothéoses, c’est la fin. La dernière partie nous offre, comme d’habitude chez Mad Max, une course poursuite spectaculaire, sauf qu’ici, elle est spectaculairement ridicule. L’analogie au western est bien trop appuyé (des bandits qui tentent d’envahir un « train » en marche), et malgré deux trois plans convaincants, on est à dix mille lieux d’une scène aussi immersive et saisissante que Mad Max 2 : le défi.  Elle nous a même décroché un bâillement, c’est dire. Aucunement épique.

Ce qui reste de Mad Max : au-delà du dôme du tonnerre, c’est l’ennui total. On essaye de se raccrocher à certains détails qui pourraient faire la différence, mais ce n’est définitivement pas possible. Du moment où le héros est saccagé, que le monde n’a plus rien à voir, et que la portée destructrice que possédaient les premiers opus s’est vue remplacer par une ambiance presque proprette, il n’y a plus rien à en tirer.

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POUR LES FLEMMARDS : Plus rien d’épique, violence au niveau zéro, aucun méchant valable, un héros saccagé au profit d’une ambiance Gooniesnesque : le troisième Mad Max est un pur massacre. En tout point.


NOTE : 1/5


Bande-annonce Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre :



MAD MAX : FURY ROAD

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30 ans après le dernier volet, George Miller revient pour nous donner un Mad Max nouvelle génération. Et en 30 ans, il s’en est passé des choses. Entre les frasques de Mel Gibson, les projets avortés du réalisateur (on pense à sa Ligue des Justiciers) et l’ère du tout numérique, qu’est-ce qu’on peut réellement attendre de ce nouvel opus ? A première vue, pas grand chose. Outre sa franchise culte (malgré un troisième opus à vomir), la filmographie de George Miller ne brille pas vraiment ; Tom Hardy, aussi excellent soit-il, n’est pas Max Rockatansky dans le coeur des fans ; et l’accouchement du film, entre retards inconsidérés et rumeurs épouvantables de tournage, n’a pas aidé à croire en lui.

Pourtant, en 30 ans, il y a une chose qui n’a pas changé, et qu’on pensait perdu à jamais : le génie du réalisateur. Miller a sorti ses corones australiennes veilles de 70 piges, les a posées sur le front d’Hollywood, et a clamé haut et fort : voilà, c’est ça un film d’action bandes de nazes.

Résultat : Miller : 1 – Hollywood : 0 !

Mad Max : Fury Road est imposant, bruyant, furieux, et ce pendant quasiment deux heures de film. La scène d’intro met dans l’ambiance en caressant le spectateur à coups de fer rouge, annonçant clairement la couleur en quelques minutes : maintenant, c’est sans vaseline. Le film ne s’encombre ni d’humour mal venu, ni de psychologie à deux euros, ni de gamins à ensevelir, il met principalement en place une tension maximum, qui ne s’estompe que très rarement. Même pendant quelques scènes de dialogues finalement assez creuses (heureusement du coup que le réalisateur de s’attarde pas sur ça), la menace omniprésente ne laisse pas une minute pour souffler.

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Surtout, Mad Max : Fury Road regorge de séquences au visuel ahurissant, boosté par un montage qui pourrait presque concurrencer le viagra. La clarté de l’action donne envie de pleurer (la monstrueuse poursuite finale), le découpage minutieux des scènes offre un rythme des plus déchaînés (la première rencontre Max/Furiosa, gros passage !), et les idées développées pendant ces moments de bravoure laisse pantois (la tempête, totalement barge). Miller maîtrise ses outils numérique à la perfection – malgré quelques hics sur certaines incrustes -, sans en abuser inutilement. Du coup, tout semble carrément réaliste : les crashs nerveux des bagnoles, les cascades dangereuses, les explosions spectaculaires…

Alors oui, il y a bien des choses regrettables ici. Déjà, Tom Hardy n’est pas Mel Gibson, et on s’imagine avec tristesse qu’un Max vieillissant aurait eu un impact différent, bien plus attachant, que le sympathique Hardy – ce qui peut ne pas être un défaut, Max devenant pour l’occasion un personnage immortel à l’image de James Bond. Cependant, il a beau grogner, bouder, et lancer des regards méchants tout vilain, il ne fait hélas pas le poids face à la véritable star du film : Charlize Theron, qui balance une interprétation sans faille, et amène son personnage naturellement sur le devant de la scène.

L’actrice n’a pas besoin de grande et longue tirade explicative pour faire vivre Furiosa. Elle parvient admirablement à convaincre aussi bien cette petite troupe que le spectateur de la suivre malgré un plan vaseux. Leader charismatique, avec un but précis – sauver coûte que coûte une poignée de femmes réduites à la fonction de pondeuse -, elle est le parfait opposé de l’anti-héros qu’est Max. Et du cocktail détonnant des deux, Charlize Theron impose sa loi sans mal. Le film aurait vraiment pu s’appeler Mad Max : Imperator Furiosa.

La grosse déception pourrait également venir de cet univers autrefois glauque, sanglant et malsain, qu’ici Miller ne fait qu’effleurer : des fistons mal-formés, des vaches/femmes à lait énormes, une armée d’illuminés en manque, tout ce beau monde reste gentillet par rapport aux deux premiers volets, qui n’étaient qu’amour envers la violence « gore » et la perversité « morbide ». En-ça, Mad Max : Fury Road rappelle un peu le troisième opus.

Mais en réfléchissant bien, la tétralogie Mad Max a quelque chose de complet, voir d’unique. Tout comme la saga Alien, elle possède quatre films bien distinctes – du drame au film d’action en passant par la comédie malgré elle -, à ceci près qu’on ne se retrouve pas avec quatre réalisateurs différents, mais bel et bien un seul homme, qui parvient à élever son héros dans un univers en constante évolution, sans jamais se répéter une seule fois. Une prouesse.

Et au final, en sortant de Mad Max : Fury Road, on ne désire pas grand-chose en fait : retourner voir le film, espérer une suite aussi spectaculaire bien qu’un peu plus profonde, et posséder une guitare électrique lance-flammes !

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POUR LES FLEMMARDS : George Miller se limite à une longue poursuite de deux heures, en zappant l’humour, la psychologie et la continuité logique, mais assure un spectacle monumentale, sans commune mesure. Quel film ! Quel merveilleux film !


NOTE : 4/5


Bande-annonce de Mad Max : Fury Road :



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Pour terminer, voici une vidéo qui résume le tout plutôt bien. C’est un très bon mash-up, c’est-à-dire une bande-annonce qui mélange les images des trois premiers Mad Max, avec la bande-son du trailer de Mad Max : Fury-Road. Enjoy !


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