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Faut-il un numerus clausus en sophrologie ?

Publié le 31 mars 2015 par Laurence Roux-Fouillet

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Le beau métier de sophrologue attire de plus en plus de prétendants. La sophrologie des années 2000 me fait penser à ce qu'étaient les métiers de la communication dans les années 80 : un nouvel eldorado. Pour effectuer depuis quelques années des supervisions de sophrologues installés ou en cours de formation, je constate que la demande va croissante. Je reçois aussi de plus en plus de personnes qui réfléchissent à une reconversion professionnelle qui ait du sens et se tournent vers la sophrologie. C'est désormais une réalité, il y a de plus en plus de sophrologues et cette technique qui se démocratise permet désormais à tout un chacun de trouver un professionnel à proximité de chez lui. 

Faut-il réellement s'en féliciter à ce point, et l'offre ne deviendrait-elle pas un tant soit peu pléthorique ?
Dans une ville comme Boulogne-Billancourt où j'exerce, nous sommes 18 sophrologues déclarés pour 100 000 habitants. Même si le pouvoir d'achat des Boulonnais se porte bien, je doute fort que tous les professionnels installés réussissent à vivre correctement de ce métier. Certes, la concurrence est saine et la loi du marché (et de la patientèle) redoutable : seuls les meilleurs resteront.
Et c'est bien là le deuxième problème. Les professionnels de santé, au premier rang desquels les médecins, hésitent désormais à envoyer leurs patients vers des praticiens qui auront cessé leur activité au bout de six mois. Les cabinets para-médicaux - ou ceux dédiés au bien-être - qui louent à prix d'or des emplacements à la journée ne sont nullement effrayés par le turn-over des plaques. A un sophrologue succède rapidement un autre sophrologue, qui sera sans doute remplacé par un "confrère" quelque temps plus tard... Une pratique qui concourt à la dévalorisation et à la paupérisation de ce métier. Car pour survivre, certains sont prêts à faire n'importe quoi : argumentations approximatives, techniques fantaisistes, tarifs ridicules... 

Trop, c'est trop ?
On imagine mal l'Etat réglementer la profession, en en limitant numériquement l'accès, comme il le fait pour les médecins. Le problème serait donc plutôt à prendre à sa source, celle de la formation. Les nombreuses écoles de sophrologie (dont je ne discuterai pas les obédiences !) lâchent sur le marché du travail chaque année des bataillons de professionnels fraîchement certifiés. Parmi eux, beaucoup de bonnes volontés, d'excellents techniciens, quelques réciteurs de protocoles, prêts à conquérir le monde du bien-être. Certains encore, aveuglés par le miroir aux alouettes d'un métier "dédié aux autres" et qui ouvre "de nombreux débouchés". La réalité est plus dure : la formation est une chose, la pratique une autre. Il faut plusieurs années d'expérience avérée pour forger un bon professionnel, et il faut énormément travailler pour développer son activité et en vivre. Las, l'an prochain, deux ou trois (dix !) nouvelles promos viendront pousser ces débutants sur un marché qui sature. Ceux qui étaient partis avec des rêves de changement et de monde meilleur atterrissent rudement, avec amertume et déception. Il serait temps que les écoles s'auto-régulent, en limitant d'elles-mêmes le nombre de professionnels qu'elles forment et certifient, si elles ne veulent pas scier la lucrative branche sur laquelle elles sont assises, au risque que celle-ci s'écroule sur tout un secteur.    


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