Printemps des poètes 2015
Du 7 au 22 mars de cette année a lieu le 17e Printemps des Poètes. Il y a un thème : L’insurrection poétique.
Aujourd’hui, voici la parole d’une femme, Roxana Paez. Elle a publié en 2012 le Journal de la china, que je vous ai déjà présenté après l’avoir entendue lisant ses textes chez Tiasci-Paalam.
J’y reviens. En sous-titre deux expressions, dont il me semble qu’elles viennent de deux pays différents : « Où le diable perd son poncho et le lièvre et le renard se disent bonne nuit ». Cela signifie « très loin ». Mais ce « très loin » est ici ; la china est la femme du gaucho, on s’attend donc à une histoire d’Argentine, puisqu’aussi bien Roxana en est originaire. Or, elle date son texte de 2010 et le localise à Belleville (à Paris). Et tout son texte nous fera faire ce voyage ici - là bas. Il y aura des sonorités qui se feront écho, comme lorsqu’on apprend une langue (« malon - bon an mal an ! »). Et puis « cette longue absence (…) une présence absolue ». C’est toujours ici - là bas, « comme une graine qui vole ». Belleville, où l’on croise des accents, des langues différents à chaque pas, « où l’espace est plein de nous, des autres ». Elle nous a fait croire qu’elle nous parlerait d’une china, d’une Indienne attrapée par les cheveux, et la voici à l‘école du monde : « Je ne suis pas allée à l’école. / J’espionnais. » Elle n’a donc pas appris à écrire, guitare et octosyllabes, elle les « laisse à tous (s)es frères ». Et sa révolte « traverse l’immensité ».
Le texte est publié chez Fidel Anthelme X, le dessin ("Paysage-visage noir") est de Vicente Grondona.