e-CIGARETTE: Des données accablantes sur le risque de cancer associé – NEJM

Du formaldéhyde dans la vapeur de e-cigarette, et en concentration même supérieure à la nicotine, ces dernières données présentées dans le New England Journal of Medicine (NEJM) sont accablantes pour le dispositif. Elles aboutissent en effet à un risque à vie de cancer estimé, à usage comparable, comme 5 à 15 fois plus élevé avec la cigarette électronique qu’avec le tabagisme.

Les liquides utilisés dans les cartouches de e-cigarettes sont généralement des solutions à base de propylène glycol, de glycérol, ou des deux, avec pour certaines, de la nicotine et des arômes chimiques. Mais le problème, avec l’absence de contrôle de la production et le grand nombre de dispositifs différents sur le marché, c’est qu’on ne sait pas ce que l’on fume. Formaldéhyde, glyoxal, méthylglyoxal ou encore acroléine, ces substances cancérigènes seraient parfois retrouvées à des niveaux importants, dans la vapeur des cigarettes électroniques, avait déjà suggéré une étude japonaise commanditée par le Ministère japonais de la santé. Ainsi, certaines marques de e-cigarettes pourraient contenir ces substances cancérigènes en concentrations 10 fois plus élevées que la cigarette classique.

Du formaldéhyde dans la vapeur : Les chercheurs de Portland State University montrent, avec leur étude, que des hémiacétals ou groupe formé par réaction de 2 composés chimiques, contenant du formaldéhyde, détectable par spectroscopie de résonance magnétique nucléaire (RMN), peuvent se former dans la vapeur de e-cigarette. Le formaldéhyde est un produit de dégradation déjà connu du propylène glycol, qui va réagir avec le propylène glycol et le glycérol lors de la phase de vaporisation pour produire ces groupes hémiacétals. La constatation est accablante, alors que le formaldéhyde est également un cancérigène reconnu (Carcinogène de groupe 1 de la classification de l’IARC), en particulier, en cas d’exposition chronique et par voie respiratoire. Le composé est également suspecté dans la survenue de leucémies, de cancers des sinus et de la cavité nasale, sans compter le risque d’irritations oculaires et respiratoires et d’eczémas de contact.

Plus de formaldéhyde que de nicotine : Les chercheurs constatent que dans les nombreux échantillons de vapeur d’e-cigarettes analysés, plus de 2% des solvants sont convertis en agents dégageant du formaldéhyde connus et en concentration plus élevée que la concentration en nicotine. On ne sait pas encore comme ces agents chimiques qui libèrent du formaldéhyde se comportent dans les voies respiratoires. A basse tension (3,3 V), tous les agents libérateurs de formaldéhyde ne sont pas détectables, mais à haute tension (5,0 V), les chercheurs en détectent 380 ± 90 pg par échantillon équivalant à 10 bouffées. En extrapolant à ces résultats, cela signifierait qu’un usager de e-cigarettes inhale en moyenne 14,4 ± 3,3 mg de formaldéhyde par jour via ces agents libérant du formaldéhyde. Une estimation que les chercheurs qualifient de prudente (Voir figure ci-contre).

Quelle estimation du risque de cancer? Chez des personnes ayant un poids corporel d’environ 70 kg, le risque supplémentaire à vie de cancer associé à une consommation de cigarettes d’1 paquet par jour est estimé à  » 9×10⁻⁴  » et l’inhalation de ces agents libérant du formaldéhyde par la pratique d’un vaping à long terme est associée à un risque de cancer à vie supplémentaire de 4,2 × 10^-3.

Un risque à vie donc estimé comme 5 à 15 fois plus élevé que le risque associé au tabagisme.

Les chercheurs notent que ces agents libérant du formaldéhyde vont aussi se déposer de manière durable dans les voies respiratoires, favorisant ainsi, encore un peu plus le risque de cancer.

Source: NEJM january 22, 2015 DOI: 10.1056/NEJMc1413069 Hidden Formaldehyde in E-Cigarette Aerosols

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