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Inkscape - Gestion de la couleur

Publié le 25 mai 2008 par Thibaut Hofer

Inkscape - Gestion de la couleurNiveau alchimiste
Les qualités du vectoriel font d'Inkscape un acteur fort de la chaîne graphique. Cette position implique cependant de coordonner les tâches entre logiciels et entre supports, couleur comprise.
Inkscape 0.46 sous Ubuntu Gutsy Gibbon

Nota: cet article est à mettre en parallèle avec la gestion des couleurs dans Gimp et Scribus.

Inkscape - Gestion de la couleur
ÉTAPE 1
Les indispensables
Le vectoriel offre à l'infographiste des possibilités aussi étendues que variées. De l'objectif de son projet au support physique ou virtuel choisi, l'infographiste devra démontrer ses capacités à anticiper le rendu de son travail. Le format svg, plébiscité par Inkscape, propose une souplesse telle qu'il s'affiche aussi bien sur écran (site web, animation, présentation) que sur papier (illustration, logo, schémas). Et pour chacun de ces media, la couleur doit être appréhendée de façon particulière.
L'espace de l'écran:
Sur écran, la synthèse additive prédomine, mélange de rouge, de vert et de bleu (RVB) pour créer autant de nuances que le permettent la qualité de l'écran et le gamut du profil qui lui est attribué.
Les profils RVB les plus courants sont:

  • - sRVB issu des réflexions conjointes et des stratégies commerciales d'HP et Microsoft et qui se revendique d'une référence moyenne des couleurs disponibles sur un écran;
  • - Adobe RVB 1998, au gamut plus étendu, et par conséquent privilégié au sRVB par les photographes;
  • - eciRGB, la référence européenne pour les professionnels de la chaîne graphique, des photographes aux imprimeurs.

L'espace physique:
Quatre couleurs (cyan, magenta, jaune et noir) composent l'espace physique perceptible par l'oeil humain, après synthèse soustractive des couleurs.
Le mode CMJN virtualisé sur écran correspond à ce que sera le document une fois imprimé sur un support physique, selon le profil utilisé. Les plus courants sont:
  • - SWOP coated*, le standard américain;
  • - Euroscale coated, un standard européen qui couvre mieux le gamut plus étendu des encres européennes;
  • - ISO-coated, qui a été calibré sur les encres européennes utilisées sur une presse elle aussi européenne.

* coated fait référence à du papier couché. Il est d'usage d'indiquer, notamment s'agissant de tons directs, si la nuance utilisée est destinée ou non à du papier couché, pour sa correspondance avec le profil. Il existe des déclinaisons de tons directs (notamment chez Pantone) telles que: C (coated), U (uncoated), CV (computer video), CVC (computer video coated paper – la simulation Pantone la plus efficace), CVU (computer video uncoated paper), CVP (computer video, process color), CVS (computer video, SWOP-standard).
Inkscape - Gestion de la couleur
ÉTAPE 2
De l'intérêt des profils pour les logiciels vectoriels
Dans la chaîne graphique, les logiciels vectoriels sont mobiles. Ils peuvent aussi bien être un maillon intermédiaire que le maillon final. Le vectoriel, qu'il s'agisse de SVG, PDF, EPS ou autre, est souple et c'est là son avantage. En outre, il ne fait que très rarement appel, et dans des cas bien particuliers, à un périphérique d'acquisition.
Pourquoi un profil RVB?
Qu'est-ce qui justifie d'appliquer un profil RVB, alors que l'affichage peut être à ce point différent d'un écran à l'autre quil fasse passer un vert anis pour du jaune? Travailler selon un profil ICC permet de faire correspondre son affichage écran à des standards de production. Si l'utilité pour la publication d'un site ou d'une présentation d'entreprise reste relative en raison de l'infinité de configurations profil-gamma-température possibles, elle est en revanche incontestable dans un flux de production pour l'impression. Le profil agit comme un « marqueur »: il garantit, pour peu que ce profil soit respecté tout au long du flux de production, une correspondance des couleurs.
Et même si votre document n'est pas destiné à l'impression, les profils RVB favorisent un affichage optimisé pour un rendu couleurs de qualité, et permettent de bien choisir ses couleurs, leur interdépendance, et leur étendue (pour rappel: le gamut RVB est large).
Pourquoi un profil CMJN?
La correspondance des couleurs ne peut pas se limiter au passage d'un écran à un autre, et doit dépasser le cadre du flux de production écran pour atteindre le produit fini. L'intégration d'Inkscape dans la chaîne graphique ne peut se faire que si vous savez vers quel résultat final vous vous dirigez. C'est là qu'interviennent les profils CMJN, qui autorisent une prévisualisation de la sortie imprimée, et un repérage des couleurs non imprimables.
Profils RVB et CMJN sont interdépendants et doivent être d'autant plus respectés qu'ils ne sont pas « embarqués », comme c'est le cas pour les profils de travail RVB dans les images bitmap.
Un exemple: en collaboration avec des collègues ou d'autres intervenants, vous êtes chargé de la réalisation d'une plaquette qui mélange texte, illustrations et photos. Vous réalisez une illustration dans Inkscape avec un profil RVB particulier, et une prévisualisation CMJN avec également un profil particulier. Le tout est exporté en SVG simple, pour pouvoir être importé dans Scribus. Si votre collègue qui s'occupe de la mise en page dans Scribus n'a pas les mêmes profils que vous, l'affichage de votre travail risque d'être radicalement différent une fois mis en page... Et même une fois imprimé! Cela a d'autant plus de chances de se produire si vous n'avez pas de références de couleurs communes précises, par exemple s'il vous a été demandé de vous baser sur un document imprimé, que vous avez scanné et dont vous avez relevé les couleurs à la pipette (sisi, ça arrive). Ou encore, et ceci n'est malheureusement pas exceptionnel: il peut apparaître une différence dans le noir du texte que vous aurez rédigé dans Inkscape et celui qui fait le corps de texte dans Scribus (c'est la compensation du point noir). D'une application à l'autre, d'un poste à l'autre et a fortiori entre votre affichage et l'imprimante, la complémentarité et le suivi des profils sont nécessaires.
Inkscape - Gestion de la couleur
ÉTAPE 3
Les profils dans Inkscape
Dans Inkscape, les profils sont gérés depuis le menu Fichier > Préférences d'Inkscape, dans le sous-menu Gestion de la couleur.
La fenêtre de gestion de la couleur d'Inkscape comporte deux parties:
  • - l'ajustement de l'affichage;
  • - la gestion des couleurs.

Le profil d'affichage est nécessairement un profil RVB. Il donne le ton à vos choix de couleurs. Vous pouvez choisir de cocher «utiliser le profil proposé par le périphérique d'affichage », qui associe des profils ICC aux affichages de type X (X window system ou X11). Ou vous pouvez encore choisir d'appliquer un profil moniteur personnalisé (p. ex. votre profil créé à l'aide de Lprof).
L'intention de rendu d'affichage agit pour une cohérence d'affichage en fonction du support final: écran ou impression. Quatre modes de rendu sont disponibles:
  • - perceptif, qui va privilégier les relations entre les couleurs pour éviter les effets de bandes, et faire correspondre au mieux l'affichage écran à la perception de l'oeil humain. Si vous choisissez ce mode, il est conseillé de simuler la sortie à l'écran par la suite;
  • - colorimétrie relative, qui va remplacer une couleur non imprimable par sa correspondance la plus proche dans l'espace de destination, de façon adaptée au point blanc de cet espace de destination. Ce mode est adapté à une impression CMJN simulée sur une imprimante RVB mais implique de bien connaître ses profils. Comme pour le mode perceptif, la gestion des couleurs préconise une simulation de la sortie à l'écran;
  • - colorimétrie absolue, proche du mode colorimétrie relative, à cette différence près que la conversion de couleur ne tiendra pas compte du point blanc de l'espace de destination, et privilégiera un rendu exact des couleurs. Son utilisation est à réserver aux documents où le respect de la couleur est essentiel, et où les nuances ne risquent pas de créer des effets de bande, comme un logo, un pictogramme. Ce mode n'implique pas une simulation de sortie car son espace de travail privilégié est le RVB;
  • - saturation, qui est adapté à un affichage écran puisqu'il privilégie, comme son nom l'indique, la saturation des couleurs. Il est conseillé pour les documents numériques (voire papier) fournis en aplats de couleurs tels que les cartes et schémas. Si vous choisissez cette option, la simulation de la sortie n'est pas nécessaire, car la saturation, optimale en RVB, risque d'en être réduite en simulation CMJN.

La gestion des couleurs est exclusivement orientée vers l'optimisation du document numérique pour une sortie imprimée. C'est pourquoi elle propose de simuler la sortie à l'écran, de façon à faire correspondre le gamut de l'affichage à un gamut CMJN moins étendu, et même de marquer les couleurs hors-gamut selon une couleur d'avertissement personnalisable.
Le profil du périphérique est relatif à votre imprimante. Il s'agit soit d'un profil constructeur, soit d'un profil personnalisé créé en fonction de votre papier, votre matériel, votre encre...
Dans le cas d'une impression chez un professionnel, il est recommandé, soit d'intégrer les profils ICC standards, soit d'appliquer le profil du matériel de votre imprimeur.
Ce choix s'accompagne de la possibilité, comme pour l'affichage précédemment, de choisir une intention de rendu du périphérique. Dans le cas d'une gestion des couleurs pour l'impression, il est recommandé d'éviter les modes colorimétrie absolue et saturation.
Les dernières options proposées concernent ce qu'on appelle le point noir, et qui désigne la zone la plus sombre de votre document (par opposition au point blanc). Le texte est très concerné.
La compensation du point noir permet d'adapter les nuances les plus sombres de votre document RVB vers le CMJN, pour en respecter les nuances. Par exemple, un texte noir 100% surimprimé sur un gris foncé risque tout simplement de disparaître à l'impression, car le gamut de l'imprimante ne sera pas aussi étendu que celui de votre affichage RVB.
Préserver le point noir est une fonction relative à la complexe conversion CMJN vers CMJN, qui passe nécessairement par l'étape intermédiaire du mode Lab, et ne permet pas de conserver l'intégrité des noirs profonds (encore une fois, le texte est très concerné). Cette fonction permet de préserver au mieux la valeur des noirs durant cette conversion, même si elle ne remplace pas l'efficacité des profils de liaison qui, eux, permettent une conversion directe de CMJN à CMJN.

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