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Au soleil qui désormais ne brûle plus

Publié le 19 septembre 2014 par Mentalo @lafillementalo

La vigne de Conflans

Il y eut cet été en queue de poisson et puis cette douceur inattendue. Les cageots remplis d’oignons rouges, la sueur qui perle au front et le dos qui rechigne pour les arracher à la terre, les paniers de haricots, les courgettes qu’on porte en triomphe à la cuisine, les citrouilles qu’on encourage, octobre et ses nuits froides ne tardera plus.

Ce dimanche il y eut surtout ces framboises enfilées sur le bout des doigts, laissant leur tache rouge sang. Et puis les dernières fraises, qu’on mange à même le potager. Les fruits appartiennent à celui qui les cueille, et la plus assidue – la plus gourmande? – aura bientôt six ans.

Les dernières baignades et les dernières siestes au soleil, les dernières soirées douces à rêver qu’il est encore là, cet août moite qui nous a tant fait défaut. On porte les sandales, chaque jour pour la dernière fois, on se grise du soleil qui désormais ne brûle plus mais réchauffe.

Dans les jardinières les surfinias donnent le baroud d’honneur sur leurs tiges un peu desséchées; les marrons déforment les poches et les noisettes craquent sous nos pas. La vigne hésite encore à rougir tandis que les hirondelles font leur plan de vol sur les fils électriques. Les pommes, chapardées dans un champ, rouges et acidulées, croquées en chemin.

Les cartables ont trouvé leur place dans l’entrée, les nouvelles chaussures sont arrivées. On ânonne les syllabes au rez-de-chaussée tandis qu’on récite les propriétés du rectangle au premier, tandis que de l’autre côté on planche laborieusement sur la médiane issue de l’hypoténuse.

Nous avons rentré du bois pour la cheminée et fait provision de thé; dans le four les gâteaux aux pommes et noisettes ont remplacé les tartes aux abricots ou aux mirabelles. Le placard à confitures est plein et de la cuisine monte l’odeur chaude du pain qui cuit (en est-il de meilleure?).

Les lièvres et les faisans se jouent des brumes au petit matin; sur le chemin du retour le soleil rase une dernière fois la colline en embrasant le ciel.

L’automne ne nous a jamais semblé si loin et si proche à la fois.

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Quatre-quarts pommes et noisettes

Petit matin de septembre


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