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Glissements sémantiques

Publié le 07 septembre 2014 par Malesherbes

Une langue vit. Tout naturellement, des mots apparaissent, d’autres acquièrent des sens nouveaux. Le développement des outils de communication fait que ces innovations s’imposent beaucoup plus rapidement que jusqu’ici, soutenu par le souci de certains d’apparaître toujours  plus à la page. On a pu voir ainsi pulluler incontournable, improbable, convivial et, plus récemment, pharaonique. Certaines de ces évolutions ne sont qu’anecdotiques. D’autres, par contre, témoignent soit de l’incompétence, soit d’une volonté partisane. On a ainsi pu entendre évoquer le rattachement de la Crimée à la Russie alors que, cette région appartenant depuis des décennies à l’Ukraine, il s’agit d’une annexion. Je relèverai ici deux exemples que je trouve particulièrement condamnables.

Depuis deux semaines, les médias rapportent l’exécution de deux journalistes occidentaux par l’État Islamique de l’Irak et du Levant. Si le mot en question a des significations diverses, certaines bénignes, comme par exemple l’exécution d’une symphonie par tel ou tel orchestre, il indique également l’application d’un verdict de peine capitale. Il est alors la conséquence ultime du jugement d’un tribunal légal, ce qui n’est rien la situation actuelle. D’autres mots sont disponibles pour traduire plus exactement la réalité des faits : assassinat ou même décapitation. Utilisons-les !

Autre dévoiement qui me semble tout aussi condamnable : on entend régulièrement d’infortunés voyageurs piégés par une grève des transports déclarer qu’ils se trouvent pris en otages. Allez, encore un petit effort. Pourquoi ne pas prétendre se trouver assassiné par ces gauchistes de grévistes ? Bien sûr, leur situation n’a rien d’enviable et ils se trouvent victimes d’un conflit qui leur est étranger. Mais la conduite des occupants allemands en France pendant la deuxième guerre mondiale et le sort des Occidentaux capturés par des extrémistes musulmans montrent que l’état d’otage est un état infiniment plus grave que celui de voyageurs entravés dans leurs déplacement et soumis à une situation inconfortable. Être otage, c’est se trouver emprisonné, quasiment privé de nourriture, de soins médicaux, battu, parfois torturé. C’est être séparé des siens, se voir voler des mois, voire des années de sa vie, quand ce n’est pas la vie elle-même. Alors, un peu de mesure !   


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