Soviet Soviet @ DNA : Live report & interview

Il est de notoriété publique que je me touche depuis quelques temps, wordpressement parlant. Mais là, je vous propose un live report et une interview ruisseau des Italiens de Soviet Soviet. Je suis comme ces gens qui toute leur vie durant prennent le bus pour un arrêt puis décident soudainement de courir un marathon.
Et meurent. Sauf que mon encéphalogramme à moi n’est pas plat et que j’ai noirci plusieurs pages de mon fidèle carnet de setlists. Andiamo !

Wu Magazine

Arrivée au DNA bien trop tôt, je fonds vers le stand de merch déjà installé. Et ô joie, ô banqueroute : ils ont ré-édité deux des premiers EP (sauf celui sans titre) … en CD-R même pas tagués. Ce qui confine à une pratique paresseuse du DIY. Soit. Les visites au bar se succèdent. On se rapproche des 21h et à mesure que la salle se remplit, l’air se fait de plus en plus épais.

Le trio finit par coloniser la scène et entame leur set par « Together » sans autre préambule. Immédiatement, on note une dichotomie gestuelle entre Andrea le chanteur et bassiste et Alessandro C., le guitariste. Le premier se démantibule allègrement alors que le second ne s’autorise que quelques rares mouvements saccadés. Le batteur quand à lui, arbore un tattoo hommage à Bobby Sixkiller. Prenant toute son ampleur live, « Further » impressionne pour la qualité des effets de guitare. Je pensais qu’ils enregistraient avec un synthé et galéraient à reproduire leur son stéréo mais il se trouve que les Italiens ont des flight cases judicieusement remplis. Premier ancien morceau à être joué, « Human Nature » démontre que Alessandro Ferri a un touché très math-rock, qui doit gêner les critiques avides d’étiquettes rigides.

Jusqu’à présent poliment chaude, l’audience suffoquée manifeste clairement sa réceptivité envers « Ecstasy« . Enfin, à part un gars qui a dû aller pisser à ce moment-là ou plus inquiétant, ne reconnaît pas sa chanson préférée et s’est senti obligé de la réclamer en braillant alors que le groupe l’avait déjà jouée.
Par ailleurs, les huitième et onzième morceaux, « Lokomotiv » & « White Details » confirment que les ritals étaient bien plus furieux avant. Et ce souffle passé enchante le public du DNA ! Le trio comptait terminer avec « Gone Fast« , probablement le titre le plus popisant qu’il ait composé mais c’était sans compter sur l’appétit des enfants rockeurs en pleine liquéfaction. C’est donc « Something you can’t forget » qui clôt la prestation de Soviet Soviet et sonne le glas de mon espérance. Car à mon sens, « S.Y. » est à la fois leur meilleur morceau et la meilleure façon de quitter une scène, assuré d’avoir enfoncé des dizaines de boîtes crâniennes. Sceptique ? Je t’invite à la lire en lisant l’interview ruisseau qui suit.

Il a été récemment porté à mon attention que mes jeux de mots étaient plutôt ésotériques. Je vais donc vous fournir les informations nécessaires à la pleine appréciation du concept d’ « interview ruisseau ». Tout d’abord, il s’agit là de ma première entrevue officielle avec un groupe. Partant, il était nettement plus sécurisant de se concentrer sur la musique que de trouver un angle coolos et peut-être trop pointu à explorer. Ensuite, malgré mon étrange prédisposition à deviner l’heure qu’il est, force est de constater que je n’évalue pas très bien le temps que cela prend de répondre à une question vachement longue. Enfin, il est apparemment très commun d’écrire des textes en anglais sans pour autant être très à l’aise à l’oral. D’où une tendance prononcée au monosyllabisme. Autre vérité qui dérange : tout le monde est pote avec Papa Ackermann. Sauf moi.

( Alessandro Ferri = A.F. ; Alessandro Costantini  = A.C. et Andrea Giometti = A.G. )

TH : En ré-écoutant de plus près votre discographie, je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer quelques changements concernant votre son. À l’époque des EP, votre son était très cru & martial et la voix vraiment furieuse. Mais avec « Fate », votre son s’est réchauffé. Par conséquent, vous avez l’air moins énervés. Êtes-vous vraiment moins énervés ?

AG : Pas moins énervés mais il y a plus de tendresse et d’amour [sur "Fate"]. Et ouais, le son a évolué !

TH : C’est dû à toutes les expériences que avez vécues depuis le début ? Les tournées etc. ?

AG : Absolument, oui ! Depuis qu’on a commencé à jouer hors d’Italie en 2010, grâce à tous les concerts qu’on a fait, on a beaucoup évolué, on s’est amélioré.

TH : Évidemment qu’en tant que groupe, il est normal d’évoluer. D’ailleurs, il me semble que le plus gros travail a été sur les effets de guitare. Ils occupaient une place un peu moins importante sur les deux premiers EP, non ?

AG : Oui et non… C’était surtout des effets différents.

TH : Vous faites tout à la guitare ? Vous n’utilisez jamais de synthé en studio ?

AC : Non, on enregistre avec le même matos qu’on utilise en live : pas de synthé !

TH : Vous tenez à avoir le même son en live qu’en stéréo. Du coup, le travail sur les effets est plutôt impressionnant !

AC : Merci… c’est surtout une question d’éthique. Travailler comme ça avec des contraintes nous force à expérimenter pour trouver des nouvelles sonorités.

TH : On note aussi une évolution dans les paroles. Maintenant, on peut réellement sentir qu’il y a quelqu’un derrière le micro. Ce qui n’était pas aussi évident avec les morceaux précédents.

AG : Oui ! en fait, « Fate » est notre premier « vrai » album alors quand j’ai commencé à écrire les paroles, je savais qu’elles allaient prendre une place très importante. Il fallait qu’elle soient plus personnelles.

TH : Je voulais vous parler plus précisément de « 1990″. Quand vous dites « Anybody can try to talk with my head/ In these years I learned that I don’t need anybody », ça fait référence au fait que vous avez dû sortir les deux premiers EP seuls, sans l’aide de personne ?

AG : Pas vraiment… Enfin, à cette époque on était vraiment seul mais les paroles de « 1990″ parlent plutôt de moments où j’écris. J’écris ce que je vis à un instant précis. Mais en général, j’ai besoin de certaines personnes.

TH : En parlant de personnes dont avez besoin : y a-t-il quelqu’un avec qui vous aimeriez collaborer ? Plutôt quelqu’un qui a le même son que vous ou une de ces collaborations inattendues ?

AF : Ouais, plein ! Mmmh on aimerait beaucoup travailler avec A Place To Bury Strangers. On a rencontré Oliver Ackermann quand on a joué avec eux en Russie. Et on est devenu amis alors oui, si on devait collaborer avec quelqu’un, ce serait lui !