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Les dangers qui nous « guett »ent

Publié le 09 mai 2014 par Allo C'Est Fini

Une nouvelle affaire, plutôt nauséabonde, est venue secouer le petit monde de la communauté juive française. Sans rentrer dans les détails de cette affaire, et sans porter de jugement sur l’une ou l’autre des parties, je me demande si cette histoire de « guett » ne devrait pas nous pousser à réfléchir sur les deux sujets qui suivent.

divorce

Le premier, c’est le statut de la femme dans le judaïsme, une bombe à retardement que Yeshayahou Leibowitz avait parfaitement identifiée dans l’un de ses livres, un texte d’une brûlante actualité. Les inégalités flagrantes entre les droits et les devoirs des personnes des deux sexes devrait amener les rabbins à se pencher sur des évolutions nécessaires, plutôt que de se mêler de transactions financières pour régler tel ou tel litige. Cantonner le rôle de la femme aux trois sujets h’allah + nidah + hadlkat nerot, c’est faire preuve d’un réel mépris envers la moitié de l’humanité. Réduire l’espace accordé aux femmes à moins de 10% de celle accordée aux hommes, comme c’est le cas dans certaines synagogues, c’est là encore faire preuve d’obscurantisme. Le « guett », dans sa dimension de non-réciprocité qui permet à l’homme de « libérer » la femme et de lui accorder la possibilité de se remarier religieusement, sans que l’inverse ne soit possible, est un acte d’un autre temps, d’une autre époque. Celles qui sont passées par cette épreuve vous en parleront probablement mieux que moi.

Le second, c’est bien évidemment la nécessaire évolution du plus vieux monothéisme. Nombreux sont ceux qui s’y opposent, notamment parmi les plus orthodoxes. Ce faisant, ils commettent une grave erreur de jugement, dans la dimension historique du judaïsme. Comme le rappelait également Leibowitz, décidément l’un des plus grands penseurs du XXe siècle, le judaïsme actuel n’a rien à voir avec le judaïsme ancestral: la disparition du temple, le renoncement aux sacrifices, la disparition de la royauté, ont considérablement modifié la manière de pratiquer entre aujourd’hui et il y a plus de vingt siècles. Les juifs orthodoxes actuels sont-ils plus respectueux aujourd’hui que la génération qui a connu le Temple de Jerusalem? Si c’est le cas, comment se fait-il qu’aucune autorité sérieuse ne se distingue de nos jours, et ne prenne les décisions, ne fasse les choix, qui feraient enfin rentrer le judaïsme dans l’ère moderne, comme les sages de Yavné l’ont fait il y a près de vingt siècles? Peut-on à la fois se flatter de la prédominance technologique d’Israël, et continuer à observer deux jours chômés en début et en fin de fête pour les raisons que l’on sait (difficulté à synchroniser les jours des fêtes de pèlerinage à l’époque du temple)? Le guett relève, lui aussi, de ces anachronismes qui contribuent à figer le judaïsme dans un état de cristallisation qui le fragilise, plus qu’il ne le renforce.

Statut de la femme et modernisation du judaïsme, voilà bien les deux sujets que soulève l’affaire actuelle. Mais qui aura le courage de s’en saisir à bras le corps?


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