Magazine Beaux Arts

Le retour du Cyclop

Publié le 25 avril 2014 par Pantalaskas @chapeau_noir

Ce n'est pas un vieux film hollywoodien mais un rêve un peu fou qui retrouve aujourd'hui une actualité. Il y a plus de quarante ans l'artiste Jean Tinguely  dont l'œuvre est déjà célèbre, rêve d'un projet quelque peu utopique : réunir autour de lui un certain nombre d'artistes prêts à le suivre pour créer, en pleine forêt, un projet démesuré, libre,  entre sculpture et architecture, un  lieu ludique dans lequel le visiteur pourra pénétrer. cyclop2« Le Monstre dans la forêt »

Ce projet ne ressemble à aucun autre et Tinguely s'aventure dans une entreprise à l'avenir incertain : « En travaillant dans la forêt, nous rêvons à une utopie et à une action sans limite (c’est illusoire je le sais) et notre attitude est celle de la Recherche de l’Acte Gratuit et Inutile. Et nous sommes très heureux comme ça, pourvu que personne ne nous empêche de travailler (comme des fous – ça va de soi). »
Le couple Tinguely/ Niki de Saint-Phalle  entraîne alors dans cette folie leurs amis artistes: César, Arman, Eva Aeppli, Philippe Bouveret, Bernhard Luginbühl, Seppi Imhof, Pierre Marie Lejeune, Giovanni Podestà, Jean-Pierre Raynaud, Larry Rivers, Jesus Rafael Soto, Daniel Spoerri, Rico Weber.  On le voit, ce sont des tendances diverses de l'art qui se retrouvent sur ce dessein : Dada, Nouveau Réalisme, Art cinétique, Art brut. La forêt de Milly, en région parisienne, cache alors cette entreprise gardée quelque peu secrète. J'avais eu l'occasion, à l'époque, d'interroger Niki de Saint-Phalle qui se montrait réticente à toute visite jugée prématurée. Mais au début des années 1980, le site est découvert et suscite curiosité et malveillance. Ne pouvant pas lutter contre le vandalisme, Jean Tinguely, décide en 1987 de faire don du Cyclop à l’État qui s’engage à en assurer la protection et la conservation. C’est à cette époque que Niki de Saint Phalle décide de recouvrir le visage du Cyclop d’une mosaïque de miroirs qui permet d’intégrer dans le paysage la masse de métal brute, recyclée et peinte en noir par Jean Tinguely.

cyclop
Car l’œuvre se développera pendant vingt cinq ans.
Au bout du chemin, ce que l'on appellera « La Tête » ou « Le Monstre dans la forêt » puis finalement le Cyclop désigne  un monument unique dans l’histoire de l’art contemporain, réalisé à partir de matériaux de récupération : 22,50 mètres de haut, 350 tonnes d’acier. L’immense tête sans corps, avec un œil unique, une bouche d’où ruisselle de l’eau sur une langue toboggan, une oreille qui pèse une tonne " abrite en son centre un univers surprenant où le spectateur est invité à suivre un parcours labyrinthique pour découvrir des œuvres variées et complémentaires, des sculptures sonores, un petit théâtre automatique et à l’emplacement du cerveau, une machinerie formidable aux engrenages de ferraille aussi fascinants qu’hétéroclites."

Le rêve à l'état solide

Avec le temps, les intempéries ont  altéré les quatre cent mètres carrés de miroirs et une restauration s'avérait nécessaire. Avec l'aide du CNAP et d'une mobilisation des internautes sur le site de My major company, le projet de restauration aboutit. Jean Tinguely et Niki de Saint-Phalle, les "Bonnie and Clyde"  de l'art, ne verront pas renaître le Cyclop mais certains artistes accompagnent toujours cette aventure. Jacques Villeglé, notamment, expose actuellement dans le Cyclop et perpétue ainsi l'esprit des Nouveaux réalistes initiateurs de ce rêve à l'état solide.

Le Cyclop
Ouvert du 2 avril au 16 novembre 2014.
Le bois des pauvres, 91490 Milly-la-Forêt


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Pantalaskas 3071 partages Voir son profil
Voir son blog