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Last exit to Brooklyn

Publié le 25 février 2014 par Pralinerie @Pralinerie
Un grand merci aux éditions Albin Michel pour l'envoi de ce roman incontournable d'Hubert Selby Junior. Figurez-vous que ce classique a été réédité dans une nouvelle traduction de Jean-Pierre Carasso et Jacqueline Huet. Ne connaissant pas l'ancienne, je n'ai pas de point de comparaison. Je peux simplement vous assurer qu'on y sent très bien l'oralité du discours. Un petit extrait pour la route :"Tu parles d/une occase. Pour que les flics mettent une bécane au rancart, faut qua soit déjà nase cent pour cent. Mais bon c/était une bécane et elle roulait. jcrois bien quce zigoto s/en srait servi même s/il avait dû la pousser ou la faire rouler en pédalant, tsais, comme dans une bagnole de gosse. On était pas là depuis 5 minutes quysmet à donner des coups de kick et nous on écoute les ratés du moteur qui smet à tousser et vlà mon Spook qui sen va rak-pout-pout un sourire à la con sur la figure et nous on rmonte dans la salle et 3 minutes après le vlà qui sramène avec un sourire de vingt mètres y sbalade dans la salle la lanière de son casque sous le menton. Chte dis pas, c/était à pisser de rire". Ce roman nous conduit dans Brooklyn, parmi des êtres violents, paresseux, tristes, intéressés... pas d'espoir pour eux. On rencontre en premier lieu un groupe de jeunes qui se réunit chez le Grec et se défoule en tapant sur des militaires. Puis Georgette, un travesti camé, amoureux de Vinnie, qui sort de prison. Puis Suzy et Tommy qui baptisent leur gamin. Ensuite, on tombe dans le glauque avec Tralala qui se prostitue au plus offrant, forte d'une paire de seins remarquable. C'est une histoire qui ne finit pas bien. Le récit suivant est le plus long. Et certainement celui qui m'a le moins plu. Harry Black fait partie du syndicat. On entame une grève. Le voilà responsable du local qui accueillera les grévistes. Comme ça va durer, autant s'y mettre à l'aise. Quant à la dernière partie, elle est polyphonique. Chaque paragraphe annonce un nouveau locuteur. Leur point commun ? Ils habitent tous le même immeuble. Très chouette ce moment avec les avis des uns sur les autres...  L'ensemble, relié par les membres d'une bande, que l'on retrouve ici et là, d'histoires en histoires, est d'une grande noirceur. La misère suinte de ce livre. Misère économique mais aussi culturelle, sociale et spirituelle. L'écriture très crue et descriptive ne fait que renforcer le sentiment qu'il est impossible de sortir de cette cruauté et de cette violence. Bon, je ne vous parle même pas des relations homme-femme qui ne passent que par la violence et les insultes. Pour être tout à fait franche, j'avais très peur de ce roman. Je pensais tomber dans un autre Bukowski. Si l'on retrouve cette même cruauté, on ressent moins l'aspect autobiographique. Et on est dans l'action plus que dans l'imagination... Bref, à mon grand étonnement, je me suis moins sentie voyeuse dans ce roman. Mais ce serait mentir que de dire que certaines scènes ne me poursuivront pas.

Soutine carcasse

C. Soutine, Le Boeuf, 1925


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