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[Critique] DON JON

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] DON JON

Titre original : Don Jon

Note:

★
★
★
☆
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Joseph Gordon-Levitt
Distribution : Joseph Gordon-Levitt, Scarlett Johansson, Julianne Moore, Tony Danza, Glenne Headly, Brie Larson, Jeremy Luke, Rob Brown, Italia Ricci…
Genre : Comédie/Drame/Romance
Date de sortie : 25 décembre 2013

Le Pitch :
Si on le surnomme Don Jon, ce n’est pas un hasard : Jon est un authentique séducteur. Un beau gosse, très soigné, musclé, à la coiffure impeccable, qui n’a aucun mal à attirer l’attention des plus jolies filles. Il adore sa voiture, son appartement et aime par dessus tout regarder du porno.
Une habitude que Barbara, une sublime jeune femme rencontrée dans une boîte de nuit, voit d’un très mauvais œil. Amoureux de cette dernière, Jon refrène ses pulsions, mais a quand même du mal à encaisser le fait que sa dulcinée veuille tout contrôler…

La Critique :
C’est le fantasme de beaucoup d’acteurs : traverser le miroir et passer à la réalisation. Pour mener à bien son ambition, Joseph Gordon-Levitt n’a pas lésiné sur les sacrifices, puisqu’il a carrément dit non à Tarantino, qui tenait à lui pour Django Unchained. Bon joueur, Quentin a néanmoins encouragé les velléités artistiques de Gordon-Levitt, qui a donc pu voguer sur les eaux tumultueuses de la réalisation afin d’accoucher dans l’allégresse de son premier né, le bien nommé Don Jon.

Contrairement à ce que son titre peut suggérer, Don Jon n’est pas une énième adaptation moderne de Don Juan, même si le Jon en question est lui aussi un fier séducteur, jamais bien loin d’une longue paire de jambes, qu’il préfère volontiers en l’air.
Rapidement, Joseph Gordon-Levitt casse le mythe et fait de son héros de comédie romantique, un authentique anti-héros. Pas romantique pour deux sous, Jon est un homme à femmes, porté sur la culture physique, la propreté et… le porno. C’est là que le bas blesse, car du porno, Jon en consomme en quantité industrielle. Au point de faire fuir sa dernière conquête en date, qui a su percer la carapace de son égo, pour toucher son cœur. On sent ou l’acteur/réalisateur veut en venir. Transformer un type égoïste en modèle de partage et d’ouverture. Et ce, par le biais du porno, entre autres choses. Un choix qui traduit la volonté farouche de Gordon-Levitt de s’éloigner le plus possible de toutes ces ambiances guimauves propres aux romances dont Hollywood nous nourrit depuis la nuit des temps.
Sur le papier on pige, c’est tout bon. À l’écran, beaucoup moins. Don Jon est un premier film et ça se sent. Beaucoup trop au final, pour véritablement comprendre le sens total de la démarche d’un réalisateur/scénariste/acteur maladroit. Ok il aime le porno et finalement, cette passion lui interdit l’osmose totale avec les femmes. Le truc, c’est que la femme qu’il a choisi, en l’occurrence Scarlett Johnansson, idéal féminin suprême, est une sorte de mégère ultra sexy, dominatrice, au point d’en devenir castratrice. Une relation qui ouvre les yeux de Jon, mais pas forcement dans le sens logique. Oui il est égoïste et il mate trop de porno mais non, cette relation avec cette fille qui veut annihiler tous les points de sa personnalité qu’elle ne supporte pas, n’est pas foncièrement bonne pour son épanouissement. Voie de garage pour Jon. Heureusement, Joseph Gordon-Levitt a aménagé à son personnage une porte de sortie. Une issue de secours, incarnée par Julianne Moore, qui évite là encore les clichés, mais qui ne permet pas au film de justifier totalement ses choix.
Pour résumer, c’est un peu le bordel chez Jon. Paradoxal quand on raconte l’histoire d’un mec qui aime lustrer à fond son appartement et qui met un point d’honneur à ordonner son quotidien à la seconde près.

Basé sur un montage rapide, censé illustrer justement le quotidien millimétré de Jon, le film de Gordon-Levitt manque pourtant de rythme. Les bases sont fragiles et parfois, tout menace de s’écrouler, avant qu’un comédien n’arrive à la rescousse.
Parce qu’au fond, Don Jon est avant tout un film de comédiens. Tous sont impeccables. Dans le rôle titre, Joseph Gordon-Levitt est parfait. Attachant mais pas trop, irritant mais pas trop, la rédemption et la quête du bonheur lui vont à merveille. Scarlett Johansson elle aussi tire son épingle du jeu dans un rôle qui semble tout droit sorti d’un truc genre Jersey Shore. Désirable, la superbe actrice est surtout plus vulgaire qu’à l’accoutumée, mais aussi assez détestable. Maquillée comme un camion volé, vêtue en circonstance, Scarlett surprend dans le bon sens et prend visiblement un pied d’enfer à camper une nana très éloignée de l’image qu’elle donne depuis ses débuts. Julianne Moore quant à elle, charrie une large part de l’émotion qui fait défaut au héros. Elle est impeccable, légèrement ambiguë mais pas trop.
Pour son premier essai à la réalisation, Joseph Gordon-Levitt a utilisé ses connections dans le milieu. Les caméos de plusieurs comédiens bien connus (on vous laisse la surprise) sont là pour le prouver et à l’écran, cela donne lieu à des séquences amusantes. Enfin, impossible de ne pas mentionner Tony Danza. Revenu de loin, l’ex-star de Madame est servie est jubilatoire dans la peau du paternel autoritaire. C’est d’ailleurs lui qui est responsable des rires les plus francs que peut susciter le film, avec son personnage outrancier de paternel italien franc du collier. De quoi faire regretter sa relative absence des écrans.

Don Jon n’est pas un mauvais film. Malheureusement, on aurait aimé écrire qu’il s’agit d’un très bon. Joseph Gordon-Levitt est plein de bonnes intentions, mais son premier essai n’est pas entièrement concluant. Précédé d’une bande-annonce tonitruante, le long-métrage déçoit. Espérons que pour la suite, qui devrait se situer chez DC Comics (Joseph a accepté de diriger et de jouer dans l’adaptation de Sandman), il corrige le tir et livre quelque chose de plus cohérent, en canalisant sa belle énergie.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Mars Distribution


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