Depuis son premier album, en 2004, Piers Faccini est resté le même.
Qu'importent les modes, les tendances et les lois du marché de l'industrie du disque, il n'a cessé depuis bientôt 10 ans de défendre un univers artistique qui lui ressemble. Cette formule (univers artistique) a été si souvent galvaudée que j'ai hésité à l'employer ici mais rien de définit mieux pourtant la cohérence des productions de Piers Faccini alors tant pis, je m'y risque.
Exit les poses et les postures, ceux qui ont déjà assisté à un live de Pers Faccini le savent, les autres le devinent sans doute rien qu'en l'écoutant : cet homme respire l'authenticité. Et il défend comme il n'a jamais cessé de le faire, une musique à son image, avec une intégrité qui se fait rare dans le milieu de la musique où les pressions sont de plus en plus lourdes à gérer pour les artistes.
Il faut savoir qu'outre sa carrière de musicien, Piers Faccini officie aussi du côté de la peinture et de la photographie.
A travers ses productions, c'est un homme généreux qui a à coeur de partager ce qu'il aime avec autrui que l'on découvre.
Si bien qu'il donne un nombre impressionnant de concerts, partout : dans des églises, dans la montagne et même dans des salles de spectacle, parce que l'homme ne cherche pas à se marginaliser, non. Il profite seulement de toutes les occasions qui lui sont offertes.
Il utilise d'ailleurs beaucoup sa page Facebook pour y partager, en plus de sa musique, ses peintures, ses photographies voire ses recettes, toutes plus alléchantes les unes que les autres.
Et ce qui frappe c'est la cohérence qui réside dans toutes les productions artistiques dont il est l'auteur.
Toutes sont empreintes d'une infinie douceur, les teintes employées correspondent souvent à des tons sourds nimbés de lumières qui, elles, sont souvent dans des tons pastels.
Pas de heurt, jamais, dans ses images mais de la nuance toujours, de la poésie et de la subtilité, aussi.
Elles offrent parfois des teintes changeantes, qui interrogent et caressent l'oeil.
Ses productions ont la qualité rare de sembler simples alors qu'elles sont, on s'en aperçoit la plupart du temps lorsque l'oeil s'y attarde, le fruit d'un long travail.
Il en va de sa musique comme des images qu'il produit.
Les mélodies si fluides qu'elles en paraissent évidentes sont de vrais petits trésors d'arrangements où de nombreux instruments se cotoient parmi lesquels la kora, le piano, la basse, le violon, le balafon, le violoncelle et bien d'autres encore.
Piers Faccini signe avec "Between dogs and wolves" un cinquième album d'une grâce infinie.
Un album léger et pourtant profond.
Une délicieuse invitation à l'introspection. Un voyage immobile qui donne la douce impression que le temps de parcourir les 10 morceaux, le monde se limite à cette voix délicatement portée par des mélodies d'une finesse inouïe.
Cet album, c'est 10 titres inondés de soleil mais pas celui de midi, qui écrase tout de sa hauteur zénithale, non, le soleil du matin ou celui du soir, celui dont les rayons soulignent les formes et changent les teintes pour créer de nouveux motifs, délicats et inédits.
S'il s'inscrit dans la continuité de son travail, cet album recèle deux surprises de taille : un titre en français ("Reste la marée") sur lequel on savoure l'imperceptible accent de cet anglais d'origine italienne et un autre en italien, que l'on avait déjà pu entendre sur Fance Inter avant que ne sorte cet album, "Il cammino", titre à l'effet hypnotique.
On se laisse bercer par les motifs de guitare ou de piano entêtants et quand les dernières notes s'éteignent, le sortilège se rompt. Si bien qu'il faut quelques minutes pour revenir à soi, mais le voyage en valait la peine.
inconstestablement vibrante, poignante, la poésie natruraliste de Piers Faccini transforme l'auditeur en un bienheureux pantin qui se laisse dériver d'une rive à l'autre de ses émotions, entre le sourire de béatitude et les larmes qui montent doucement, sans savoir vraiment pourquoi.
"We are like water, we are like stone,
We are of flesh, we are of bone,
And when the tie is closed and drawn
Like water and stone, we are reborn"
Entre chien et loup, entre douceur servile et force sauvage, "Between dogs and wolves" est un album intemporel au charme discret, dont la musique, entre folk et blues, offre un subtil mélange teinté d'influences glanées au cours de nombreux voyages.
C'est une fable naturaliste mise en musique par un artisan surdoué, un ouvrage qui possède à la fois la ronde douceur du galet et sa puissance contenue.
Véritable orfèvre musical, Piers Faccini livre par ici 10 morceaux ciselés qui rendent le quotidien plus beau. Car la musique de cet artiste est de celles qui habillent la vie de tous les jours d'un peu de magie, qui y distillent par petites touches la beauté qui lui fait parfois défaut.
Le temps passe et Piers Faccini est toujours là, fidèle à lui-même, affutant son style à chaque nouvel album, riche des rencontres qui ont jalonné son chemin depuis le dernier opus (je pense en particulier à sa collaboration avec la brillante Dom La Nena).
Et les retrouvailles sont à chaque fois aussi plaisantes. Vivement le prochain...
Les saisons passent je reviendrai, reste la marée...
N.B. Les illustrations de ce billet sont issues de la série "Comic Book Reflection" de Piers Faccini.
A retrouver ici la chronique de son concert à la Maroquinerie en 2009, la chronique de son concert au cabaret sauvage avec Vincent Segal, la chronique du concert dans le cadre du festival de Madame Lune en 2010, la chronique de "My wilderness" paru en 2011, la présentation du clip de Tribe, réalisé par ses soins, tout en stop motion là, un billet ciné incluant une présentation de "A storm is going to come", un retour sur son passage au festival Kiosquorama avec Dom La Nena en 2012, sa sélection pour ma contribution à la radio de l'été des blogueurs en juillet dernier, et enfin son "Leave No Trace" pour illustrer mon billet d'humeur concernant les cadeans qui pullulent sur le pont des arts.