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334ème semaine politique: instincts meurtriers en Sarkofrance

Publié le 28 septembre 2013 par Juan

334ème semaine politique: instincts meurtriers en Sarkofrance

Crédit: Showtime

Angela Merkel est à Berlin. "Mutti" savoure. Elle a largement gagné sa troisième élection législative. Le SPD est à genoux, les libéraux disparaissent. En France, on multiplie les fausses leçons, il faudrait retenir les vraies: Merkel a gagné au centre. La gauche est majoritaire, mais éclatée.
François Hollande est à New-York Russes et Américains se mettent d'accord sur la Syrie. Une résolution sans sanction automatique si Bachar el Assad ne respecte pas ses engagements de désarmement chimique. Hollande salue le (nouveau) président iranien, Hassan Rouhani. Trois jours plus tard, Obama franchit à son tour le pas, un coup de fil. Le premier depuis 1979. Rouhani relate cette conversation sur Twitter. Un nouvel Iran politique se déploie sous nos yeux, enfin.
François Hollande est à Florange. Il y a des sifflets, sans surprise. Mais du respect de part et d'autres. Les représentants des salariés des hauts fourneaux d'Arcelor-Mittal sont reconnaissants de cette rencontre, "d'homme à homme" dit l'un d'entre eux. Arnaud Montebourg n'est pas là, "évacué" à Bruxelles pour une réunion. On se souvient qu'il avait failli quitter le gouvernement quand Hollande et Ayrault avaient refusé la nationalisation provisoire du site. Interrogée sur cette éviction lors de son point presse, Najat Vallaud-Belkacem sourit. A Florange, Hollande promet de revenir chaque année.
Il est rare qu'un chef d'Etat revienne physiquement rencontrer ceux qu'il a déçus.
C'est la reprise, timide bien sûr. Mais tout de même. Au dernier trimestre, l'INSEE confirme une hausse de 0,5% du PIB. La consommation des ménages et la production industrielle se redressent, le pouvoir d'achat ne baisse plus.  Mercredi soir, les chiffres du chômage sont presque bons. Hollande ne pavoise pas. Michel Sapin demande de la patience. 50.000 sans emploi de moins en août, une baisse des radiations et des demandes d'inscriptions. Mais, ô tâche, ô désespoir, une explosion du nombre de cessations d'inscriptions pour défaut d'actualisation. Le phénomène est habituel en août, mais pas de cette ampleur. On évoque un changement de gestion chez Pôle Emploi. Le chômage statistique devrait bondir le mois prochain.
Mercredi, la fausse surprise est budgétaire. Hollande adopte le projet de budget 2014 en Conseil de sministres. La potion est amère mais prévue. Prévue, mais amère. Quinze milliards d'euros d'économies... Pierre Moscovici, notre ministre des finances qui vient de recruter un conseiller économique chez les néo-libéraux, est tout sourire: "Nous préférons faire des économies plutôt que d'augmenter les impôts". Impôts, le terme est devenu tabou.
L'intoxication néo-libérale a contaminé nos médias: riches et rentiers, effrayés d'un coup de barre fiscal qui débutait pourtant à peine, ont rameuté à leur cause journalistes et lobbyistes. L'offensive fut si générale que même notre ministre Mosco fut tétanisé au sortir de l'été.
A l'inverse, les critiques contre l'austérité dépassent parfois l'entendement. Il n'y a peut-être pas eu de "grand soir fiscal", mais depuis 2011, les impôts ont cru de plus de 60 milliards d'euros. Fustiger une prétendue "révolution conservatrice" quand les dépenses publiques baissent en réalité de moins de 1% est une autre aberration. Cela n'empêche pas de constater combien certaines économies feront mal: encore 3 milliards à "sauver" de l'assurance maladie; des retraites indexées plus tard (800 millions); des aides au Logement désindexées; des aides publiques au développement supprimées; etc.
Jeudi, le tribunal de commerce de Bobigny ordonne la fermeture de plusieurs magasins en Ile-de-France le dimanche. Quel scandale ! Quelques salariés, étudiants précaires qui cherchaient dans ces jobs d'appoint de quoi survivre, sont appelés à la rescousse de cette cause du Grand Marché. Sur les Champs Elysées, Sephora est contraint de fermer ... la nuit. Sur CANAL+, Antoine de Caunes invite donc une employée modèle du dit magasin qui témoigne combien elle aime travailler la nuit. La dite "Marie-Cécile" est vite démasquée sur les réseaux sociaux, militante UMP photographiée en tee-shirt du parti aux côtés de Jean-François Copé.
Journées parlementaires, ce moment de rentrée où chaque parti rencontre ses élus et ministres. Crispations, chagrins et énervements. A l'UMP, mardi, un sénateur, donc âgé, confie publiquement des "instincts meurtriers" contre Hollande et ses 40 ministres. Jean-Claude Gaudin lui propose des "Kalashnikovs". Ces gens sont fous.
"Instincts meurtriers" ?!
Au PS, l'aile gauche "ne comprend plus rien", elle "ne voit plus le cap" qui permettra de réduire les inégalités. Pourquoi restent-ils ? Noël Mamère se barre d'EELV, on s'excite sur son cas quelques heures, puis c'est oublié. Partir pour aller où ? La critique est facile, et nécessaire. Mais après ?
Chez EELV, encore, Cécile Duflot exprime sa colère. On critique son carriérisme. Curieuse attitude que de critiquer une ministre quand elle rompt enfin la langue de bois. Son collègue Valls a encore dérapé sur les roms. Il est intouchable puisque sondagièrement populaire. Le ministre de l'intérieur, mardi sur BFM, en a remis une couche sur la prétendue "non-intégration consubstantielle" des Roms en France. De quoi parle-t-on ? De 17.000 personnes concentrées dans 400 bidonvilles. C'est un sale hochet du débat politique, une diversion pour des politiciens en souffrance. Ayrault veut calmer le jeu. La ministre George-Pau Langevin, déléguée à la réussite éducative, rappelle une évidence: "nul peuple n'est délinquant ou marginal par nature."
Pourquoi faut-il le rappeler au sein d'un gouvernement socialiste ?
Dans le Puy-de-Dôme, un couple que l'on dit "toxico" est accusé d'avoir tué leur fillette. La mère avoue, puis le beau-père. Le Point décrit ce dernier comme une "racaille". Quand les deux sont emmenés dans le tribunal de Clermont-Ferrand, une petite foule de Dupont-Lajoie est là, on entend des appels au lynchage - "à mort!".
"A mort" ?
Valeurs Actuelles, obscur torchon hebdomadaire, glace les coeurs de ses couvertures sur les Roms puis les Musulmans.
Nous sommes toujours en Sarkofrance. Les mots, la rage, les salissures du débat public, tout est encore là.
Nicolas Sarkozy est à Cannes, embauché pour quelques milliers d'euros par une multinationale indienne et une conférence devant des patrons. A Bordeaux, il a perdu son coup. La Cour d'appel a validé la procédure Bettencourt, instruction dans laquelle Eric Woerth et lui-même ont été mis en examen.
Nicolas Sarkozy déjeune à Nice, avec une dizaine d'élus UMP (et un UDI). Il délivre ses bons mots... contre les siens. Quelle drôlerie ! Il trépigne de revenir, mais il faut attendre 2015. Il trépigne et donc il accuse, raille et détruit comme il peut. Contre Copé ou Fillon, cela donne des aveux parfois bizarres, comme sur ces 35 heures qu'il ne voulait finalement pas supprimer... Il conclue, comme toujours, qu'il ne "reviendra pas".
Contre Copé ou Fillon, on comprend qu'il a désormais des instincts meurtriers.
La fin est proche.
Ou bien ?


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