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"Les pavillons de Salomon" de François Berger

Publié le 17 septembre 2013 par Francisrichard @francisrichard

Dans l'Ancien Testament, au chapitre 10 du troisième livre des Rois, il est question des relations savantes qu'ont entretenu le roi Salomon et la reine de Saba, et des cadeaux somptueux que cette dernière fit au premier en hommage à sa grande sagesse et en remerciement pour son fastueux accueil.

Saba était un royaume situé au sud-ouest de l'Arabie Saoudite. Sa capitale était Mareb, dont les ruines se trouvent actuellement au Yemen.

A partir du Moyen-Age, on raconte que de l'union de ce roi et de cette reine serait née la dynastie éthiopienne, celle dont était issu le Négus...

La reine de Saba a-t-elle vraiment existé? Est-ce une légende ou une réalité?

En tout cas, le héros du dernier roman de François Berger est fasciné par cette reine depuis sa jeunesse et rêve d'accomplir un jour un grand voyage sur ses traces. N'est-il pas un archéologue manqué?

Maxence est médecin de formation, mais il se rend compte assez vite qu'il n'a pas véritablement la vocation de soigner les gens sur le terrain. Il entre à l'Organisation mondiale de la santé, OMS, en gravit tous les échelons, devient haut fonctionnaire de cet organisme international et dirige le service établissant la classification internationale des maladies, au moment où il rencontre sa femme.

Au moment où commence l'histoire, Maxence est pressenti pour devenir le successeur de la directrice générale, démissionnaire, et son pays, la Suisse, présente sa candidature à ce poste. Jusque là Maxence a donc fait un parcours professionnel sans faute.

Sur le plan personnel, ce quinqua, toujours bel homme, a épousé Ottavia, fille d'un grand avocat romain, traductrice à ses heures. De leur union sont nées deux jumelles, Carlota et Charlène.

Dans les premières années de leur mariage, Maxence n'a commis qu'un faux-pas, cicatrice qui s'avérera mal refermée. Avec Almaze, une Ethiopienne, que le couple avait pris à son service et qui, un jour, a préféré disparaître, sans crier gare.

Maxence a un concurrent suisse au sein de l'OMS pour le poste de directeur. C'est Alban. Le même Alban qui, dans le temps, avait fait venir Almaze de Djibouti avec l'intention de l'épouser, mais que la belle femme noire avait quitté, parce qu'il restait indéfiniment sous la coupe de sa mère possessive... et l'avait confinée dans un hôtel.

Le grain de sable dans la carrière réussie de Maxence sera Lucy, un vrai petit bijou noir de 20 ans, alors qu'il en a 55... C'est Alban qui l'a engagée comme stagiaire à l'OMS, contre la volonté de Maxence, qui finit pourtant (malgré la petite voix qui lui dit qu'il ne faut pas), par se faire une douce violence et tomber sous le charme de cette jeune personne...

Ayant appris que Maxence et Lucy ont eu une aventure, Alban s'en sert comme moyen de pression pour tenter d'obtenir de Maxence qu'il renonce au poste de directeur, convoité par lui. Poste, qui ne peut décemment pas être occupé par quelqu'un de compromis... D'autant que Lucy est partie inopinément, avant la fin de son stage, pour un chantier archéologique en Egypte, où elle a été prise en otage...

A la suite d'un accident de voiture, Maxence est frappé d'amnésie. Peu à peu il reconnaît Ottavia, puis Alban, qui lui rend visite. Il apprend au bout d'un certain temps qu'il est provisoirement dans une clinique au bord du lac, en attendant de retrouver la mémoire, avant d'être jugé.

Qu'a-t-il donc fait pour devoir être jugé? Il semble qu'il ait voulu attenter à la vie d'Alban, dans son bureau de l'OMS, dans des circonstances aussi troubles que les intentions qui l'auraient alors animé, et qui auraient un rapport avec Lucy.

A partir de là, la narration de son histoire par Maxence n'est qu'une préparation progressive au dénouement final, au fur et à mesure qu'il recouvre la mémoire et que la machine judiciaire se met en branle simultanément.

Au cours de cette quête de la vérité, Maxence, pendant une mise en liberté sous forte caution, aura l'occasion de réaliser une partie de son rêve de jeunesse en se rendant au Yemen sur un chantier de fouilles de ce qui a pu être le palais de la reine de Saba et qui comporte des pavillons, appelés pavillons de Salomon...

Maxence, le narrateur, reconstitue son passé, comme un puzzle, en opérant des retours en arrière, tout au long de son récit, et en le confrontant avec ce qu'il apprend de lui-même et des autres au présent.

Certains souvenirs apparaissent très nets, d'autres sont refoulés pendant un temps, parce que la mémoire est volontiers sélective, comme pour permettre à son détenteur de garder l'équilibre.

L'intérêt du récit, servi par une écriture précise et sans fioritures inutiles, ne se dément pas, jusqu'à la fin... 

Maxence parvient à ne retenir que ce qui est essentiel dans la vie: n'est-ce pas de poursuivre un rêve et de se souvenir de ceux que nous avons aimés? Car la vie quotidienne et banale, par son indifférence à notre égard, quand elle reprend tous ses droits, ne peut que nous rendre malheureux.

Francis Richard

Les pavillons de Salomon, François Berger, 272 pages, L'Age d'Homme


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