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Le tour de France 2003 : la chute de Beloki

Publié le 17 septembre 2013 par Histoiredusport @Histoire_sport

Le tour de France 2003, tour du Centenaire recèle de ces nombreux faits de courses : de la chute de Beloki, à celle d’Ullrich dans le contre la montre la veille de l’arrivée sur les Champs, en passant par Lance Armstrong jouant les vététistes dans un champ, beaucoup d’événements font de cette édition un des tours les plus marquants de ces dernières années.
La chute de Beloki, aussi spectaculaire que dangereuse a marqué toute une génération de fans de la Grande Boucle, retour sur ce fait marquant du tour 2003.

Armstrong plus fébrile que jamais

2003. Lance Armstrong remet pour la 5ème fois sa couronne de vainqueur du tour en jeu pour égaler les légendes Anquetil, Mercx, Hindurain et Hinault. Lui qui est revenu de nulle part  en 1999 un an après une ablation des testicules  et qui a gagné les 4 derniers Tours de France, lui dont le meilleur classement avant cette opération était une modeste 36 ème place, et qui, aujourd’hui, est le favori incontesté de cette Grande Boucle.

Cette année le Texan trouve néanmoins des adversaires de taille : Jan Ullrich de retour après une année de silence au sein d’une nouvelle équipe : le team Bianchi ; Iban Mayo, qui malgré ses difficultés en contre la montre reste un adversaire redoutable en haute montagne. Alexandre Vinokourov, le guerrier Kazakh, Tyler Hamilton l’Américain du team CSC, ainsi que Joseba Beloki, le coureur espagnol de la Once.

Podium du tour de France 2000 = Armstrong devant Ullrich et Beloki sur le podium à Paris tour de France

Podium du tour de France 2000 = Armstrong devant Ullrich et Beloki

Durant ce Tour, le coureur texan, qui montre d’étonnants signes de faiblesse, est attaqué de toutes parts par ses rivaux qui voient les souffrances et les difficultés de ce dernier. On commence alors à penser que le leader de l’US Postal pourrait (enfin) tomber de son piédestal.

9 ème étape : un chute lourde de conséquences

Beloki dispute quant à lui son 4ème tour. Il a déjà terminé trois fois sur le podium : 2 fois troisième derrière les intouchables Armstrong et Ullrich, (2000-2001) et une fois deuxième en 2002. Cette année il donne une impression de facilité dans la montagne et les spécialistes s’accordent alors à dire que 2003 sera peut-être l’année Beloki.

Cependant, un fait de course vient alors changer la donne le jour de la fête nationale française, lors de la neuvième étape entre l’Alpe d’Huez et Gap. Cette étape débute par une échappée de plus de 100 km dans laquelle fait partie entre autre l’éternel Allemand Jörg Jaschke. Le groupe fait la course en tête durant plus de 100 km, ce qui donne du fil à retordre aux  coureurs de l’US Postal dans la mesure où Jaschke ne se trouvait qu’à 3 minutes au général.

Or c’est dans la descente du col de la Rochette, col de deuxième catégorie apparemment anodin,  que l’improbable se produit.  Sous une chaleur éreintante, sur une route rendue dangereuse par le goudron fondu dans certaines portions, Joseba Beloki décide d’attaquer le groupe des favoris afin de revenir sur Alexandre Vinokourov parti à l’attaque plus tôt dans l’étape.

L’Espagnol, qui a pour objectif la tunique de leader, prend alors tous les risques afin de semer ses compagnons. Peut-être trop puisqu’il chute lourdement dans un des virages. Un freinage un peu tard, un goudron fondu, la roue arrière qui se bloque, qui déjante et voilà l’Espagnol qui se retrouve à terre. Une chute spectaculaire. Une chute retransmise par les caméras du monde entier. Une chute qui s’accompagne de cris et de pleurs. Des cris qui nous glacent le sang, et qui nous font prendre conscience des dangers de ce sport.

Armstrong,  bien décidé à suivre l’Espagnol de très près, doit alors couper à travers champs pour éviter de chuter à son tour.  Une centaine de mètres dans un champ tel un vététiste, avant de regagner la route et repartir avec le groupe des favoris. Des images irréelles qui depuis ont fait le tour du monde.  Le champion américain déclara à la fin de l’étape aux micros de France Télévision qu’il s’agissait d’un « reflexe de survie ». Un reflexe qui résume bien le talent de l’Américain mais aussi la part de chance nécessaire pour gagner un grand Tour. Beloki n’a pas eu cette chance.

Le Tour pour Armstrong, le néant pour Beloki

L’étape est alors remportée par un Alexandre Vinokourov qui se rapproche au général, second au classement à moins de 30 secondes du géant américain.

Le bilan est lourd en revanche pour notre coureur basque, atteint de multiples fractures (coude, hanche, poignet), un tour et des espoirs qu’il doit abandonner dans les bras de son directeur sportif Manolo Sainz.

Après cette chute, le natif de Lazkao ne put jamais retrouver le niveau qui était le sien avant la chute. Pour son retour à la compétition près d’un an après son accident, il opte pour l’équipe française Brioche la Boulangère, avec la volonté de retrouver les sommets, Mais ce passage sera un vrai fiasco, et il quitte finalement l’équipe de Jean René Bernaudeau quelques mois seulement après y avoir signé.

Il rejoint alors la Saunier Duval avant de retrouver son ancien directeur sportif, Manolo Sainz, au sein de la Liberty Seguros. De retour sur la Grande Boucle en 2005, il signe alors une 75 ème place indigne de son niveau. La même année il termine le Tour d’Espagne à une modeste 35 ème place. Après son retour à la compétition en 2004, son seul fait d’armes sera d’aider son leader Roberto Héras à remporter le tour d’Espagne en 2005. Trop peu pour un grimpeur de son niveau. Plus jamais on ne retrouvera le grand Beloki.

En 2006 il est impliqué dans l’affaire Puerto et n’ayant pas s ‘équipe en 2007, il choisit de mettre fin à sa carrière sur un goût d’inachevé.

La suite on la connaît, Lance Armstrong gagnera ce tour et les 3 suivants, établissant un nouveau record, avant que l’USADA (l’agence américaine antidopage) vienne mettre en cause l’honnêteté du coureur américain. Cet organisme rend public en octobre 2012 un rapport de 1 000 pages, mettant en cause Lance Armstrong et ses pratiques dopantes. L’ancien leader de l’US Postal est décrit par ce rapport appuyé par plus de 25 témoignages (dont 15 cyclistes) comme le « boss » d’une institution de dopage sophistiquée durant plus de 10 ans.

Le Texan pris le parti de tout avouer en début d’année 2013, dans une interview accordée à Oprah Winfrey. Ses titres lui depuis ont été retirés et ces 7 Tours de France resteront dans l’histoire comme des épreuves sans vainqueur.


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